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29 novembre 2011 2 29 /11 /novembre /2011 15:02

ouest-france.fr - mardi 29 novembre 2011

 

En 1971, l'armée française veut agrandir son camp d'entraînement du Larzac. Cent trois paysans s'y opposent. En 1981, le pot de terre l'emporte sur le pot de fer. Le Larzac est presque une fable. Et il fallait bien un film pour raconter tout ça et souffler les quarante bougies du début de ce long combat. Tous au Larzac ! est sur nos écrans.

Ils ont quitté le Causse à 7 h, vendredi. Léon Maillé s'est mis au volant et les quatre dames ont sorti les aiguilles, les pelotes de laine et la langue à parlotte : « On a pris l'habitude de tricoter depuis les années soixante-dix dans les réunions. On en a fait des écharpes, hein, Léon ? »

Sept heures plus tard, la voiture immatriculée dans l'Aveyron s'est garée à Mayenne, pas loin du cinéma Vox où les attendait une salle pleine comme un oeuf, bruissante comme les salles d'avant-première, amicale, ravie de revoir jouée cette bonne farce du Larzac.

Car les gens du plateau de Rouergue suivent leur film comme s'il sortait d'eux-mêmes. C'est le cas pour les passagères de Léon, Marlizette Tarlier et Michèle Vincent, chevilles ouvrières de la grande jacquerie. Pareil pour Anne-Marie Letort et sa fille Solveig, les Mayennaises embarquées de loin dans la lutte et qui ont fini par élire domicile là-bas. Il y eut en France plus de 150 comités Larzac infatigables et têtus. Beaucoup perdurent. Les quatre-vingts copies du documentaire ont du réseau, comme on dit.

Et ce film, à l'image de l'histoire qui l'a inspiré, comme le Roquefort qui affine dans les caves de là-bas, a du caractère et du style. Neuf grands témoins racontent le basculement de leur vie un jour de 1971 quand Michel Debré, ministre de la Défense, annonce à la télévision que le camp des soldats sera agrandi et chassera les paysans du plateau.

De quoi s'est nourrie cette longue guérilla ? « D'une extraordinaire innocence », ramasse Michel Courtin. Michèle Vincent, l'ancienne bibliothécaire de Millau, relève trois ingrédients majeurs : « On a été totalement solidaires, absolument non violents. Et surtout très drôles. » Pierre Burguière cite un ancien, un sage, le père Paloc qui disait : « Le Larzac, tant qu'on l'aura sous les pieds, ils ne peuvent pas nous l'enlever. » Élémentaire.

Le dixième personnage du film, d'ailleurs, c'est le Larzac lui-même. Une vraie vedette : ses roches claires qui affleurent, son vent qui caresse les herbages, ses hameaux trapus en pierre de cailloux, ses troupeaux de brebis qui dessinent inlassablement des traces laineuses dans la minéralité des choses. C'est un pays sage de paysans.

« Solidaires, drôleset non violents »

Et c'est une terre qui vient aussi (un peu) de l'Ouest : l'immense figure de Bernard Lambert, le paysan travailleur de Loire-Atlantique, crève l'écran. Il allume la fusée de la popularisation en 1973, à l'occasion du premier rassemblement international où convergèrent les ouvriers de chez Lip, des cohortes de gauchistes, de militants catholiques, de démocrates convaincus, de pèlerins mystiques, d'utopistes rêveurs : « Notre histoire, c'est celle de la porosité des idées », insiste Michèle Vincent.

Ce pays a tracé un sillon sans fin. De ce plateau farouche, nous viennent les faucheurs d'OGM d'aujourd'hui, les altermondialistes, les croisés de la malbouffe et tous les fantassins des solidarités un peu radicales. Aujourd'hui, le Larzac est à la pointe du combat contre les gaz de schiste. Michèle : « Comme pour le camp militaire, ils ont commis la même erreur de nous l'annoncer à la télé, sans prendre la peine de venir nous le dire en face. Ils n'ont rien compris en quarante ans. Ils sont vraiment trop cons. »

Dans les salles, on entend les gens se moucher dans des mouchoirs en papier. C'est un film si simple, si drôle et tellement digne qu'il vous pique parfois les yeux. Il remue. Il a été présenté au dernier festival de Cannes. Tout notre petit monde avait loué des smokings pour l'occasion. « Mais un quart d'heure avant la montée des marches, on manifestait sur la Croisette contre les gaz de schiste », rappelle Léon.

Ce film, les gens du Larzac iront partout le défendre, l'accompagner, renouer de vieilles amitiés nées dans le siècle d'avant. Cette semaine, le merveilleux, cocasse et infatigable Léon Maillé se rend à Calais pour animer un débat : « Je n'irai pas plus loin. Je ne parle pas l'anglais. »

Sacré Léon. « Mis en garde à vue » par le réalisateur comme il dit, il est comme passé à confesse : « Avant 1971, j'étais normal, je votais à droite, j'allais à la messe. » Il a beaucoup changé. Et est resté un peu « tel que ». Pour rallier Calais, il a affrété un fourgon. Un fourgon bourré d'habits pour les réfugiés de Sangatte. Il aime son prochain et son lointain, Léon. Le Larzac lui a appris tout ça. Il est le Larzac.

François SIMON.
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