LEMONDE.FR avec AFP | 21.11.11 | 07h36
Ce serait une première pour elle. Aung San Suu Kyi, la chef de file de l'opposition birmane "a l'intention" de briguer personnellement un siège au Parlement lors d'une prochaine élection législative partielle. C'est un porte-parole de la Ligue nationale pour la démocratie (LND) qui l'a indiqué lundi 21 novembre à l'AFP, confirmant ainsi des déclarations faites vendredi par la lauréate du prix Nobel de la paix en 1991.
La Ligue nationale pour la démocratie (LND) avait décidé vendredi de revenir dans la légalité et de présenter des candidats dans quarante-huit élections partielles, un an et demi après sa dissolution à la suite de l'annonce du boycott du scrutin de novembre 2010. La dissidente, véritable icône de la lutte pour la démocratie dans son pays et dans le monde, avait alors appelé ses camarades à disputer les sièges dans "toutes les circonscriptions". "Si je pense que je dois participer aux élections, je le ferai", avait-elle déclaré. "Certaines personnes s'inquiètent du fait que participer pourrait faire du tort à ma dignité. Franchement, si vous faites de la politique, vous ne devez pas penser à votre dignité."
Aung San Suu Kyi, qui a fait toute sa carrière politique sous la bannière de la LND, s'est lancée en 1988 lors d'un discours prononcé à Rangoun, avant de fonder la LND. Mais elle ne s'est jamais présentée elle-même dans une élection. Elle était déjà en résidence surveillée en 1990, lorsque le parti avait remporté haut la main le scrutin sans jamais être autorisé à exercer le pouvoir. Et elle était toujours privée de liberté lors des élections de l'an passé, qu'elle et ses compagnons de route avaient boycottées.
ROMPRE L'ISOLEMENT INTERNATIONAL
Depuis, le paysage politique s'est transformé. La junte a cédé la place à un régime dit "civil", certes contrôlé par l'armée mais à la tête duquel le président Thein Sein a multiplié les réformes, espérant sortir de l'isolement international qui épuise le pays. Le président a salué ce week-end le retour d'Aung San Suu Kyi sur l'échiquier politique national. "Nous travaillerons ensemble pour le développement futur de notre pays et l'intérêt du peuple, c'est ce que j'ai dit à Aung San Suu Kyi", a-t-il déclaré, selon l'hebdomadaire anglophone Myanmar Times, en précisant que les dates des élections partielles n'avaient pas encore été fixées.
Le week-end a été fructueux pour le régime birman, qui souhaitait rompre son isolement international et a pu constater que les réformes commençaient à porter leurs fruits.
Vendredi, le président américain, Barack Obama, a indiqué que la secrétaire d'Etat, Hillary Clinton, se rendrait en Birmanie le 1er décembre, pour la première visite d'un chef de la diplomatie américaine en cinquante ans. Il a précisé s'y être engagé après avoir parlé au téléphone avec l'opposante elle-même.
Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a annoncé le lendemain qu'il se rendrait "le plus tôt possible" en Birmanie, exhortant le pays à poursuivre les réformes "sans attendre".