Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Le blog des Indignés de Nimes et de la Démocratie Réelle Maintenant à Nimes

Auf Merkel debattieren ? Verboten ! (débattre de Merkel? C'est interdit!)

Marianne - Lundi 29 Avril 2013 à 11:20 | Lu 2119 fois

 

 

Rédigé par Hervé Nathan le Dimanche 28 Avril 2013 à 14:04 | 13



Ceux qui prétendaient que notre Premier ministre n’a aucune autorité sont  les plus surpris : en deux tweets bilingues français-allemand  Jean-Marc Ayrault a recadré le parti socialiste et a contraint sa direction à une douloureuse réécriture. Qu’elle était le motif de l‘ire de l’aigle de Matignon ? Tout simplement que le Parti socialiste, qui prépare une convention sur l’Europe en juin prochain, ose contester la politique européenne, non pas de François Hollande, mais de Angela Merkel.  Pensez donc, les caciques du parti prenant pour une fois leur courage à deux mains, osaient évoquer « l’intransigeance égoïste » de la chancelière allemande, ou encore appeler à « l‘affrontement démocratique » avec la droite conservatrice  au pouvoir dans la zone euro…  La révolution rue de Solferino !
En l’absence du président de la République, le Premier ministre, surnommé quelquefois par des jaloux « Jean-Marc Zéro  »  a donc « recadré » les troupes : les « formules inappropriés » ont été caviardées, et on célébrera, comme il se doit, « l’amitié franco-allemande » à laquelle, il faut « redonner toute sa force, et tout son sens »… À ce niveau de langue de bois, le PS  a dépassé le stade du parti godillot pour se rapprocher du parti communiste nord-coréen… Le raisonnement a été repris d’ailleurs par Alain Juppé dans son interview au Monde de samedi !
Les commentateurs qui verraient dans la pusillanimité de l’exécutif français une expression d’une stratégie gagnante, se fichent le doigt dans l’œil. Les Allemands qui ont l’habitude de vivre dans une démocratie parlementaire où les divergences affichées sont le creuset des consensus les plus profonds, et savent parfaitement en jouer pour imposer leur ligne dans l’UE, ne devraient pas lever un cil devant un débat interne à un parti de gouvernement d'un pays ami.
Quoiqu’il en soit, l’exécutif socialiste a donc signifié sèchement (mais avec modernité, cela plait tant aux journalistes stars des médias, grâce en soit rendue à Tweeter, …), que le débat européen était et resterait interdit. D’un coup on se rendait compte que la formule « tension amicale » utilisée par François Hollande lors de son interview sur France 2 était destinée à rester vide de sens, et surtout pas à lancer une réflexion politique en France…
Les "grands quotidiens" se sont immédiatement lancés dans une course à la pensée unique: Le Figaro  ("France--Allemagne le grand froid", Le Monde  ("Ne tirez pas sur Angela Merkel"), Libération ("Le PS dérappe") ont repris les mêmes arguments creux, dont le principal était : "ne transformez pas Angela Merkel en bouc émisdssaire", ce qui signifie que nous  la chargerions de nos propres péchés... La palme revient à Libération dont l'éditorialiste François Sergent tente de conjurer dans ce débat à la fois la "germanophobie", le "populisme" et la "xénophobie" dont la gauche du PS serait le vecteur. Pour rappel, mercredi dernier, le même  Libération s'interrogeait en Une sur  "la fin  du régime rigueiur en Europe?".  Fallait-il y voir le spectre du fascisme?
Le débat sur la "ligne Merkel" est donc interdit, à gauche comme à droite. Dommage, parce que le moment serait particulièrement bien venu. Et ce pour deux raisons.
La première est que la politique d’austérité (dite de «consolidation budgétaire ») est à bout de souffle. Les résultats concrets sont désastreux : non seulement la récession s’installe partout,  avec un taux de chômage moyen de plus de 12%, mais les objectifs de réduction des déficits publics sont toujours repoussés.  L’Espagne, le Portugal, la Grèce, la France, l’Italie et la Belgique ne rempliront pas leurs engagements en 2013 et sans doute pas non plus en 2014. Les Pays-Bas, nation particulièrement proche de l’Allemagne en matière économique, ont eux-mêmes renoncé à un plan d’économies de 4 milliards d’euros.  Le Parlement européen, est de longue date vent debout contre la rigueur généralisée. José Manuel Barroso a lui aussi tiré un trait   : « la politique d’austérité a atteint ses limites en Europe », a-t-il reconnut lors d’une conférence, ce lundi 22 avril ? Barroso n’ignore pas que des élections européennes auront lieu l’année prochaine. On lui prête même l’intention de conduire la liste des droites. Dans les conditions actuelles, le scrutin de 2014 se jouera évidemment sur les politiques économiques. Gare à la fessée pour ceux qui iront devant les électeurs en défendant programme actuel de rigueur généralisée !  Rien d’étonnant donc à ce que cet ancien militant maoïste ajoute : « pour réussir, une politique (…) doit bénéficier d’un minimum de soutien politique et social. »
La deuxième et pas moins importante raison est que les conservateurs allemands sont en train de devenir un danger pour l’Union européenne et la zone euro en particulier, tout simplement en trahissant ses engagements.  Angela Merkel s’était prononcée en 2012 pour « l’Union bancaire » de la zone euro. Elle refuse dorénavant de s’engager dans la constitution d’un « fonds de résolution des crises bancaires », sans lequel l’union bancaire n’aurait aucune réalité. On a appris vendredi que la Bundesbank, dont le personnel dirigeant est entièrement composé de proches de la CDU, avait décidé de contester devant la cour constitutionnelle de Karlsruhe   la politique de soutien de l’Euro de Mario Draghi qui avait stoppé la spéculation sur les dettes italiennes et espagnoles. Enfin, alors qu’il était entendu depuis le conseil européen de juin 2012 que l’Allemagne laisserait remonter ses coûts salariaux de façon à créer un effet de consommation bénéfique pour toute la zone euro, la chancelière a renoncé la semaine dernière à la création d’un Smic dans son pays, puis a appelé à une remontée des taux d’intérêts, tout à fait inutile de l’aveu même de la BCE qui trouve au contraire que l’absence d’inflation lui commanderait plutôt de les baisser afin d’éviter de tomber dans la déflation ! Comme si l’Allemagne préparait non pas une zone euro fédérale comme le proclame le discours officiel du gouvernement actuel, mais au contraire la disparition de la monnaie unique, au profit d’une zone « super mark », dont ne  pourraient faire partie que les économies semblables à la sienne.   On connaissait la « perfide Albion », quel adjectif faudra-t-il bientôt adjoindre à la Germanie ?
A l’Elysée, on a bien conscience de la profondeur du fossé qui se creuse avec le grand voisin et de l’abîme dans laquelle Berlin peut conduire l’Europe. Simplement on s’interdit d’afficher ces divergences de peur d’être « sanctionné par les marchés ».  Un conseiller nous confiait : «  On peut affronter Madame Merkel, mais vingt-quatre heures, pas plus !  Ensuite, les taux d’intérêts monteront… » Celui qui proclamait avant son élection: « mon adversaire, c’est la finance », vit aujourd’hui sous son influence! 

Mise à jour le 29 avril à 10h00

PS: Chère Astrid, mes études d'allemand seconde langue étant bien lointaines, j'ai recourru au site Reverso pour la traduction du titre du français vers l'allemand. Je ne peux faire mieux, hélas.  Merci aux germanophones de leur indulgence... ou de leurs conseils, bienvenus.

 

 

Retour à l'accueil
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article