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Le blog des Indignés de Nimes et de la Démocratie Réelle Maintenant à Nimes

Arabie Saoudite: l'électronique pour pister les femmes

 

Marianne - Vendredi 23 Novembre 2012 à 16:00

Martine GOZLAN - Marianne

 

Encore un bond en avant dans le retour en arrière ! Le royaume saoudien modernise son arsenal de répression anti-femmes. Un système de détection électronique prévient désormais par SMS leur mari, père ou frère dès qu’elles quittent le pays....

 

Arabie Saoudite: l'électronique pour pister les femmes

Quand on commence à mettre les femmes sous voile, sous burqa, sous abaya, sous niqab, sous tuteur, le curseur peut descendre toujours plus bas : en dessous de tous les droits humains. La dernière trouvaille du royaume des sables, la riante Arabie Saoudite, illustre la marche à la modernité de ce pays avec lequel la diplomatie internationale rivalise de salamalecs ( et où est par ailleurs prisonnière une petite Française de 11 ans, Haya, dont la mère , Candice Cohen, est morte à Paris cet été dans des circonstances suspectes).  Désormais, dès qu’une Saoudienne se présente à l’aéroport de Riyad, un système se déclenche automatiquement : son « tuteur » légal, un mâle qui peut être son mari, son père, son frère ou même son fils si elle est veuve ou divorcée, reçoit un SMS l’avisant que sa « protégée » est en train de quitter le royaume. 


Pister électroniquement la femme, quel progrès éclatant pour le machisme féodal ! Quelle jouissance pour la virilité inquiète de voir la femelle prendre la poudre d’escampette! On imagine l’enthousiasme avec lequel les techniciens saoudiens ont mitonné cet extraordinaire perfectionnement au vaste arsenal du contrôle de leurs concitoyennes. On félicite les chefs-flics et les cheikhs-miliciens qui passent les trois quarts de leur temps et de leur énergie à plancher sur les différents moyens d’empêcher les femmes d’être des humains comme les autres.Ce miracle électronique, n’est-ce pas la suite réactualisée de l’empilement d’interdits inscrits dans la loi la plus sauvage du monde, celle que les talibans ont porté à son comble en Afghanistan ?


D’abord, on  commence par aveugler la bête : pour le wahhabisme, cette épouvantable hérésie qui a exporté sa folie obscurantiste dans le monde entier à coups de pétrodollars, la femme est animale des pieds à la tête et elle suscite immédiatement l’animalité de l’homme. Donc, à la cage ! D’où les  voiles, abaya, burqa, niqab et tout le tintouin des linceuls. Ensuite, on attribue un maitre à la bête : un mâle de sa famille, père, mari ou même fiston. La bête aveuglée a besoin qu’on la guide. Il ferait beau voir que cet animal, dans sa cécité, prenne le volant de sa vie ou de son auto : il est donc interdit aux Saoudiennes de conduire.  Les imprudentes qui tentent d’enfreindre la loi sont jetées au cachot.


C’est d’ailleurs leur leader, la féministe Manal-al-Chérif, qui a été avertie de la fabuleuse avancée du pistage électronique . Un couple ami de cette courageuse, nous apprend l’Agence France Presse, a alerté Manal : «  l’époux, qui voyageait pourtant en compagnie de sa femme, a reçu un message par SMS des services de l’émigration, l’informant que son épouse a quitté l’aéroport international de Riyad » . Jusqu’ici, on ne réclamait aux Saoudiennes, quand elles quittaient le pays, qu’une autorisation de leur tuteur . Cette feuille jaune était naturellement l’objet de mille et une larmes, négociations, batailles, au cœur noir des mille et une nuits wahhabites. 


L’info sur le SMS policier a fait jaillir les rires de fureur sur Twitter que la monarchie, manifestement, n’arrive pas à contrôler. «  Il ne reste plus qu’à équiper nos femmes d’une puce électronique ! » s’esclaffe un homme tandis que les femmes twittent rageusement : 

«  A quand les menottes ? »

Il y a pourtant fort à parier que ce grand bond en avant dans le retour en arrière ne fera pas bondir grand monde dans les divers milieux qui courtisent l’opulente Arabie saoudite en ces temps de révolution arabe trahie. La servitude des femmes, leur obsessionnelle mise sous clé, leur esclavage sexuel, social et mental constituent les piliers sacrés de l’idéologie wahhabite, mère de tous les salafistes de la planète. 

 

 

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