Le blog des Indignés de Nimes et de la Démocratie Réelle Maintenant à Nimes
La réaction de François Hollande après la publication par la Commission européenne des « recommandations pays » a fait couler de l’encre et de la salive. Comment le président français, à la tête d’un Etat « en faillite », ose-t-il renvoyer le pouvoir bruxellois dans ses buts en affirmant que le contenu des réformes structurelles devait être déterminé non par Bruxelles mais par le gouvernement français. Emoi chez les eurobéats !
« La réaction française étonne les Européens », titrent Les Echos en insistant lourdement : « seule la France a remis en cause la légitimité de Bruxelles à donner des conseils ». Le Financial Times , porte-parole anglophone de la Commission donne de son côté la parole aux « alliés de Merkel », qui « accusent Hollande de secouer les fondations de l’Union » (pour un journal britannique cela ne manque pas de sel…)
Nous voici donc renvoyés dans notre petit village gaulois… Hollande est-il le dernier irréductible ? Non ! Un autre dirigeant résiste au pouvoir de la Commission, il s’appelle… Angela Merkel !
Hier à l’Elysée, à l’occasion de la conférence de presse commune avec le président français, la chancelière allemande a très poliment, mais assez fermement, envoyé bouler les « recommandations » destinées à son pays. Bruxelles demande à Berlin, entre autres, de « maintenir les conditions de la croissance des salaires pour soutenir la demande intérieure, » et aussi de « faciliter le passage des formes atypiques d’emploi, telles les mini-emplois (mini jobs) à des formules plus durables d’embauches ». » Deux mesures propres à soutenir non seulement l’activité dans son propre pays mais aussi à réduire l’écart de compétitivité entre l’Allemagne et les pays du Sud qui sont condamnés à des politiques de déflation salariale. C’est important pour les travailleurs allemands, c’est stratégique pour l’Europe toute entière.
Or, questionnée par une journaliste française, Angela Merkel a répondu « nein und nein » :
Pour les jeunes et les « mini-jobs » elle a fait preuve, avec le sourire, d’un véritable cynisme : « il vaut mieux un emploi flexible ou pas d’emploi du tout ? », a-t-elle fait mine de s’interroger. Et pour ce qui concerne les hausses de salaires, pourtant limitée (lire le blog de Thomas Schnee ), elle récusé toute idée d’affaiblir la position de son pays vis-à-vis des autres : « l’idée que si l’Allemagne avait des salaires plus élevés, les autres pays s’en sortiraient mieux, cela ne tient pas, nous exporterions moins et nous aurions moins d’emplois… »
Voilà donc que l’Allemagne résiste à l’Union européenne, avec raison d’ailleurs sur le plan institutionnel, puisque pour l’heure, les « recommandations » ne sont pas encore des « obligations » au sens littéral des traités, et que Bruxelles agit à la limite de ses compétences, comme l'explique Jean Quatremer. Elles le deviendront lors de leur adoption, éventuellement amendées, par le conseil européen le 29 juin. Et c’est seulement en octobre que la Commission européenne pourra vérifier que les projets de lois de finances des Etats membres sont conformes ou non aux recommandations….