Le Monde.fr avec AFP | 23.05.2012 à 12h22 • Mis à jour le 23.05.2012 à 12h22
Dans son rapport annuel 2011, publié mercredi 23 mai, Amnesty International accuse le régime du président syrien, Bachar Al-Assad, de torturer et de tuer des détenus et des manifestants pacifiques, des actes pouvant constituer des crimes contre l'humanité.
Consulter le résumé du rapport 2011 d'Amnesty consacré à la Syrie.
L'ONG détaille la façon dont les troupes ont déployé leurs chars dans des quartiers résidentiels, ont tué des manifestants pacifiques et emprisonné des milliers d'autres, torturés et détenus au secret. "Le type et l'échelle des violations pratiquées par l'Etat pourrait constituer des crimes contre l'humanité", juge Amnesty International.
MANIFESTANTS RÉPRIMÉS, HUMILIÉS ET TORTURÉS
Le rapport cite plusieurs exemples, notamment celui d'un homme non identifié à Banias, détenu pendant trois jours, frappé, déshabillé et obligé à "lécher son propre sang sur le sol". A Homs, poursuit le rapport, "le corps de Tarek Ziad Abd Al-Qader, arrêté le 29 avril [2011], a été rendu à sa famille en juin, portant notamment des brûlures à l'électricité ainsi que des traces visiblement causées par des coups de fouet et de couteau, et une partie de ses cheveux avaient été arrachés".
Amnesty dénonce également la tentative du régime d'écraser la contestation, citant le cas du pianiste Malek Jandali, installé aux Etats-Unis, dont les parents "ont été frappés dans leur maison, à Homs" après que leur fils a manifesté contre le régime aux Etats-Unis.
>> Des témoignages recueillis par Le Monde d'opposants torturés : "Pour me punir, ils ont placé un engin explosif dans ma main"
Le régime utilise également la médecine et ses hôpitaux comme arme de la répression. Lire notre compte-rendu de l'enquête menée par Médecins sans frontières.
LES ENFANTS VISÉS
Et cette répression n'épargne pas les enfants selon Amnesty, qui cite le cas de Mohammed Al-Moulaa Issa, 14 ans, originaire de Deir Ezzor, abattu par balle par les forces de sécurité parce qu'il refusait de participer à une manifestation favorable au régime. Les exactions visant des enfants ont été régulièrement dénoncées ces derniers mois par le Conseil des droits de l'homme des Nations unies. Son dernier rapport, en date du 22 février, faisait état de plus de cinq cents enfants morts depuis le début de la rébellion, en mars 2011, avec une forte concentration sur les mois de décembre (quatre-vingts morts) et janvier (soixante-douze morts). Beaucoup d'adolescents sont arrêtés et torturés, sans compter tous les enfants dont la scolarité a été interrompue par les violences qui sévissent depuis quatorze mois dans le pays.
Dans un reportage pour "Envoyé spécial" diffusé sur France 2 en décembre, la journaliste indépendante Manon Loizeau montrait notamment le traumatisme des violences politiques pour les enfants à Homs.
Alors que Damas a récemment refusé de fournir un rapport au comité contre la torture de l'ONU, Amnesty dénonce en outre l'attitude du pouvoir qui "n'a pas mené d'enquêtes indépendantes sur les assassinats illégaux, les tortures et les autres violations graves des droits de l'homme".
Le 13 février, la haute commissaire de l'ONU aux droits humains, Navi Pillay, avait elle aussi dénoncé des crimes contre l'humanité en Syrie devant l'Assemblée générale des Nations unies. "La nature et l'étendue des exactions perpétrées par les forces syriennes indiquent que des crimes contre l'humanité ont vraisemblablement été commis depuis mars 2011", avait alors déclaré Mme Pillay.