LEMONDE.FR avec Reuters et AFP | 25.10.11 | 08h26 • Mis à jour le 25.10.11 | 09h28
Le régime syrien a transformé les hôpitaux du pays en "instruments de la répression" contre les opposants à Bachar Al-Assad, affirme Amnesty International dans un rapport de 39 pages publié lundi 24 octobre (PDF en anglais). L'organisation de défense des droits de l'homme estime que dans les hôpitaux publics les médecins comme les patients constituent des cibles de la répression gouvernementale du soulèvement populaire contre le régime.
Dans au moins quatre établissements publics – Homs, Banias et Tel Kelakh, ainsi qu'à l'hôpital militaire de Homs –, des patients ont été torturés ou soumis à des mauvais traitements, y compris de la part du personnel médical, souligne l'ONG, qui dénonce un "climat de peur". Certains employés soupçonnés de prodiguer des soins à des manifestants blessés ont eux-mêmes été arrêtés et torturés, ajoute-t-elle. Amnesty cite un infirmier témoin d'un raid des forces de sécurité et selon qui au moins un patient, inconscient, s'est vu arracher son appareil respiratoire avant d'être emmené vers une destination inconnue.
PERSONNEL DANS "UNE SITUATION IMPOSSIBLE"
"Effrayés des conséquences d'une hospitalisation, beaucoup de gens ont choisi de se faire traiter soit dans des cliniques privées, soit dans des dispensaires de fortune mal équipés", souligne Amnesty. Les médecins de l'hôpital national de la ville de Homs, haut-lieu de la contestation contre le régime Bachar Al-Assad, ont rapporté une chute des hospitalisations pour des blessures par balle depuis mai, en dépit de l'augmentation vertigineuse de telles blessures lors des violences. "Le personnel hospitalier en Syrie est mis dans une situation impossible, forcé de choisir entre traiter les personnes blessées et préserver sa propre sécurité", ajoute l'ONG.
"Il est profondément inquiétant de voir que les autorités syriennes semblent avoir lâché la bride sur le cou des forces de sécurité dans les hôpitaux et que, dans de nombreux cas, le personnel médical semble avoir participé à des actes de torture et de mauvais traitements sur les personnes mêmes qu'elles sont supposées soigner", déclare Cilina Nasser, d'Amnesty.
La répression du mouvement de contestation contre Bachar Al-Assad en Syrie a fait au moins 3 000 morts selon les Nations unies. Les autorités syriennes disent pour leur part affronter des groupes terroristes.