pour Le Monde.fr | 04.10.11 | 14h17
Les Syriens militant à l'étranger contre le régime de Bachar Al-Assad sont systématiquement surveillés et harcelés par les services de renseignements travaillant dans ou en marge des ambassades syriennes. C'est la conclusion d'un rapport (en anglais et son résumé en français) publié dans la nuit de lundi soir 3 octobre 2011 par Amnesty International.
Dans ce document intitulé "le bras long des moukhabarat", l'organisation de défense des droits de l'homme s'intéresse à huit pays, répartis sur trois continents. Une trentaine de militants témoignent du harcèlement et des tentatives d'intimidation dont ils ont été l'objet.
Une publication à laquelle la France a immédiatement réagi mardi, mettant en garde la Syrie contre tout acte violent ou d'intimidation en France contre des opposants syriens. "Nous n'accepterions pas qu'un Etat étranger organise des actions violentes ou des actes d'intimidation sur notre territoire", a déclaré e porte-parole du ministère français des affaires étrangères, Bernard Valero.
LE HARCÈLEMENT DES PROCHES
Le cas le plus grave s'est pourtant déroulé à Paris, dans la nuit du 26 au 27 août dernier (lire l'article du Monde "Les sbires du régime Assad pourchassent les opposants jusqu'à Paris" publié dans l'édition du 4 octobre 2011). Aux Etats-Unis et au Chili, ce sont des diplomates en poste à l'ambassade qui ont effectué des démarches visant à faire taire des activistes et des opposants.
L'envoi de courriels d'insulte est quasi-systématique, tout comme les coups de téléphone anonymes. Très souvent, les familles vivant encore en Syrie des militants à l'étranger sont menacées, voire harcelées. Le frère d'Imad Mouhalhel, un activiste vivant en Espagne, a été arrêté quatre jours en juillet dernier et torturé afin de l'identifier sur des photos et des vidéos de manifestations devant l'ambassade syrienne à Madrid. Fin août, Aladdin Moulhalhel a été réarrêté et contraint de téléphoner à son frère pour lui demander d'arrêter de participer à des manifestations.
Amnesty note que seuls Washington et Londres ont dressé des protestations et convoqué les ambassadeurs syriens en poste. L'organisation demande aux pays d'accueil de se montrer plus ferme envers ses agissements. Ainsi, Paris n'a pas réagi publiquement après l'agression du 26 août, alors que plusieurs témoignages font état de la présence de détenteurs de passeports diplomatiques parmi les fauteurs de troubles.
Christophe Ayad