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21 octobre 2011 5 21 /10 /octobre /2011 20:00
| Par Christophe Gueugneau

Le 23 septembre 2009, c’est un Nicolas Sarkozy martial qui déclarait sur TF1 et France-2 : «Il n’y a plus de paradis fiscaux. (…) Les paradis fiscaux, le secret bancaire, c’est terminé.»

En pleine crise financière (saison 1, la saison 2, c’est maintenant), le président de la République prenait la tête d’une croisade anti-paradis fiscaux. En février 2009, il menaçait la Suisse de la mettre sur la liste noire de l’OCDE. Le 1er avril de la même année, il déclarait sur Europe 1 : « Nous voulons très clairement qu'on précise les paradis fiscaux. Un paradis fiscal n'est pas un lieu où on ne paye pas d'impôts. Un paradis fiscal est un lieu où on ne donne pas de renseignements de l'origine des capitaux. » Et dès septembre, donc, l’affaire était réglée. Du moins de son point de vue.

 

Certains, comme le mensuel Alternatives économiques, avaient beau jeu de rappeler que la plupart des groupes du CAC 40 possédaient de nombreuses filiales basées dans des pays peu regardants, Nicolas Sarkozy n’en démordait pas. Il avait trouvé là un cheval de bataille qu’il risque fort, d’ailleurs, de ressortir en ces temps de campagne présidentielle.

Mais, pour le coup, le président pourrait se heurter à la réalité des faits. D’abord, le bilan de sa bataille est tout sauf reluisant. Et surtout, ces derniers mois, dès lors qu’il a été question d’évasion fiscale, de comptes offshore ou autres montages financiers opaques, ce n’était plus de la guerre sarkozyste dont il était question, mais du cercle de ses amis.

Car au fur et à mesure que les affaires sortent, les proches de Nicolas Sarkozy sous le coup d’investigations judiciaires semblent être plus ou moins adeptes du paradis fiscal. Dernier épisode en date, le compte luxembourgeois de Joëlle Ceccaldi-Reynaud. Longtemps suppléante de Nicolas Sarkozy à l'Assemblée nationale, maire de la très riche commune de Puteaux depuis 2004 et élue députée des Hauts-de-Seine en 2007, elle est également présidente de l'établissement public d'aménagement de la Défense et de Seine-Arche (Epadesa), issu de la fusion de l'Epad, établissement chargé de l'aménagement du premier quartier d'affaires européen un temps promis à Jean Sarkozy, et de l'Epasa, qui aménageait le territoire de la ville voisine de Nanterre.

 

Joëlle Ceccaldi-Reynaud Joëlle Ceccaldi-Reynaud

Selon le Canard enchaîné de ce mercredi, la justice a découvert en juin que Mme Ceccaldi-Reynaud avait ouvert en 1996 un compte au Luxembourg sur lequel elle a déposé « 20 millions de francs ». De l’argent provenant d’un héritage de sa grand-mère, clame-t-elle aujourd’hui.

Ce qui n’est pas l’avis de son propre père, qui guerroie depuis des années avec sa fille pour le contrôle de la mairie. Car l’enquête sur ce fameux compte et la commission rogatoire envoyée par le juge d’instruction de Nanterre, Richard Pallain, au Luxembourg ont justement démarré quand Charles Ceccaldi-Raynaud a accusé sa fille d'avoir touché des commissions occultes.

La justice a découvert qu’outre les 20 millions de francs, d’autres virements avaient été effectués par la suite.

En 2005, le compte est estimé à « plus de 4 millions d’euros », mais il a depuis 2004 changé de mains. Ce sont à présent les enfants de Joëlle Ceccaldi-Reynaud qui en sont les bénéficiaires. En 2009, le compte est clôturé et s’envole vers une destination inconnue.

Depuis, le juge Richard Pallain a été muté, il revient donc au parquet de Nanterre, sous la coupe du fameux Philippe Courroye, de saisir un autre juge… Pas sûr qu’il y ait ici la diligence nécessaire, au vu du fiasco du traitement de l’affaire Bettencourt, qui a fini par être dépaysée à Bordeaux.

Bettencourt, évadée fiscale

 

Liliane Bettencourt. Liliane Bettencourt.© (dr)
Dans cette affaire, on avait appris que Liliane Bettencourt, généreuse donatrice à l’UMP, avait elle aussi installé des comptes dans des pays peu partageux en matière d’information fiscale. A l’été 2010, Mediapart avait révélé que l’héritière L’Oréal possédait au moins deux comptes en Suisse et une île non déclarée aux Seychelles, la fameuse île d’Arros.

Le premier compte suisse, basé dans une banque privée de Genève, était crédité de 16 millions d'euros. Un deuxième, dans une filiale à Vevey, renfermait 65 millions d'euros. La vieille dame a finalement régularisé sa situation fiscale en septembre 2010, non sans que la Sarkozie y laisse quelques plumes, Eric Woerth étant soupçonné d’avoir fermé les yeux sur cette évasion fiscale. (Lire ici.)

 

Guy Wildenstein Guy Wildenstein
D’autres généreux donateurs de l’UMP ont également excellé dans l’art de la dissimulation fiscale. Guy Wildenstein, membre du Premier Cercle, est ainsi accusé d’avoir dissimulé à la veuve de son père pas moins de 3 milliards d’euros. Ce représentant UMP des Français de l'étranger à Washington a été mis en examen en juillet 2011 pour recel d'abus de confiance après la plainte de la veuve du marchand de tableaux Daniel Wildenstein, Sylvia Roth.

L’histoire commence le 23 octobre 2001, quand décède, après dix jours de coma, Daniel Wildenstein, le plus célèbre collectionneur et marchand d'art du XXe siècle. Pour sa veuve, Sylvia, c'est à l'époque un double choc, affectif d'abord, mais ensuite aussi financier, parce que les enfants que son mari a eus d'un premier mariage, Guy et Alec, lui apprennent assez vite qu'il n'a pas laissé derrière lui, comme elle le pensait, une immense fortune mais qu'il est mort ruiné.

La veuve va vite découvrir l’entourloupe : en réalité la plus grosse partie de la fortune de Daniel Wildenstein a été discrètement logée dans des «trusts», immatriculés dans des paradis fiscaux, et ces biens ne figurent pas dans la succession. Le DeltaTrust est ainsi basé aux îles Caïmans et le SonsTrust est domicilié à Guernesey. (Lire ici.)

Comme Mediapart l’a raconté, les ministres du budget successifs, Éric Woerth d'abord, François Baroin ensuite, sont encore une fois soupçonnés d’avoir fermé les yeux. Ce n'est que très tardivement, cet été, que le ministère du budget s'est décidé à porté plainte pour fraude fiscale. Dans l'intervalle, Nicolas Sarkozy a trouvé le temps de remettre une Légion d’honneur à Guy Wildenstein. (Lire ici.)

De Malte aux Bahamas

 

Bernard Tapie Bernard Tapie

Luxembourg, îles Caïmans, Suisse, Guernesey… C’est une autre destination qu’a choisie Bernard Tapie. Quelques semaines seulement après avoir touché un pactole d'environ 300 millions d'euros prélevés sur fonds publics, somme que lui a allouée un tribunal arbitral privé dans l'affaire Crédit lyonnais/Adidas, l'ancien ministre et homme d’affaires a investi fin 2010 à Malte, place privilégiée de l'optimisation fiscale en Europe, en prenant 20% des parts d'une société d'aviation domiciliée dans la petite commune de Sliema. Le montant de la transaction n’a pas été révélé. (Lire ici.)

Il semble cependant que la totalité de la somme n’ait pas été investie puisque Charlie Hebdo a révélé cette semaine que le reste avait été transféré, fin 2010, vers une holding belge créée de toutes pièces : GBT Holding. Le but de la manœuvre ? Echapper à l’impôt. En restant en France, Bernard Tapie aurait en effet dû s’acquitter d’un impôt de 30% dès lors qu’il aurait souhaité se servir de cet argent…

 

Thierry Gaubert Thierry Gaubert© Reuters
Il y a quelques semaines, c’est un autre proche de Nicolas Sarkozy, Thierry Gaubert, qui avait dû admettre devant les juges qu’il possédait des comptes à l’étranger. Mis en examen dans le volet financier de l'affaire Karachi, il a reconnu en garde à vue qu'il possédait des comptes à l'étranger : le premier, à la banque Pictet, aurait été fermé en 2001-2002 et ses fonds auraient été transférés à la banque Pictet aux Bahamas. Le second se trouve à la banque Safdié de Genève, ouvert « il y a au moins 15 ans » et « qui dort depuis des années ».

Dans cette affaire, le juge Renaud Van Ruymbeke soupçonne un possible financement occulte de la campagne présidentielle d'Edouard Balladur en 1995. Thierry Gaubert était conseiller du ministre du budget d'alors, Nicolas Sarkozy.

Mais Thierry Gaubert a dû admettre devant les enquêteurs qu’il possédait d’autres comptes à l’étranger. L’un d’eux se trouve dans une banque libanaise et aurait été ouvert par Ziad Takieddine « sans son autorisation »

«Mes compliments à celui qui a mis ce système en place»

 

Z.Takieddine Z.Takieddine© Mediapart
Ziad Takieddine, personnage central de l’enquête financière liée aux attentats de Karachi, est lui aussi adepte du compte en banque discret. Comme l’a révélé Mediapart au cours de l’été, bien qu’évaluant lui-même sa fortune à près de 100 millions d’euros, il ne paye pas d’impôts en France.

Selon une déclaration de patrimoine que l'homme d'affaires a signée le 23 octobre 2008 dans le cadre d'une procédure de prêt bancaire engagée auprès de la Barclays, le montant de ses biens est évalué, au total, à 97,2 millions d'euros, dont plus de 40 millions sont localisés en France.

Résident fiscal français, Ziad Takieddine a non seulement contrevenu à l'obligation de déclarer son patrimoine − le seuil d'imposition à l'ISF était de 800.000 euros... −, mais il a méticuleusement dissimulé ses biens. Il a aussi caché les commissions perçues sur les ventes d'armes à l'Arabie saoudite. Les 91 millions d'euros encaissés sur le contrat des frégates Sawari 2 en 1997 et 1998 ont été répartis sur plusieurs comptes offshore, déconnectés de ses comptes bancaires officiels.

Par exemple, l'appartement de plusieurs centaines de mètres carrés qu'il détient avenue Georges-Mandel, à Paris, d'une valeur estimée à 12 millions d'euros, appartient à une société civile immobilière dénommée Lamartine, laquelle est détenue par deux sociétés luxembourgeoises, Illor I SA et Illor II SA.

Or, d'après un autre document recueilli par Mediapart, ces deux sociétés domiciliées au Luxembourg appartiennent aujourd'hui à une entité panaméenne baptisée Alveston International SA, dont l'homme d'affaires franco-libanais est «le seul bénéficiaire ultime des parts». (Lire ici.)

Péché originel, la fortune de Ziad Takieddine se fonde de fait sur un paradis fiscal. Comme l’a montré Mediapart, dans l’affaire Karachi, le faramineux montant de commissions consenties par l'Etat français, à une date (juillet 1994) où les négociations avec le Pakistan étaient déjà closes, a transité par une société écran de la DCN, Heine, implantée au Luxembourg. L'argent a ensuite été ventilé via une autre société offshore, Mercor, dont l'un des ayants droit est Ziad Takieddine. Or, un rapport de la police luxembourgeoise, daté du 19 janvier 2010, présente Nicolas Sarkozy comme étant celui qui, avec Nicolas Bazire, alors directeur de cabinet d'Edouard Balladur, a validé la création de la société offshore Heine. (Lire ici.)

Dans leurs conclusions, les enquêteurs luxembourgeois ne manquent pas de souligner: « Mes compliments à celui qui a mis ce système en place, il s’agit d’un travail méticuleux et en avance sur son temps. » Un compliment qui sied à bien des amis du président.

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