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A défaut d'une feuille de route et d'un budget s'y rapportant, Stéphane Le Foll, qui prône pour l'agriculture française un radical "Produisons autrement", fait la promotion de l'agro-écologie par l'exemple.
Mardi 18 décembre, le ministre de l'agriculture avait ainsi convié une dizaine de pionniers à témoigner de leur expérience au Palais d'Iena à Paris. "J'ai arrêté le labour en 1995. Je voulais un sol vivant. Les vers de terre travaillent à la place, mais il faut les nourrir", a raconté Philippe Pastoureau, qui exploite 90 hectares en polyculture élevage dans la Sarthe.
Comme ses collègues, M. Pastoureau, qui parle avec fierté de son parcours, a dû braver le regard désobligeant des agriculteurs "traditionnels". "Nous sommes très critiqués et encore plus par la profession", regrette-t-il.
Diminution des intrants, renforcement de l'autonomie fourragère, association de haies, d'arbres et de cultures, exploitation du potentiel naturel du sol... les témoignages des agriculteurs présents au Palais d'Iéna diffèrent, mais tous affirment que les résultats sont là. "J'ai les mêmes rendements qu'avant. Mais j'ai réduit mes achats d'aliments pour le bétail et amélioré la santé des animaux", affirme Pierre Chenu, qui a développé une rotation de culture sans labour pour son exploitation laitière en Côtes-d'Armor. Il a aussi arrêté "insecticides et fongicides et, depuis un an, le glyphosate".
"AGRICULTURE HEUREUSE"
"Nous vivons aisément de notre métier et nous avons du temps libre", se félicite Aline Burri. Productrice de lait en AOP Comté dans le Jura, elle a limité la pénibilité du travail et valorisé l'herbage. Elle se réjouit de voir sa fille s'associer à l'exploitation.
"Nous sommes bien économiquement, mais aussi socialement", estime Jean-Sébastien Gascuel, qui exploite avec sa femme 80 hectares de terre noire dans le Puy-de-Dôme. "Pendant vingt ans, nous avons travaillé en agriculture conventionnelle. Une production très performante de céréales et betteraves. Puis nous nous sommes posé des questions et avons décidé de passer agriculture biologique", raconte-t-il.
L'agro-écologie, qui concilie performance économique et environnementale, est le modèle de l'avenir pour M. Le Foll. Au Palais d'Iéna flottait hier un parfum d'"agriculture heureuse" qui reste pour l'instant pourtant bien marginale. Le ministre de l'agriculture a promis de nouveaux programmes d'action dès 2013.