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Selon le site indépendant mineweb, spécialisé dans l’analyse financière des métaux précieux, les événements survenus dans la mine de Marikana perturbent certes les marchés du platine : « Il y a régulièrement des tensions dans les régions minières mais le niveau de violence est surprenant » constate une analyste de Mitsui precious metals, une agence financière spécialisée dans les métaux précieux. Néanmoins « la demande reste encore inférieure à l’offre et s’il n’y a pas de nouvelles perturbations, il n’y a pas de raison de voir les prix du platine flamber à court terme ». Bref, le marché du platine digère pour l'instant plutôt bien le massacre de Marikana. On respire.
Troisième producteur de platine au monde, Lonmin qui affiche un chiffre d’affaires de 2 milliards de dollars pour 311 millions de bénéfices, n’avait pas répondu favorablement aux demandes d’augmentations de salaires des syndicats de mineurs qui réclamaient une multiplication par trois de leurs salaires, proche de 400 euros en moyenne.
La grève continue
L’AFP affirme que la grève s'est déjà étendue, mercredi 22 août, à une mine voisine, la plus riche réserve mondiale de platine, appartenant à Royal Bafokeng Platinum, où « des salariés ne sont pas venus travailler », a indiqué l'entreprise, en précisant que « la situation était calme ». Environ 600 grévistes, des foreurs, étaient massés devant le puits affecté par la grève où quatre fourgons de police étaient également déployés.
Le Monde rapporte qu’« une autre mine de platine est aussi sous la pression de ses salariés à Thembelani. Ils exigent de porter les salaires des foreurs à 12 500 rands, soit 1 250 euros environ par mois, comme à Marikana et ont donné jusqu'à vendredi à l'entreprise ».
Un révélateur de la misère sociale sud-africaine
Julius Malema, ex-leader de la Ligue de la jeunesse du Congrès national africain, l’ANC, l’actuel président Jacob Zuma a échoué dans sa tâche, les mineurs « ont été tués parce que le gouvernement défend le monopole blanc sur le capital, affirme celui-ci. Et cette affaire n'a rien à voir avec l'éviction du président Zuma. Mais ça prouve bien que c'est un dirigeant très faible ».
Plusieurs observateurs pointent également le manque de préparation, voire l’incompétence des forces de police face à ces mouvements sociaux.
Pour The Sowetan, le plus grand quotidien de la population noire d’Afrique du sud, créé par des membres de l’ANC dans le cadre du combat contre l’apartheid, le massacre de Marikana prouve surtout que l’Afrique du Sud reste un pays « anormal » : « au temps de l’apartheid, les noirs y étaient traités comme des objets. Aujourd’hui, les africains sont dressés les uns contre les autres pour savoir qui est le représentant légitime des travailleurs. Mais ce que signifie Marikana, c’est que la valeur de la vie humaine continue d’y être insignifiante ».
Beaucoup plus faible en tout cas que celle du platine…
A lire dans Marianne cette semaine, l'article de Patricia Huon, notre correspondante à Johannesburg: Afrique du Sud. Massacre de mineurs, un drame majeur.