Le Monde.fr avec AFP | 20.12.2012 à 19h30 • Mis à jour le 20.12.2012 à 22h38
Le tribunal correctionnel de Saint-Nazaire a condamné jeudi 20 décembre en comparution immédiate un opposant à l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes à un an de prison, dont six mois fermes, pour violences à l'encontre des forces de l'ordre.
Interpellé mardi soir dans la commune de Notre-Dame-des-Landes, présenté en comparution immédiate à Saint-Nazaire, ce Parisien né en 1991 a également été condamné à une interdiction de séjour de cinq ans en Loire-Atlantique, mais il n'a pas été écroué à l'issue de l'audience. Il s'agit de la troisième condamnation à de la prison ferme à l'encontre d'un opposant à l'aéroport depuis le déclenchement à la mi-octobre d'une vaste opération d'expulsion des quelque cent cinquante opposants anticapitalistes alors installés sur le site.
Un autre opposant a été condamné mercredi à huit mois de prison, dont deux mois fermes, et un autre à dix mois, dont cinq fermes, le 28 novembre. Ces deux personnes avaient aussitôt été écrouées. Le tribunal correctionnel de Nantes a en revanche prononcé, jeudi également, la relaxe de deux jeunes femmes, interpellées le 22 octobre dans la commune de Vigneux-de-Bretagne (voisine de celle de Notre-Dame-des-Landes). Elles étaient poursuivies pour la dégradation par jets de projectiles d'un véhicule de gendarmerie, mais les preuves n'ont pas été jugées suffisantes par le tribunal.
UN RECOURS DES OPPOSANTS REJETÉ
Le tribunal administratif de Nantes a rejeté plus tôt dans la journée le recours qu'avaient déposé des opposants au projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique) contre les arrêtés de cessibilité, qui ont permis l'expropriation des terrains destinés au projet, a annoncé leur avocat.
"Le tribunal administratif de Nantes rejette les demandes présentées par les propriétaires et les associations contre les arrêtés de cessibilité des 13 septembre 2011 et 26 mai 2012, a indiqué Me Erwan Le Moigne. Les requérants se réservent le droit d'envisager un appel contre cette décision, notamment au regard des développements du rapporteur public."
Vingt-sept requêtes ont été déposées, attaquant les arrêtés préfectoraux, tant sur la forme que sur le fond, en tentant de remettre en cause, au final, la déclaration d'utilité publique du projet d'aéroport, qui date de février 2008.
Lors de l'audience, le 6 décembre, le rapporteur public avait réfuté les uns après les autres les arguments de l'avocat des "anti-aéroport" et avait requis le rejet de toutes ces demandes en annulation, sauf pour un seul arrêté, concernant la parcelle d'une propriétaire qui ne s'était pas vu notifier à temps les éléments de l'arrêté la concernant.
PROTÉGÉS DE L'EXPULSION APRÈS UN ACCORD EN MAI
La procédure d'expropriation des parcelles concernant le projet a débuté en janvier 2012. Elle devrait s'achever complètement en 2013 et, d'ores et déjà, la majorité des propriétaires et exploitants (une vingtaine en tout) qui n'avaient pas accepté de vendre à l'amiable ont été expropriés par la justice. Il restent en revanche protégés de l'expulsion par un accord passé au printemps 2012 avec les collectivités locales socialistes à l'issue d'une grève de la faim. L'accord prévoit qu'ils ne pourront être expulsés qu'à l'issue des recours juridiques contre le projet qui avaient été déposés à la date de la grève de la faim.
En revanche, quelque cent cinquante "occupants sans droits ni titres", opposants à l'aéroport anticapitalistes qui habitaient dans la zone, ont fait l'objet d'une vaste opération d'expulsion depuis la mi-octobre, mais ils n'ont pas quitté les lieux.
Une polémique nationale a débuté du fait des images des interventions massives des forces de l'ordre et de l'implication du Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, ancien député-maire de Nantes, en faveur du projet. L'aéroport de Notre-Dame-des-Landes est destiné à remplacer en 2017 l'actuel aéroport de Nantes Atlantique. Sa concession a été confiée par l'Etat au groupe Vinci.