La multinationale Vinci ne gagne certes pas encore beaucoup d'argent avec l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, encore à l'état de projet, mais en gagne déjà avec l’aéroport de Nantes. En vertu du contrat de concession signé le 31 décembre 2010, le no 1 mondial de la concession a obtenu la charge du « développement, renouvellement, entretien et exploitation » de l’actuel aéroport de Nantes-Atlantique, jusqu’au transfert de ses activités au nouvel aérogare, aujourd’hui si décrié.
Beaucoup moins médiatisée, cette clause du contrat s’avère juteuse pour le no1 mondial de la concession, comme le révèlent ses derniers résultats d’activité. En 2012, l’aérogare de Nantes-Atlantique a généré au total 155 millions d’euros de flux financiers. C’est « l’impact direct » mesuré par la chambre de commerce et d’industrie (CCI) de Nantes-Saint-Nazaire, dans une étude qu’elle vient tout juste de finaliser (dont la synthèse est à lire en cliquant ici).
Pas mal pour le 8e aéroport français en terme de fréquentation, en 2009 (selon la DGAC, voir ici son rapport), derrière Lyon, Marseille, Toulouse et Bordeaux ! Ces 155 millions d’euros proviennent de l’activité cumulée du concessionnaire – Aéroport du grand ouest (AGO), filiale de Vinci à 85 % –, des services d’État, des sous-traitants, des compagnies aériennes, des services aux compagnies, des commerces et services de l’aérogare, du transit et du fret. Tout cet argent ne revient pas à Vinci. Mais il en touche une partie, par le biais d’AGO, mais aussi de la gestion des parkings.
L'aéroport ne dévoile pas la répartition de ces 155 millions d'euros. En revanche, la consultation des comptes de son concessionnaire est très instructive. En 2011, pour la première année de sa gestion de Nantes-Atlantique, AGO a réalisé un chiffre d’affaires de 49 millions d’euros, et 15 millions d’euros de bénéfices (Ebitda). La marge bénéficiaire monte à 18 millions d’euros si l’on en retire les opérations engagées sur le futur aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Les principales ressources pour Vinci sont les redevances des services publics aéroportuaires (15,9 millions), les taxes d’aéroports (12,4 millions) et les tarifs de parking de voitures (11,3 millions).
En 2012, le trafic passagers de Nantes-Atlantique a progressé de 12 %. Depuis 2004, leur nombre a quasiment doublé, passant de 1,9 million à 3,6, selon l’étude d’impact de la CCI. Le nombre moyen de passagers par avion a bondi de 44 en 2004 à 71 en 2012. Ce développement s’explique par l’essor des vols des compagnies low cost (28 % du trafic de l’aéroport en 2012) et l’accueil de compagnies basées sur l’aérogare, et non plus seulement opératrices de vols décollant d’ailleurs. « C’est le plus grand changement, un avion “basé” représente en moyenne 7 destinations par jour », explique Jean-François Gendron, président de la CCI, actionnaire minoritaire d’AGO et ancienne gestionnaire de l’aéroport. Il souligne la continuité de gestion entre la CCI et Vinci : même personnel, même stratégie commerciale. À une inquiétude près, révélatrice de l’écart entre les intérêts financiers du concessionnaire et ceux de ses clients : « Il va falloir arrêter la hausse des prix de parking, nous sommes vigilants pour éviter les dérives des pratiques tarifaires. »