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Marianne - Laurent Pinsolle - Blogueur associé | Jeudi 8 Décembre 2011 à 18:01 |
Contrairement à ce qu’affirme la doxa néolibérale, les agences de notation ne sont pas que des thermomètres. Une baisse de la note d’un pays, rappelle Laurent Pinsolle, proche de Nicolas Dupont-Aignan, peut se traduire par des baisses de salaires ou des coupes dans les budgets sociaux dont les conséquences sociales peuvent être dramatiques. Une responsabilité grave. « Ce sont nos dirigeants qui se sont livrés pieds et poings liés aux marchés tout puissants et qui doivent donc suivre leur agenda à la lettre », appuie notre blogueur associé.
Des agences inhumaines, stupides et auto réalisatrices
Il est franchement désolant de voir un premier ministre qui se dit gaulliste
se prosterner devant les agences de notation et promettre de « faire tout pour garder son AAA ». Car ces agences sont inhumaines. Leur jugement a des conséquences bien concrètes pour la vie des peuples. Une baisse de la note d’un pays peut se traduire par des baisses de salaires ou des coupes dans les budgets sociaux dont les conséquences sociales peuvent être dramatiques. Une responsabilité grave.
Mais non seulement ces agences ont une influence importante, mais
comme l’a bien démontré la crise de 2008 analysée par Frédéric Lordon, leur jugement est hautement questionnable. Non seulement elles avaient accordé le fameux AAA à des obligations pourries, notamment sur le marché immobilier étasunien, mais ce sont aussi elles qui ont permis à certains Etats de s’endetter dans de trop bonnes conditions. En outre, en quoi la situation des pays change aussi vite que leur note ?
C’est que le problème de ces agences, c’est qu’elles ne sont pas qu’un thermomètre, contrairement à ce qu’affirme la doxa néolibérale. Elles sont un thermomètre qui donne la fièvre. L’abaissement d’une note a tendance à dégrader la situation des pays visés, renchérissant leur dette et donc imposant plus d’austérité et cassant la croissance, justifiant a posteriori le premier abaissement et potentiellement en en préparant un second. C’est le miracle auto réalisateur du marché !
Ce constat sévère contre les agences de notation pourrait pousser à demander leur interdiction. Mais s’il faut mieux veiller au conflit d’intérêt et encadrer cette profession, il ne faut pas forcément opter pour des solutions trop radicales. En effet, malgré tout, ce ne sont pas les agences qui sont au cœur du problème. A la racine de tout cela vient,
comme le répète des personnes comme André-Jacques Holbecq, l’interdiction du financement de l’Etat par la banque centrale.
En effet, les Etats-Unis n’en ont rien eu à faire de voir leur note dégradée. La Fed peut racheter autant de bons du trésor qu’elle le souhaite (et dans le climat actuel, ce n’est même pas inflationniste). Idem, la Grande-Bretagne et le Japon bénéficient de taux extrêmement faibles, malgré une situation financière pas meilleure que dans la zone euro… En effet, ce sont les Etats européens qui se sont rendus complètement dépendants du jugement des marchés et des agences.
Ce sont nos dirigeants qui se sont livrés pieds et poings liés aux marchés tout puissants et qui doivent donc suivre leur agenda à la lettre.
Le Général de Gaulle pouvait envoyer promener les spéculateurs car la création monétaire était encore du ressort de l’Etat et pouvait être mise au service de la collectivité, contre les marchés. Aujourd’hui, les Etats de la zone euro se battent à mains nues. Pas étonnant qu’ils soient devenus des pantins des marchés, cherchant à tout faire pour leur plaire.
Les Etats européens pourraient du jour au lendemain briser les chaines qui les lient au marché financier, réquisitionner leurs banques centrales,
pour reprendre le mot de Sapir, et monétiser. Ainsi, ils pourraient,
comme le Général de Gaulle, traiter avec dédain le clapotis des marchés.
Retrouvez Laurent Pinsolle sur son
blog.
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dans
Economie et social