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4 février 2014 2 04 /02 /février /2014 16:27

 

Source : blogs.rue89.nouvelobs.com

 

A Sotchi, les oligarques ont payé et n’ont pas eu le choix

 

Pierre Sautreuil - Etudiant en journalisme

Publié le 04/02/2014 à 10h36

 

 


De gauche à droite : Dimitri Medvedev, à l’époque président russe, Vladimir Poutine et Vladimir Potanine, patron d’Interros, à Rosa Khoutor, 18 février 2011 (Mikhail Klimentyev/AP/SIPA)

 

La station de ski des Jeux olympiques de Sotchi n’est pas un petit village alpin. À « Rosa Khoutor » s’élèvent des hôtels, des restaurants coûteux, des boutiques de sport et de vêtements, des salons de beauté, des concessions automobiles et des enseignes de fourrure. En amont de ce village olympique de 32 hectares, des dizaines de kilomètres de pistes sinuent sur 1500m de dénivelé.

C’est là que se tiendront les compétitions de ski et de snowboard, et c’est presque le cadeau d’un milliardaire à l’Etat russe. Il y a onze ans, Vladimir Potanine (ne pas confondre), adepte de ski alpin et 7e fortune russe, à la tête de la holding Interros, a décidé de dépenser quelques dizaines de millions de dollars pour construire à Sotchi un petit domaine privé à Krasnaïa Poliana.

Qui est Vladimir Potanine ?

Son conglomérat industriel, Interros, représente près de 1,4% du PIB de la Russie. Il s’est bâti autour d’une banque et de l’entreprise d’extraction minière Norilsk Nickel. La fortune de Potanine s’élève à près de 11 milliards d’euros en 2013, selon Forbes.

Brièvement Premier ministre en 1996, il faisait partie des « sept banquiers », les oligarques qui ont exercé une grande influence lors des années Eltsine, aux côtés de Mikhaïl Khodorkovski et de Boris Berezovski. Comme les autres, il a quitté la vie politique à l’arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine

Cette fantaisie s’est au final transformée en un gigantesque chantier olympique, qui aura coûté pas moins de 2,5 milliards de dollars à Potanine. Pour les Jeux Olympiques de Sotchi, l’industriel de 53 ans a dépensé bien plus que n’importe quel autre investisseur privé.

Dans une interview à Forbes (en russe), cet oligarque de l’industrie minière raconte comment il a investi personnellement 700 millions de dollars dans le domaine sportif de Rosa Khoutor :

« Je n’avais jamais fait un cadeau aussi somptueux. Quand Rosa Khoutor n’était encore qu’un projet privé, je ne comptais pas dépasser un budget de 70 millions de dollars. Quand des conseillers m’ont dit qu’on avait ici la place pour un complexe comprenant une centaine de kilomètres de pistes et pouvant accueillir plus de 6000 touristes, il m’est apparu clair qu’on s’approchait d’un budget de 350 millions de dollars.

Mais quand la candidature russe a été retenue pour organiser les JO d’hiver de 2014, j’ai compris que ça me coûterait des milliards. »

Les investisseurs privés en première ligne

Monter la candidature de Sotchi avait déjà coûté 30 millions de dollars à Interros, près d’un tiers du montant total. Ce n’était qu’un début. Pour convaincre le CIO, les compagnies publiques et les hommes d’affaires les plus puissants de Russie ont avancé 100 millions de dollars de plus.

L’intense lobbying de Poutine et son discours remarqué au Guatemala – en anglais, avec même quelques mots de français – ont achevé de consacrer Sotchi ville olympique. Mais après le triomphe se pose une question : comment construire une ville à partir de rien, rapidement et efficacement ?

Recourir aux programmes fédéraux aurait pris trop de temps. Moscou crée donc une entreprise publique, Olympstroï, sans statut juridique ni mandats clairement établis. Olympstroi a déjà connu quatre patrons. Un signe de désordre selon Vladimir Potanine :

« Ce remue-ménage est dû à un dilemme permanent en Russie : faut il donner des responsabilités à un homme compétent ou à un homme honnête ? Le processus de désignation des responsables n’a pas été simple, et c’est un euphémisme. »

Dans un premier temps, les investisseurs se sont enthousiasmés pour Sotchi, mais ils se sont rendus compte qu’y investir ne serait pas nécessairement synonyme de ruée vers l’or.

« L’Etat a mis la pression sur les investisseurs privés, qui très vite ont dû déclarer chaque dépense à l’Etat et assumer les pertes. En gros, si ton investissement te rapporte, tant mieux. Si tu y perds, tant pis. »

Les oligarques négocient

 


Dimitri Medvedev et Vladimir Potanine en discussion à Gorki, près de Moscou, 12 avril 2012 (Vladimir Rodionov/AP/SIPA)

 

Les propriétaires de la Compagnie des mines et de métallurgie de l’Oural ont déjà déclaré qu’ils n’obtiendraient aucune compensation de l’Etat pour les infrastructures qu’ils ont fait construire à Sotchi. Vladimir Potanine et d’autres hommes d’affaires comme Oleg Deripaska et Viktor Vekselberg espèrent toujours un retour sur investissement, mais il est clair qu’il n’en obtiendront jamais sans un soutien du gouvernement.

Les projets menés par Interros, à savoir Rosa Khoutor, l’Université internationale olympique russe et le village olympique de montagne, ont coûté près de 2,5 milliards de dollars. Après les JO, il est prévu que la propriété de l’Université olympique revienne à l’Etat. Une perte sèche pour Vladimir Potanine :

« Nous étions des investisseurs, mais nous nous sommes transformés à vue d’œil en entrepreneurs d’Etat. (Le vice-premier ministre chargé de l’organisation des JO, Dmitri) Kozak coordonnait à lui seul tout le projet. La Banque de développement russe (VEB) décidait qui recevrait des financements, et qui n’en recevrait pas. Et nous, on devait en permanence justifier pourquoi on avait besoin d’argent. »

La VEB a prêté environ 80% des capitaux nécessaires aux investisseurs privés pour la construction des structures olympiques. Aujourd’hui, le principal enjeu pour les oligarques est la restructuration de ces prêts. Sans intervention de l’Etat, Potanine pourrait perdre jusqu’à 700 millions de dollars de capitaux propres :

« Cela fait un an que tous les investisseurs olympiques, y compris Gazprom et Sberbank (première banque russe, ndlr), écrivent des lettres au gouvernement pour qu’il subventionne les crédits de la VEB et pour qu’il crée à Sotchi une zone économique spéciale, avec un régime fiscal préférentiel. »

Pour l’instant, les investisseurs ont obtenu de ne pas payer les intérêts sur les prêts de VEB avant 2015. Reste à savoir ce qu’il adviendra après ce sursis.

Investir davantage pour être rentable

En janvier, dans une interview à Russie 24, Dimitri Kozak estimait que les investisseurs étaient séduits par Sotchi car ils y obtenaient le soutien de l’Etat pour leurs affaires.

Mais les affaires sont-elles si bonnes ? Pendant les JO, les hôtels seront pleins. Ensuite, il faudra investir encore davantage, estime Potanine :

« Dans les trimestres qui vont suivre la fin des Jeux, la station Roza Khoutor aura besoin de 100 millions d’euros d’investissement pour devenir enfin rentable. Le problème c’est que le cash flow nécessaire pour réaliser cet investissement n’existe pas ! »

Dans une interview au journal russe Izvestia, Potaine semble déjà résigné :

« En l’état actuel des choses, tout ce que ce projet peut générer, c’est des pertes. »

 

 

Source : blogs.rue89.nouvelobs.com

 

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