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13 mars 2012 2 13 /03 /mars /2012 14:11

LEMONDE | 13.03.12 | 11h09   •  Mis à jour le 13.03.12 | 14h46

 
 

 

Photo prise le 12 mars 2012 à Trégunc de la plate-forme de distribution de courrier où un cadre de La Poste en arrêt maladie a été retrouvé pendu le 11 mars.

Photo prise le 12 mars 2012 à Trégunc de la plate-forme de distribution de courrier où un cadre de La Poste en arrêt maladie a été retrouvé pendu le 11 mars.AFP/FRED TANNEAU


Stupeur et incompréhension, lundi 12 mars, parmi les quinze agents de la plate-forme de distribution du courrier de Trégunc (Finistère). En arrivant au travail, ces facteurs apprennent le suicide d'un membre de l'encadrement. La veille, un promeneur a découvert son corps, pendu à l'entrée du centre de tri ouvert en avril 2010, au fond d'une zone d'activités de cette commune littorale.

Le choc est rude. Il renvoie au suicide, à Rennes, le 29 février, d'un cadre de 28 ans, qui s'est défenestré devant ses collègues, cinq mois après qu'une postière de 52 ans s'est donné la mort à Paris.

Bruno P., cadre de 43 ans diplômé d'un DESS en économie et finances, père de deux jeunes enfants, travaillait depuis près de vingt ans à La Poste. En arrêt-maladie depuis trois mois, il devait prendre un poste de directeur adjoint en charge des ressources humaines à Rosporden, ville voisine, dans une quinzaine de jours.

Cette affectation, il l'avait obtenue, à sa demande, pour mettre fin à de mauvaises relations avec sa hiérarchie proche, qu'il accusait de "pressions" et de "harcèlement". Il s'était longuement arrêté entre 2007 et 2009, et s'était résolu à solliciter l'arbitrage du PDG de La Poste, Jean-Paul Bailly, lequel était intervenu pour que sa mutation soit acceptée.

Deux courriels, qu'a pu consulter Le Monde, rendent compte de leurs échanges. Dans le premier, daté du 3 novembre 2011, Bruno P. "sollicite l'aide urgente" du PDG, en s'"excusant par avance de [lui] prendre un peu de [son] temps".

Il y adjoint une lettre où il décrit "un quotidien professionnel marqué par des dérapages réguliers [de sa hiérarchie] qui entretient chez [lui] un profond mal-être, (…) un lent processus insidieux et destructeur qui (…) compromet [son] devenir professionnel". Or, poursuit-il, "j'ai toujours eu des équipes (…) à manager, j'ai conduit le changement (…) et je me suis toujours fait un point d'honneur de mettre l'humain au cœur de mon management".

Le deuxième mail parvient à M. Bailly le 1er décembre. Le postier le remercie pour son intervention "qui a permis de régler les points de litiges professionnels qui affectaient [sa] vie professionnelle et personnelle depuis plusieurs semaines".

 

"ÉCOUTE TARDIVE"

Que s'est-il passé entre le 1er décembre et le 11 mars ? La direction et les syndicats s'interrogent. Ceux-ci sont d'autant plus troublés qu'ils ont reçu un courriel de Bruno P., le jour de sa mort, avec des pièces jointes résumant, écrit-il, les "différents événements ayant marqué [sa] carrière professionnelle de ces dernières années et leurs conséquences… 2011 et 2012…".

Bruno P. y évoque une "convocation médicale", un "contrôle" qui paraît le contrarier. Ce courriel s'achève ainsi : "A noter que mon arrêt-maladie actuel va jusqu'au 25/03 et que je devais reprendre à son issue (…). Si vous pouviez essayer de faire que 'tout ça' débouche sur quelque chose de positif et de constructif pour l'entreprise et nos collègues… Merci à vous tous."

Tout en reconnaissant une certaine "fragilité psychologique" au cadre, les syndicats Sud, CGT, CFE-CGC et CFDT, lors d'une conférence de presse à Quimper (Finistère) lundi, renvoient aux conditions de travail des postiers, soumis à une hiérarchie toujours plus exigeante. Ils évoquent "une écoute tardive" et "un problème de management qui n'est pas propre à la Bretagne". Mise à l'épreuve de réorganisations incessantes à La Poste, depuis quinze ans, l'organisation du travail serait à l'origine d'un profond mal-être des employés.

"Bruno P. a été cassé par La Poste", déclare sans ambages un élu cégétiste, qui n'hésite pas à évoquer des similitudes avec la situation chez France Télécom.

Lundi matin, à Trégunc, les facteurs n'ont pas voulu prendre leur service. Une cellule d'écoute a été mise en place. Un comité hygiène, sécurité et conditions de travail (CHSCT) extraordinaire est convoqué mercredi. A Paris, la direction a fait part de sa "vive émotion", après ce deuxième suicide en Bretagne. Son PDG, Jean-Paul Bailly, avait été prévenu dans la soirée de dimanche, avant même l'appel de la police. Le désarroi est d'autant plus grand, dit un proche, que les problèmes du jeune cadre avaient été "identifiés et pris en charge".

M. Bailly se donne une semaine pour rencontrer les syndicats, dans le cadre du cycle d'écoute sur la santé au travail ouvert après le suicide de Rennes. Avant de faire ses premières propositions.

 

>> Lire notre entretien avec François Dupuy, directeur académique du Centre européen d'éducation permanente : "Le système du 'toujours plus' accroît la pression au travail"


Stéphane Cariou (à Concarneau) et Anne Michel

 


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