Le blog des Indignés de Nimes et de la Démocratie Réelle Maintenant à Nimes
Le Monde - Blog - 16 septembre 2012
"Dix ministres au Medef. Comment ici ?" Avec cette petite phrase glissée lors d'une de ses interventions, samedi 15 septembre, Jean-Luc Mélenchon a résumé l'état d'esprit des militants communistes lors de la Fête de L'Humanité.
Il faut dire qu'au Parti socialiste, on ne s'est pas pressé pour faire le déplacement à La Courneuve. Harlem Désir, le futur patron du PS, s'est fait représenter par son futur numéro deux, Guillaume Bachelay, et David Assouline, porte-parole du PS. Martine Aubry avait décliné. La sénatrice PS Marie-Noëlle Lienemann, qui devait participer à plusieurs débats, a dû annuler à la dernière minute. Du coup, Jean-Vincent Placé, le président du groupe écologiste au Sénat, a lui aussi annulé sa participation au débat sur l'Europe.
Deux ministres présentes samedi
Côté ministres, ce n'est guère mieux. Seules George Pau-Langevin, ministre déléguée chargée de la réussite éducative, Dominique Bertinotti, ministre déléguée chargée de la famille, et Najat Vallaud-Belkacem, ministre du droit des femmes, étaient présentes. Cette dernière ne risque d'ailleurs pas d'oublier son passage à la Fête de L'Humanité, elle qui s'est faite huer samedi lors d'un débat sur l'égalité homme-femme lorsqu'elle a abordé la question du traité européen. Annoncé samedi, Frédéric Cuvillier, ministre délégué chargé des transports, lui, n'est tout simplement pas venu. Bref, pas vraiment l'image d'une gauche unie pour cette première Fête de L'Humanité du quinquennat Hollande.
Côté militants, on ne s'en offusque même plus. "On n'a pas l'impression d'être méprisé, c'est une réalité, soupire Yahia Bouchouicha, responsable du PCF à Colombes (Hauts-de-Seine). S'ils ne viennent pas, c'est qu'ils ne doivent pas être très à l'aise avec cette politique." "On les comprend : sur la Fête, ils y auraient eu beaucoup de salariés, de jeunes, qui leur auraient demandé des comptes sur le changement", renchérit Jacques Poirier, militant à Laval (Mayenne). Par contre, le peuple socialiste, lui, est venu et il commence à se poser des questions..."
La plupart de ces militants ont voté au deuxième tour pour François Hollande et se sentent partie prenante de sa victoire. "Nous avons participé à la défaite de Sarkozy", rappelle M. Bouchouicha. "Et tous ceux qui ont voté pour se débarrasser de Sarkozy n'y trouvent pas leur compte", renchérit son "camarade" de Colombes, Hugues Liese. Si certains avaient pu avoir quelques espoirs, ils ont vite été balayés. "Il y a toujours un espoir de voir les promesses tenues, estime M. Poirier. Mais là, on rentre dans une période où on se dit que si on ne se bat pas, il ne se passera rien."
"Le changement, c'est tout de suite !"
Dans la Fête, on ne se prive d'ailleurs pas pour moquer l'action du gouvernement. Un orchestre joue ainsi une version remaniée de "Vive le vent" avec pour paroles "Le changement, c'est pas maintenant..." Sur une banderole déployée un peu plus loin, on peut lire : "Le changement, c'est maintenant. Maintenant, c'est quand ?" "Le changement, c'est pas maintenant, c'est tout de suite, reprend Sylvie, une sympathisante PCF toulousaine. On n'attend pas l'été pour agir." "J'aurais aimé qu'ils mettent les bouchées double dès leur arrivée, regrette aussi Béatrice, militante du Maine-et-Loire. C'est vrai aussi qu'on ne change pas les choses en deux jours mais il faut montrer aux gens qu'on veut vraiment le changement."
Ces militants se montrent très critiques à l'égard du gouvernement. "On veut que la gauche réussisse mais il faut être lucide, il n'y a pas eu grand chose à part quelques mesures en faveur des enseignants et encore ce n'est qu'un redéploiement", estime M. Bouchouicha, de Colombes. "Sur les questions de société, comme le mariage homosexuel, ils ne vont pas être mauvais mais sur ce tout ce qui touche aux questions sociales, je ne suis pas sûr qu'ils soient très bons", juge également Julien, un jeune militant d'Ile-de-France. "Sur PSA, on voit bien que le gouvernement ne se bat pas pour reconquérir une production industrielle en France", déplore aussi M. Poirier.
"C'est la même politique que Sarko en light"
PSA, traité européen, salaires, pouvoir d'achat... "Ce n'est pas à la hauteur !", se désole M. Liese, de Colombes, avant d'ajouter : "Ce n'est pas la politique de la droite mais juste une politique social-démocrate." Sylvie, la sympathisante communiste toulousaine, va plus loin. Pour elle, "c'est la même politique que Sarko mais en light". "Par exemple, ils auraient dû nationaliser PSA direct. Sur le traité, on nous rabâche que c'est pour les Grecs mais c'est surtout pour les banques !"
Pour autant, ces militants ne sont pas découragés. "On va tout faire pour que le gouvernement tienne ses engagements", promet Jacques Poirier. En ligne de mire, la manifestation du 30 septembre contre le traité budgétaire européen avec laquelle ils comptent bien se rappeler au bon souvenir du gouvernement. "Il faut mettre une pression telle que cela empêchera la ratification du traité, estime M. Liese, de Colombes. Le PS aujourd'hui est en train de sentir cette pression monter, y compris en interne." "Il y aura du monde", espère aussi M. Poirier, qui dès lundi commencera à distribuer un quatre pages spécial, tiré jeudi à près de deux millions d'exemplaires par L'Humanité, pour décrypter le traité.