Le blog des Indignés de Nimes et de la Démocratie Réelle Maintenant à Nimes
Source : www.reporterre.net
Grégoire Souchay (Reporterre)
jeudi 20 novembre 2014
Les étudiants de l’université du Mirail, à Toulouse, bloquent depuis ce matin leur université et une quarantaine d’entre eux y ont installé un campement d’occupation. Reportage.
Toulouse, correspondance
Depuis une semaine, les initiatives locales et éphémères se multiplient dans les universités du pays sans pour autant prendre de l’ampleur. Fidèle à son histoire sociale riche et engagée, c’est peut-être de l’université du Mirail, à la faculté de lettres et de sciences humaines, que proviendra le déclic. Située à Toulouse, à une heure de route de la zone humide du Testet, l’établissement est tout désigné pour être le terreau d’une nouvelle contestation, après trois années plutôt calmes.
Sauf que cette fois, il ne s’agit pas seulement de revendications universitaires, de budget et d’enseignement supérieur, mais aussi d’écologie et de violences policières. Le mot d’ordre se résume en un slogan : « Du fric pour les facs et la biodiversité, pas pour la police ni pour l’armée ». Tim, étudiant en géographie : « Quand on voit qu’ils se goinfrent avec des grands projets imposés qui coûtent des millions, qu’ils n’hésitent pas à mobiliser des brigades de CRS qui coûtent des centaines de milliers d’euros par jour, et que de l’autre côté il manque quatre millions d’euros chaque année au budget de l’université, il n‘est pas difficile de faire le lien ».
L’assemblée générale étudiante de la semaine dernière a ainsi voté les mots d’ordre suivants : « Contre les dégradations des conditions d’étude, les violences policières et la répression » et « Pour l’annulation des poursuites judiciaires, l’arrêt définitif du projet de barrage et des autres projets qui profitent à une minorité ».
Les motifs de contestation propres à l’université sont nombreux. On me décrit « les travaux de réhabilitation de l’université, en partenariat public privé, avec Vinci » et « ce grand escalier, qui mène au bâtiment principal, construit en février dernier et qui va être redémoli à nouveau parce qu’un nouveau projet le demande ». Des dépenses incomprises tandis que certains voient déjà « des filières fermées parce que non rentables ». La crainte générale reste « la privatisation de l’université. »
Beaucoup admettent ne pas connaître tous les dossiers de manière pointue, « mais justement, tout ça vient après, l’important c’est déjà d’agir », dit Marie. La contestation se joue aussi sur les mots, l’établissement ayant été renommé depuis peu Université Jean Jaurès - « parce que lui donner le nom d’un quartier populaire comme Le Mirail, ce n’est pas vendeur ? », s’indigne Jeanne.
La rencontre de plusieurs traditions de lutte
Ce qui se joue ici, au-delà des mots d’ordre, c’est la rencontre entre plusieurs traditions d’engagement, comme l’explique Stephen, bon connaisseur du milieu militant : « D’un côté le mouvement étudiant classique s’organise, avec ses assemblées, son fonctionnement, le rôle important des organisations politiques et syndicales et la suprématie de l’assemblée générale (AG) pour toutes les décisions. Et de l’autre, on a un mouvement des ZAD, qui existe déjà et qui s’organise de manière beaucoup plus autonome et spontanée, y compris en dehors des AG ».
Exemple frappant de ce choc des cultures : la décision spontanée d‘établir un campement d’occupation sur la fac. La question n’a pas été votée en assemblée générale, pourtant une quarantaine d’étudiants ont décidé mercredi après midi d’entamer l’occupation permanente de leur université, en plantant leurs tentes et construisant une première cabane faite de matériaux de récupération et de bricole.
À l’entrée, une pancarte nous invite à la « zone d’interpellation et de conversation ». Pablo, étudiant en anthropologie, m’avertit : « Ici, ce n’est pas une ZAD, nos revendications dépassent l’université en elle-même ». Pourtant, les parentés avec les campements du Testet ou de Notre Dame des Landes sont nombreuses : ça discute, construit, échange des pratiques et surtout le moyen d’action privilégié reste l’occupation.
Juliette explique : « On est présents, les gens viennent voir ce qui se passe, c’est plus efficace qu’une simple affiche pour interpeller ». Assis dans l’herbe à la tombée de la nuit, dans une ambiance agrémentée d’un air de reggae, la discute s’engage très facilement avec ces étudiants en sciences humaines habitués à la discussion publique et au débat d’idées. Beaucoup témoignent avoir été sensibilisés à la lutte de Sivens via « le foyer de géographie », lieu privilégié de rencontre des militants, où se trouve l’AMAP étudiante et diverses associations écologistes. Tous les occupants disent sentir « une facilité pour s’impliquer dans le campement, même si tu n’a pas d’expérience d’un mouvement, tu peux venir, planter des clous et déjà tu participes à la construction »....
*Suite de l'article sur. reporterre
Source : www.reporterre.net