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28 mars 2012 3 28 /03 /mars /2012 13:20

 

Le Monde - 28 mars 2012

Ils sont un peu entassés les uns sur les autres, entre les marchands de fruits et légumes et les vendeurs de chaussures en vrac. Mais en plein milieu du marché, au moins, on ne pouvait pas manquer les grandes et petites affiches accrochées tout autour du stand. Rien à voir avec les militants du Front de gauche qui tractent à quelques mètres : aucun candidat à défendre ici, que des candidatures à présenter.

 

Les stands de l'opération "Quartier de l'alternance" sur le marché d'Aubervilliers, le 27 mars. © E.R

Les stands de l'opération "Quartier de l'alternance" sur le marché d'Aubervilliers, le 27 mars. © E.R

 

Consciente des difficultés que connaissent les jeunes de son territoire à trouver des entreprises qui les accueillent en stage ou les prennent en contrat en alternance, la communauté d'agglomération Plaine commune organisait mardi, lendemain de la publication des chiffres du chômage – en hausse pour le 10e mois consécutif – une opération spéciale sur le marché d'Aubervilliers : attablés, entrepreneurs et organismes de formations recevaient un par un les jeunes, originaires de La Courneuve et d'Aubervilliers pour la plupart, venus leur présenter leur CV.

Première arrivée, dès 9 heures, Jessica, 21 ans. Elle a quitté la Guadeloupe où "il n'y avait pas d'offres" pour venir s'installer en métropole. Titulaire d'une licence professionnelle en gestion des ressources humaines, elle cherche désespérément un emploi depuis dix mois.

 

Ousmane, 26 ans, cherche une formation en alternance pour un BTS. © E.R

Ousmane, 26 ans, cherche une formation en alternance pour un BTS. © E.R

 

A 26 ans, après plusieurs années de petits boulots, en tant que vendeur, caissier ou secrétaire, Ousmane a décidé de reprendre ses études pour obtenir un BTS assistant de gestion, lui qui n'a pas le bac. Il cherche une entreprise pour un contrat en alternance, mais sait que ce sera difficile : car plus l'étudiant est âgé, plus l'employeur doit le payer cher (25 % du smic la première année pour un mineur, 53 % du smic pour les plus de 21 ans).

Charlotte*, 25 ans, n'en peut plus de son CDI de 30 heures par semaine dans une grande chaîne de fast-food et du "micro-salaire" qui va avec. Sans aucun diplôme autre que son bac SMS (sciences et techniques médico-sociales), elle avait commencé ça "comme un petit boulot" : "je n'aurais jamais cru y passer quatre ans !" Ses trois demandes de CIF (congé individuel de formation) pour devenir secrétaire médicale ont été refusées. "Je galère, confie-t-elle. Je n'ai pas envie de quitter mon boulot et de me retrouver chez moi au chômage..."

Le chômage, Ammar, 28 ans, l'endure depuis un an et demi malgré son CAP d'installation en équipements électriques, ses cinq années d'expérience, et ses multiples envois de candidatures. "A Pôle emploi, ils ne sont pas efficaces : ils m'ont plusieurs fois fait parvenir des annonces déjà pourvues..." Faute d'emploi stable, il a dû revenir habiter chez ses parents après avoir, un temps, volé de ses propres ailes. "Y a peut-être moins de boulot avec la crise, mais j'ai surtout l'impression que les gens sont perturbés par le mot lui-même, déplore-t-il. Certains pourraient embaucher mais se disent 'pas maintenant' car 'on ne sait jamais'. C'est d'abord un blocage psychologique."


Stressy 23 ans cherche du travail depuis juin 2011. © E.R

Stressy, 23 ans, cherche du travail depuis juin 2011. © E.R

 

Stressy, 23 ans, s'est assise à toutes les tables, et a pris plusieurs dossiers, aussi bien pour des formations d'électricien que pour devenir adjointe de sécurité dans la police nationale. Elle n'a pas trouvé de travail après sa formation d'assistante de vie aux familles en juin. Pour payer le loyer et subvenir à leurs besoins son ami cumule deux emplois : le premier de 6h30 à 13h30, le second de 14heures à 21h30.

Régulièrement, on voit aussi des parents plein d'inquiétudes poser quelques questions sur les stands et téléphoner à leurs enfants pour qu'ils viennent voir. "C'est pour ma fille de 22 ans, elle n'a pas de travail", dit l'une. "Mon fils a un bac+4 mais voilà deux ans qu'il ne trouve rien", dit une autre. Pas besoin de sondages pour comprendre qu'ici comme partout en France, l'emploi est au cœur des préoccupations.

"Mon vote ne fait pas changer les choses, il n'a pas de poids"

Alors, à moins d'un mois du premier tour, on demande à chacun de ces jeunes s'ils se sentent entendus par les politiques, s'ils ont l'espoir que leur situation s'améliore après les élections. Pour ces cinq-là comme pour tous ceux que nous croiserons pendant trois heures, la réponse sera là même : non. "Je ne sais pas même pas si j'irai voter ! assène Charlotte presque étonnée de la question. Qu'est-ce que ça va changer ? Rien !"


L'emploi est au cœur des préoccupations, et le vote qui se profile en avril prochain n'intéresse que peu de personnes rencontrées. © E.R

L'emploi est au cœur des préoccupations, et le vote qui se profile en avril prochain n'intéresse que peu de personnes rencontrées. © E.R

 

Ammar est du même avis : "A l'échelle nationale, ma situation, elle est infime. Même s'il y a un changement, je ne crois pas que c'est le fait que ce soit Hollande ou un autre qui va me faire retrouver un emploi !" Lui n'ira pas voter c'est sûr : comme Stressy, il ne s'est pas ré-inscrit sur les listes électorales. "En décembre, franchement, par rapport aux difficultés de ma situation, j'avais d'autres priorités..." Il évoque ses nombreuses démarches pour retrouver du travail, ses inquiétudes pour l'avenir.

Et finit par confier qu'en 2007, il y avait cru : il avait pris sa carte pour voter pour "Ségolène". "Sa défaite, je crois que ça a pesé psychologiquement : on s'était tous mobilisés ici et elle a perdu. Donc tu te dis que ça ne sert à rien de voter : mon vote ne fait pas changer les choses, il n'a pas de poids."

De tous, seul Ousmane est sûr de se rendre aux urnes le 22 avril. Ce sera la première fois. Pourtant, il ne croit pas non plus que les "contrats d'avenir" de François Hollande, le quota de 5% d'apprentis dans les entreprises de Nicolas Sarkozy ou l'investissement promis par Jean-Luc Mélenchon dans l'enseignement professionnel (voir les programmes) puissent changer sa situation. "Vu la tournure des choses, avec la fusillade de Toulouse et tout ça, je vais surtout aller voter pour que l'extrême droite ne passe pas, explique-t-il. Je veux juste éviter que ça empire. Mais pour mon quotidien, je ne crois pas que ça changera grand-chose."

A. L.


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