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5 décembre 2011 1 05 /12 /décembre /2011 12:45

Lettre de Wall Street | LEMONDE | 05.12.11 | 12h57

 
 

 

Des membres de mouvement Occupy Wall Street ont paradé dans les rues de New York pour célébrer la fête d'Halloween, le 31 octobre 2011.

Des membres de mouvement Occupy Wall Street ont paradé dans les rues de New York pour célébrer la fête d'Halloween, le 31 octobre 2011.AFP/EMMANUEL DUNAND

Où vont les OWS, les membres du mouvement Occupy Wall Street ? Pour certains, ils s'étiolent déjà : leur voix est de moins en moins répercutée par les médias mainstream ("dominants") ; sans susciter une grande émotion, les municipalités les expulsent les uns après les autres de leurs lieux publics d'"occupation" - Los Angeles et Philadelphie sont les dernières en date. Pour d'autres, le mouvement ne ressemble à rien de connu. Entre Dada, Debord et Facebook, il se veut novateur, "sans chefs", disparaissant là pour mieux réapparaître demain sous une nouvelle forme. Mais si son avenir reste incertain, en attendant, il est parvenu à imposer sa marque et à refaçonner, l'air de rien, le discours politique.

Tout commence par une formule aiguisée comme un slogan marketing, "Nous sommes les 99 %" ; induisant d'évidence son écho "Ils sont le 1 %". Jusqu'ici, le débat public, de tous bords, était dominé par la colère ; une immense colère contre ceux accusés d'avoir mené l'Amérique vers cet état de décrépitude ; une colère protéiforme, parfois haineuse et surtout diffuse : contre l'Etat fédéral, le Congrès, Wall Street en général ou les banquiers en particulier, les syndicats, les "feignants" (les sans-emploi), les immigrés, les corrompus, les "progressistes", pour le Tea Party, ou les "fascistes", pour la gauche activiste, sans oublier le principal, Barack Obama, perçu, c'est selon, comme un "socialiste" masqué ou, à l'inverse, comme un "suppôt de la finance". Le coup de génie - au diable les outrances - est d'avoir désigné un ennemi unique, unificateur et évident pour tous : le "1 %". Et de l'identifier par un seul sigle : Wall Street.

Pour gérer plus solidairement la résorption de la dette, Barack Obama voudrait taxer un peu plus les 2 % des Américains les plus fortunés. Kalle Lasn, un ex-publicitaire retraité de Vancouver, au Canada, ou plutôt un iconoclaste et un spécialiste assumé du détournement de slogan (pour autant pas plus marxiste que Groucho), a fait encore plus fort : 1 % lui a suffi pour désigner cette nouvelle strate qui continue imperturbablement à s'enrichir quoi qu'il advient et qui vit si loin des 99 % autres. Le succès de la trouvaille est exceptionnel. Les deux notions, 99 % et 1 %, sont quasi entrées dans le lexique public, faisant instantanément sens : le peuple d'un côté, la nouvelle aristocratie de l'autre.

M. Lasn a aussi contribué à trouver le nom du mouvement, le mot "occupy". Lorsque le New York Times organise un chat sur les inégalités, il l'intitule "Le 1 % et les 99 %". Pas besoin d'explications. L'économiste Paul Krugman entend-il pourfendre l'idée républicaine que taxer les super-riches porterait préjudice à la création d'emplois, rappeler que de 1979 à 2005 le revenu d'un Américain moyen, compte tenu de l'inflation, a augmenté de 21 % (avant de régresser depuis), alors que celui du 0,1 % de leurs compatriotes les plus riches a cru de 400 %, il intitule sa chronique : "Nous sommes les 99,9 %."

Mais l'idée n'est pas uniquement entrée dans le lexique de la gauche. Vous souvient-il de Sarah Palin ? Quelque peu oubliée récemment, elle signe un article d'opinion dans le Wall Street Journal. Son thème, la "corruption" des membres du Congrès. Par quel miracle, s'interroge-t-elle, tant de politiciens "arrivent à Washington comme des hommes et des femmes aux moyens modestes et en repartent millionnaires ?" Et d'évoquer les turpitudes des élites politiques pour s'enrichir personnellement. Mme Palin ne cache pas que sa chronique a pour objet de promouvoir le livre d'un de ses conseillers au titre assez mélenchonien de Jetez-les tous dehors.

Mais l'essentiel n'est pas là, il est dans le titre de son article : "Comment le Congrès a occupé Wall Street". L'appel du pied ne saurait être plus clair. D'ailleurs, qu'écrit en conclusion Sarah-la-populiste ? Elle en appelle à réformer un système qu'une minuscule élite se serait approprié : "La base des mouvements de droite comme de gauche devrait pouvoir embrasser ensemble cette ambition."

En réalité, lorsqu'ils prétendent représenter 99 % des Américains, les "occupants" font évidemment preuve d'un certain aplomb. Un nombre de leurs concitoyens au moins égal à celui de leurs sympathisants nourrit des sentiments qui vont de mitigés à virulemment hostiles à leur égard. Il reste que le slogan mobilisateur parle même à ceux-là. Et là réside sa force. N'importe quel Séguéla vous le dirait, un slogan ne doit pas seulement être judicieux, il doit aussi venir au moment idoine. Or, dans le cas présent, l'idée du "1 % = Wall Street", après avoir longtemps cheminé, paraît avoir soudainement trouvé un écho.

Dernière démonstration en date : jeudi, une proposition de loi permettant de financer partiellement la prorogation des allégements fiscaux sur les contributions sociales des employeurs et des salariés par une surtaxe des personnes gagnant plus de 1 million de dollars par an a été mise en échec par la minorité républicaine au Sénat. M. Obama et les démocrates ont eu tôt fait de clamer que leurs adversaires ont préféré sacrifier 160 millions de bénéficiaires pour protéger 350 000 contribuables, soit un peu plus de 1 million avec leurs familles, soit aussi... près de 1 % des Américains imposables sur le revenu. Depuis, les républicains se divisent sur leur refus jusqu'ici imperturbable de toute augmentation d'impôts. Merci qui ?


cypel@lemonde.fr

Sylvain Cypel

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