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Le blog des Indignés de Nimes et de la Démocratie Réelle Maintenant à Nimes

«60 millions de consommateurs» refuse d'être filialisé

60 millions de consommateurs publie chaque mois son actionnariat en gros caractères sur sa couverture: édité par l'Institut national de la consommation, le magazine consumériste appartient collectivement à tous les Français.

 

 L'INC est en effet un établissement public sans investisseur privé sous la tutelle du ministre de la consommation, c'est-à-dire, en ce moment, le secrétaire d'Etat Frédéric Lefebvre.

Mais le président du conseil d'administration de l'EPIC, Francis Amand, veut «pousser l'oisillon 60 hors du nid». Ce sont les mots qu'il a employé le 10 février en présentant un projet de filialisation du magzine: il faut «apprendre à voler de ses propres ailes sans le confort de l’appartenance à la sphère publique» et «isoler organiquement l’origine des pertes pour éviter qu’elles ne contaminent le parent sain », avait-il alors expliqué. Deux semaines plus tard, la direction présentait aux élus du personnel un projet assez avancé préparé par le cabinet Gide Loyrette Nouel, sur lequel le conseil d'administration devra se prononcer le 5 avril.

Les salariés de l'INC ont donc organisé vendredi 16 mars un vote interne où les trois-quarts des inscrits (83% des votants) se sont prononcés contre le projet de filialisation. « En quoi le fait d’être à l’INC vous apporte aujourd’hui ? En quoi ça vous permet de mieux choisir les sujets ?», leur avait demandé Francis Amand. Dans une lettre ouverte, les salariés lui avaient répondu: «Sachez, Monsieur, que l'appartenance de 60 à l'INC permet de donner à chaque article du journal le poids de l'expertise d'un ingénieur, d'un économiste ou d'un juriste, et de traiter des sujets graves qui ne seraient même pas évoqués dans un magazine de consommateurs purement commercial : les limites de la concurrence en assurance emprunteur, le prix et la qualité de l'eau, la géolocalisation des personnes dépendantes, pour ne prendre que des exemples récents. De même, la parole, les actes et les propositions des experts de l'INC sont toujours pris en considération dans les instances auxquelles ils participent, car leurs interlocuteurs savent que derrière eux se trouvent la puissance et l'influence de 60 Millions de consommateurs. Les priver de leur bras armé revient à affaiblir considérablement la portée de leur travail.»

Comment comprendre alors ce projet? Le magazine n'est certes pas dans la meilleure forme. Il se place bien derrière son concurrent, Que choisir?, qui s'octroie les trois quarts des ventes de la presse consumériste. La situation s'est même aggravée après l'arrêt des campagnes de réabonnement depuis 2009. En quatre ans, ceux-ci sont passés de 120.000 abonnés en 2009 à moins de 100.000 aujourd'hui. En 2010, les pertes ont avoisiné les 400.000 euros en 2010 et le cabinet MBV & associés avait prévu le même déficit pour l'exercice 2011 dans une étude commandée par la direction et facturée... plus de 200.000 euros. On sait aujourd'hui que les comptes 2011 sont finalement bénéficiaires et, au prix d'une campagne de réabonnement, les ventes ont commencé à remonter début 2012.

La même étude estimait qu'il fallait une vingtaine de millions d'euros d'investissements pour relancer le magazine et concluait que, pour trouver une telle somme, il fallait nécessairement permettre l'entrée dans le capital d'investisseurs privés. Le directeur général de l'INC, Eric Briat, avait tenté de lancer ce processus sans succès. Et à la fin de l'année dernière, il «n'est pas revenu de vacances», explique un salarié: il est retourné au ministère de l'agriculture.

Mais les partisans de la filialisation n'en sont pas resté là et un administrateur, Loïc Armand, qui préside la commission consommation du Medef, a tenté le coup de force au conseil d'administration du 8 décembre 2011. Il a indiqué qu'il ne voterait pas le budget 2012 si le conseil n'adoptait pas une résolution demandant à la direction générale de l'INC de préparer la filialisation du magazine. La résolution votée par les administrateurs, mais pas inscrite à l'ordre du jour, est aujourd'hui contestée par les salariés devant le tribunal administratif.

A partir de ce lundi, les salariés veulent lancer une nouvelle phase de mobilisation, alerter les médias et les politiques. Les candidats, bien sûr, mais aussi leur secrétaire d'Etat, Frédéric Lefebvre, puisque c'est lui qui est responsable de l'INC, ou, après le 6 mai, son successeur.

 

 

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