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23 juin 2013 7 23 /06 /juin /2013 21:28

 

 

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  observatoire le 21/06/2013 par Sébastien Rochat

 

 

Phénomène complexe, estimations invérifiables
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Et revoilà les emplois non pourvus. Ces fameux emplois qui ne trouvent pas preneurs malgré le nombre toujours plus élevé de chômeurs. Lors de son discours d'ouverture de la conférence sociale, François Hollande a estimé qu'il y avait entre 200 000 et 300 000 offres non pourvues, des chiffres alarmant censés justifier un "plan d'urgence" pour la formation professionnelle. De quoi agacer le leader de la CGT, Thierry Lepaon, qui a aussitôt dénoncé une "opération de communication". Car le sujet est un vrai serpent de mer. Depuis des années, la presse tente de résoudre le mystère de ces emplois non pourvus, non sans mal : combien y en a-t-il vraiment ? Pourquoi ces offres ne sont-elles pas satisfaites ? Si la responsabilité des chômeurs est souvent mise en avant (problème de paie, horaires contraignants), celle des employeurs est plus rarement abordée...

On ne l'attendait pas sur ce terrain. Dans son discours d'ouverture de "la Grande Conférence sociale pour l'emploi", François Hollande a abordé un sujet qui fâche : les centaines de milliers d'offres d'emploi non pourvues. "Nous avons à regarder une réalité, elle n’est pas nouvelle. Il y a à peu près de 200 000 à 300 000 recrutements - d'ailleurs personne n'a la véritable statistique - qui sont entamés, puis abandonnés, parce qu’il n’y a pas de candidats suffisamment qualifiés par rapport aux emplois qui sont proposés".

Comment résoudre ce problème ? Améliorer la formation, mais pas seulement. Hollande a fait une "proposition saugrenue" pour reprendre le terme de Libération : "S'il s’agit d’un différentiel de salaire, cela peut arriver, alors comblons-le, cela peut être la responsabilité de l’Etat, parce que mieux vaut un tel soutien que la poursuite d’une indemnisation de chômage, cela coûtera moins cher et cela permettra de favoriser le recrutement, et donc l’embauche". En clair, si les entreprises ne payent pas assez, l'Etat pourrait compléter le salaire afin que les chômeurs...

acceptent l'offre d'emploi picto

 

Le problème de ces offres d'emploi non pourvues revient souvent sur le tapis. En 2008, Sarkozy avait avancé le chiffre record de 500 000 offres non satisfaites pour justifier une série de sanctions contre les chômeurs. L'idée était de diminuer les indemnités des chômeurs ayant refusé "deux offres d'emplois acceptables". Ce chiffre de 500 000, Sarkozy l'avait répété en février 2011 alors même que son ministre du travail, Xavier Bertrand, évoquait au même moment le chiffre de... 250 000 offres non pourvues. Même Lefigaro.fr avait ironisé sur ce "fantasme des offres d'emploi non pourvues". Car il y a d'abord un problème de chiffres : les estimations passent facilement du simple au double, sous Sarkozy mais aussi sous Hollande.

Lefigaro.fr, un fantasme

Lors de sa conférence de presse, Hollande a donné une fourchette entre 200 000 et 300 000. Citant Pôle emploi, Le Monde donne un chiffre plus faible : 116 000.

Comment expliquer ces écarts et d'où viennent ces chiffres ? Sur son blog, le spécialiste des questions sociales au Figaro, Marc Landré, avait estimé à l'époque que cette estimation de 500 000 faite par Sarkozy était "un chiffre pifométrique et fantasmagorique, tout comme celui de 250 000 ou 300 000 régulièrement mis en avant sans qu'il ait une base statistique fiable". Selon lui, ces estimations provenaient d'une extrapolation issue "d'un sondage réalisé il y a quelques années par les chambres des métiers afin d'estimer le nombre d'emplois non pourvus dans leurs secteurs d'activité".

Cherchant à percer le mystère de "l'obscur calcul des emplois non pourvus", Libération écrivait en 2008 que l'estimation de 300 000 (lancée dès 2004 par François Fillon), provenait d'une étude de l'ANPE "qui avait mixé le nombre d'annonces d'emploi déposées à l'agence qui n'avaient pas trouvé preneur et les résultats d'une étude qualitative sur les difficultés de recrutement des employeurs". Limpide. Le résultat issu de cette formule magique avait ensuite été extrapolé vu que l'ANPE (tout comme Pôle emploi aujourd'hui) ne gère que 30 à 40% des offres d'emploi totales du pays. "Une simple règle de trois partant du résultat obtenu" permet d'obtenir "le chiffre de 300 000", expliquait Libération. Difficile de s'y retrouver.

A-t-on aujourd'hui une idée plus précise des chiffres ? Citant là encore Pôle Emploi, Latribune.fr indique que "sur la totalité de l'année 2012, Pôle Emploi a comptabilisé 456 400 offres d'emplois qui n'ont pas été satisfaites. Soit 15,1% de la totalité des offres collectées par l'organisme". Des chiffres que le site suggère de prendre "avec des pincettes". On comprend pourquoi : interrogé par l'AFP en avril 2013, Hélène Paris, directrice des statistiques et de l'évaluation à Pôle emploi, explique que sur ces plus de 400 000 offres non satisfaites, seulement "126 000 n'ont pas été pourvues faute de candidats".

"Inexpérience des recruteurs et méconnaissance du marché local du travail"

Derrière ce festival de chiffres se cache un phénomène complexe. Car contrairement à l'idée communément admise et souvent relayée par les médias selon laquelle ces offres ne sont pas pourvues à cause des chômeurs (emploi mal payé, horaires trop contraignants), les explications sont multiples et les outils statistiques très incomplets.

Par exemple, dans une note publiée fin 2012 et reprise par Latribune.fr, l'Apec (Association pour l'emploi des cadres) écrit que dans "6 cas sur 10, il s'agit de renoncements parce que le poste ne correspond plus à un besoin (29 %) ou pour des raisons budgétaires (29 %) (...) L'absence de candidature adéquate n'est à l'origine de l'abandon que dans 16 % des cas". Autre raison évoquée l'association nationale des DRH (ANDRH) et relayée par Latribune.fr : "le fait que les recruteurs sont parfois trop exigeants, ou proposent des offres d'emploi farfelues : bac + 5 avec 10 ans d'expérience payé au Smic".

Plus grave : un consultant de l'Apec estime que certaines offres sont des "offres d'emplois fantômes qui, de manière tout à fait illégale, ne correspondent à aucun poste réel à pourvoir. Leurs publications servent à préparer un appel d'offres, à constituer une base de CV, à se faire de la publicité...".

Et l'Apec est bien placée pour le savoir, car cette pratique a été dénoncée par Envoyé Spécial en mai 2013 pour une offre d'emploi postée... sur le site de l'association !

En caméra cachée, un informaticien avait postulé à une annonce pour un emploi qui n'existait pas. Une manière pour l'entreprise de gonfler sa base de données de CV... en toute illégalité. Interrogé par Envoyé Spécial, le responsable "statistiques" de l'Apec, mis devant ses responsabilités, était...

dans l'embarras picto

La responsabilité des employeurs est également évoquée dans une "étude qualitative" de Pôle emploi, citée par Libération et reprise dans une note du gouvernement : "Ces échecs se concentrent dans des entreprises qui ont une faible expérience du recrutement". Ces offres sont "parfois déconnectées des compétences réellement nécessaires au poste à pourvoir" si bien que "ces échecs peuvent être imputables autant à la pénurie de candidats qu'à l'inexpérience des recruteurs et leur méconnaissance du marché local du travail".

Histoire d'y voir un peu plus clair, le Conseil d'orientation pour l'emploi (COE) travaille depuis janvier pour mieux définir ce qu'est une "offre d’emploi non pourvue". Avec une série de questions, recensées par l'AFP, et qui relèvent du bon sens : "Qu'entend-on par offres d'emploi non pourvues ? Le sont-elles durablement ou temporairement? Existent-elles en grand nombre ? Ces emplois correspondent-ils à des métiers à tension? Des compétences rares, un manque d'attractivité? Les offres correspondantes sont-elles suffisamment visibles?". Le COE, qui continuait ses travaux, mardi 18 juin, est censé rendre son rapport d'ici septembre. Avant la mise en place du "plan ambitieux" du gouvernement, ce serait bien, non ?


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