Ou presque. En face du Palais Bourbon. Le Collectif Roosevelt2012 appelait à un rassemblement symbolique pour donner une chance à ses propositions d'intéresser un peu les députés intronisés ce jour. Ceux dont on voudrait bien qu'ils actent que "notre politique consiste à tourner le dos à la fuite en avant". Cette perle parlementaire compilée malicieusement par Paul Quimper*, n'était finalement pas si niaise que ça.
Stand, distribution de tracts, les troupes au départ un peu clairsemées se sont répandues sur la Place du Palais Bourbon, remettant de la lecture à M. Guaino, par exemple, sous l'oeil des caméras. Jusqu'à ce que les forces de l'ordre, très fournies, elles, leur enjoignent de se cantonner au périmètre des barrières de la Place Edouard Herriot, sous les arbres.
Et pourtant, le péril était si grand que de mini-citoyens en maraude pouvaient sans souci arpenter le périmètre... La gauche est au pouvoir, bon. Mais ça rappelle des choses... :-(
L'Unef et la CGT, faisant bannière et orchestre communs pour l'occasion, et des jeunes du MJS ont rejoint la place à grand renfort de décibels. Du festif et de l'humour. Une sublime a chanté "Je veux surtout travailler" sur l'air de Pink Martini.
Pour l'anecdote, un "responable" très tendu a dissuadé un membre du Collectif de distribuer des tracts à ses ouailles. "Nous sommes ici, vous êtes là, on vous respecte, respectez-nous, etc..." Et l'orchestre de jouer "Happy together"... ça ne s'invente pas ! C'est mal barré de ce côté-là. Cela m'a rappelé mon premier billet de blog**...
Quelques minots daubant sur l'âge des signataires, sans se soucier de leur parcours, rigolaient en balançant de fines blagues du style "Comme la pub Ricard. 80 ans et toujours jaune..." Bon on leur souhaite une longue vie de bonheurs militants. Pour la retraite, ce sera sans doute compliqué car beaucoup fument comme des pompiers... Les revendications sont pourtant justes
Le cantonnement a eu du bon. Au lieu de faire la chasse au député, les députés se sont déplacés sur le terrain du Collectif. Mouvements de micros et de caméras à l'appui. C'était LE lieu où il fallait être vu. Mieux que la Salle des Colonnes ! Cambadélis, Marie-Georges Buffet, Jean Lassalle, Philippe Doucet et j'en passe, il faudrait retourner au trombinoscope...
A 15h, Bruno Leroux était encore en train de répondre aux questions, de manière bonhomme... au grand amusement de ceux qui attendaient que la cloche sonne.... Le vote allait commencer.
Pierre Larrouturou a passé l'après-midi en entretiens, continuant inlassablement son travail de pédagogie (ici avec un journaliste américain).
Une intervention scénarisée du CRAN pour dénoncer les discriminations... Dommage de se faire engueuler par le type qu'est pas là pour s'amuser, lui, avec sa caméra.
Avant de partir, un tour à la boutique de l'Assemblée Nationale où les soldes battent leur plein. Prière de ne pas y voir malice ...
Mais je me fais le plaisir de rappeler cette forte citation, car au moment où Monsieur Bartolone votait pour lui-même sans doute, je le voyais sur l'écran de la boutique, la police emmenait un récalcitrant au panier à salade sur le trottoir d'en face :
"C'est avec une profonde émotion que je remercie ceux qui viennent de m'adresser des paroles si cordiales, et que je vous remercie tous, mes chers confrères. Et dans le mot confrères, il y a le mot frères..."Victor Hugo, 27 février 1883
Puissent nos députés ne pas oublier non plus que dans le mot démocratie, il y a le mot demos. Du grec ancien δῆμος dễmos, « peuple. Et que comme dit Joffrin, pour une fois inspiré : "Les réformes importantes qui ne sont pas réalisées en début de mandat ne le sont jamais."
*Paul Quimper "Perles parlementaires" (Horay edition, Boutique de l'Assemblée Nationale)
**http://blogs.mediapart.fr/blog/dianne/270509/convergences-erratiques-la-passion-selon-saint-marx