Donc regardons un peu le business plan de cette start-up !
Outre le cash disponible en début de campagne de 9,4 millions d'euros, une campagne d'appel aux dons a été lancée. Le parti Les Républicains qui en attendait 4 millions d'euros est furieux de constater, selon leur trésorier cité par Mediapart, que les dons arrivent directement sur les comptes du micro-parti de Fillon...
Par hypothèse comptons la moitié, soit 2 millions d'euros déjà engrangés.
Soit donc une mise de départ de 9,4 + 2 = 11,4 millions d'euros.
Si le trésorier de Fillon est raisonnable, il a anticipé jusqu'au premier tour un budget au plafond, soit 16,8 millions d'euros dont les deux tiers pour les semaines à venir.
Donc, aujourd'hui, il aurait dépensé environ 6 millions et peut être encore formellement engagé 2 millions, soit en tout 8 millions.
Abandonner maintenant. Bénéfice : 3,4 millions d'euros
Imaginons un instant que Fillon abandonne demain, il restera dans la caisse "Fillon" 11,4 millions d'euros moins 8 millions d'euros soit 3,4 millions d'euros... pas mal pour rebondir.
Aller jusqu'au premier tour, sans forcer sur la dépense. Bénéfice : 5,4 millions d'euros
Si sa motivation est seulement financière, il peut aussi choisir d’atteindre simplement le premier tour (et passer les fameux 5%, ce qui est quand même à sa portée) en faisant le "service minimum", c'est à dire en dépensant "seulement" 11,4 millions sans même avoir à emprunter aux banques.
Dans ce cas il sera remboursé par l'Etat de 47% de ses dépenses soit 5,4 millions d'euros.
Soit un magot arrondi à 2 millions d'euros. Encore mieux pour voir venir.
Une analyse cynique de sa situation le pousserait donc à poursuivre l'aventure avec des dépenses réduites, par exemple en pestant contre le gouvernement et les manifestations qui l'obligent à annuler des meetings...
Aller au premier tour en dépensant jusqu'au plafond. Bénéfice : 2,6 millions d'euros
Maintenant, l'ego des hommes politiques étant immense, on peut imaginer un scénario plus volontariste où le candidat dépense le plafond soit 16,8 millions d'euros en empruntant 5,4 millions d'euros aux banques.
S'il n'atteint pas le second tour il reçoit 8 millions d'euros de l'Etat , rembourse ses dettes bancaires, il lui reste donc 2,6 millions d'euros soit nettement moins.
S'il atteint le second tour il doit dépenser plus, l'Etat lui donnant jusqu'à 2,7 millions de plus. Il pourrait cependant, s'il est prudent, garder sa cagnotte de 2 à 3 millions d'euros... Et pourrait donc être financièrement tenté de continuer l'aventure".
Propos recueillis par Pascal Riché