Le Luxembourg reste le grand trou noir fiscal de l’Union européenne. "En 2015, les vingt plus grandes banques de l’Union Européenne ont dégagé 4,9 milliards d’euros de bénéfices au Luxembourg, soit plus qu’au Royaume-Uni, en Suède et en Allemagne réunis", résume le rapport. Barclays, la cinquième plus grande banque en Europe, a déclaré à elle-seule 557 millions d’euros de bénéfices au Luxembourg mais n’a versé qu’un million d’euros au titre de l’impôt sur les bénéfices (soit un taux de 0,2%).
La situation du Luxembourg reste extrêmement choquante, mais elle n’a pas empêché les leaders européens de désigner à la tête de la Commission européenne l’un des grands prêtres de ce système : lorsqu’il était ministre des Finances et Premier ministre du grand-duché, Jean-Claude Juncker se battait bec et ongle pour préserver le secret bancaire…
C’est le ratio bénéfice/employé qui révèle le plus clairement, selon Oxfam, l’ampleur de l’optimisation fiscale : "En 2015, un employé moyen à plein temps générait pour sa banque 45.000 euros de bénéfices, contre 171.000 euros en moyenne pour celui travaillant dans les paradis fiscaux". Un rapport de 1 à 4.
Mais il y a des cas extrêmes : Barclays ne compte que 42 employés au Luxembourg, mais les bénéfices de sa succursale s’élèvent à 557 millions d’euros, soit 13,3 millions par employé, à comparer aux 38.000 euros par employé du groupe pris dans sa globalité : un rapport de 1 à 348 !
Il existe aussi des cas dans lesquels la productivité du travail est mathématiquement infinie, car le bénéfice est généré par… zéro employé. BNP-Paribas n’emploie ainsi personne aux îles Caïmans, mais y affiche 134 millions d’euros de bénéfices.
Pascal Riché