Des taux de délinquance importants
La région est particulièrement touchée par l’insécurité et le problème est à l’origine du mouvement social en Guyane. Les chiffres témoignent notamment d’une violence plus importante qu’en métropole : en 2016, le ministère de l’intérieur y a recensé près de 3 fois plus de violences volontaires, 4 fois plus de vols violents sans arme et 13,5 fois plus de vols avec arme. Les chiffres sont également parmi les plus élevé de tout l’outre-mer. En janvier, le procureur de Cayenne, Eric Vaillant, estimait qu’avec 42 homicides en 2016 pour une population de 250 000 habitants, la Guyane était le « département le plus meurtrier de France en valeur relative », c’est-à-dire rapporté au nombre d’habitants.
En octobre 2016, Bernard Cazeneuve, alors ministre de l’intérieur, avait promis de renforcer les effectifs de police et gendarmerie pour tenter d’endiguer la délinquance et la criminalité.
Une situation migratoire difficile
La situation migratoire s’ajoute à ces difficultés. La Guyane est le seul DOM-COM français habité à ne pas être une île, et le seul territoire de la France et de l’Union européenne à avoir une frontière terrestre avec des pays d’Amérique latine. Elle exerce ainsi une forte attractivité économique et sociale, notamment pour les Haïtiens, les Brésiliens et les Surinamais.
En conséquence, le département a enregistré plus de 40 % des demandes d’asile reçues par la France dans l’outre-mer en 2013, et ces demandes ont considérablement augmenté en 2015. La population de nationalité étrangère représente 35 % de la population totale. C’est moins qu’à Mayotte (40 %) mais beaucoup plus qu’en métropole (6,4 %), qu’en Martinique (1,9%) ou en Guadeloupe (4,7%). Parmi eux, le ministère de l’intérieur estimait le nombre d’étrangers en situation irrégulière sur le territoire entre 30 000 et 60 000 en 2012. La présidente du Front national, Marine Le Pen, a ainsi soutenu le 26 mars que « l’immigration massive » en Guyane était à l’origine de la criminalité, argument simpliste que rien ne permet de confirmer.
Si plus de la moitié des détenus en Guyane était de nationalité étrangère en 2012, le bilan statistique du ministère de l’intérieur pour 2016 souligne que 88 % des mis en cause (personnes auditionnées par la police et signalées aux autorités judiciaires car des indices graves ou concordants indiquent qu’elles ont pu participer à la commission d’un crime ou d’un délit) en Martinique, Guadeloupe et Guyane sont français. Par ailleurs, l’Insee relevait en 2013 que le solde migratoire pour la région, positif durant des décennies, était négatif depuis 2012.