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POURQUOI C’EST FAUX
Il est en effet possible, pour les peines de prison ferme de moins de deux ans, d’aménager la peine si la situation de la personne condamnée le permet aux yeux de la justice. Il n’y a alors pas de mandat de dépôt.
Il est, en revanche, erroné de dire que les peines de prison de moins de deux ans ne sont jamais appliquées, ou « systématiquement non appliquées », comme le dit M. Macron. La preuve ? Au 1er janvier 2015, 12 % des peines en cours d’exécution (sur 60 742 détenus) concernaient des peines de moins d’un an et 29 % des peines de 1 à 3 ans, selon les chiffres du ministère de la justice.
Marine Le Pen force le trait sur l’insécurité
POURQUOI C’EST EXAGÉRÉ
Marine Le Pen a évoqué des « violences » et des « cambriolages sur tout le territoire », sans citer de chiffres précis. La candidate du FN semble ici passer un peu vite du sentiment d’insécurité qui reste élevé (notamment du fait des attentats successifs depuis janvier 2015) à une « explosion » des statistiques pour le moins contestable.
Il faut toujours prendre les chiffres de la délinquance avec du recul, car ils mesurent l’activité policière (par exemple à travers les plaintes déposées) et pas les atteintes commises directement. Reste que, selon les grands indicateurs disponibles, difficile de parler « d’explosion ».
Par exemple, le nombre de vols et de tentatives de vol de voitures est en baisse continue depuis 2006, selon l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP). A l’inverse, le nombre de victimes de retraits frauduleux sur les comptes bancaires a augmenté. Les cambriolages, les injures ou les violences physiques sont, quant à eux, restés plutôt stables depuis 2014, à un niveau « élevé par rapport au niveau moyen des années 2006 à 2010 », selon l’ONDRP.
Temps de travail : l’argument discutable de François Fillon
POURQUOI C’EST CONTESTABLE
Certaines données, notamment celles d’Eurostat sur le temps de travail des salariés à temps complet, laissent effectivement entendre que les Français travaillent moins longtemps que leurs voisins européens.
Ces chiffres sont toutefois à manier avec précaution : d’abord, il faut également souligner que toutes catégories confondues (c’est-à-dire en intégrant les temps partiels et les indépendants), les Français arrivent cette fois en 10e position (sur 28) du classement européen.
Par ailleurs, lorsque l’on s’intéresse au temps de travail et donc à la « rentabilité » des salariés en France, il n’est pas inintéressant de citer les chiffres de productivité. Et cette fois, selon Eurostat, la France se classait en 5e position européenne en 2014, devant l’Allemagne et le Royaume-Uni par exemple, toujours selon Eurostat.
Lire aussi : Les Français travaillent-ils vraiment moins que les autres Européens ?
Approximation de Jean-Luc Mélenchon sur le nucléaire
DU VRAI ET DU FAUX
Le candidat a raison lorsqu’il parle de dix-huit réacteurs qui dépasseront les 40 ans avant 2022. Ils se trouvent dans les centrales de Fessenheim (Haut-Rhin), Bugey (Ain), Dampierre (Loiret), Gravelines (Nord), Tricastin (Drôme) et Blayais (Gironde).
En revanche, les « 100 milliards d’euros » que coûteraient le grand « carénage » correspondent plutôt à la somme qu’il faudrait débourser pour rénover les 58 réacteurs français selon la Cour des comptes. Pour les dix-huit réacteurs évoqués, on arrive plutôt à 30 milliards… bien qu’il ne s’agisse que d’une estimation, qui peut encore évoluer.
Dette publique : l’erreur de François Fillon
POURQUOI C’EST FAUX
Alors que la dette publique française est d’un ordre de grandeur équivalent au produit intérieur brut (PIB) – soit 97,5 % de celui-ci au troisième trimestre 2016 selon l’Insee –, cela n’en fait pas le pays le plus endetté du monde. Par exemple, les Etats-Unis (108 % du PIB) et le Japon (250 %) le sont beaucoup plus.
Attention, néanmoins, ce chiffre à lui seul ne permet pas d’appréhender la situation des finances publiques d’un pays, puisque d’autres paramètres jouent : croissance, taux d’emprunts, niveau du chômage… C’est pourquoi le taux d’endettement du Japon, qui peut paraître spectaculaire, n’est pas un problème majeur pour le pays actuellement.
Chômage : l’exagération de Marine Le Pen
POURQUOI C’EST TROMPEUR
Si l’on y ajoute les personnes à temps partiel et souhaitant travailler davantage (les catégories B et C), ce chiffre s’établit à 5,5 millions, selon les chiffres de Pôle emploi. Si l’on ajoute les catégories D et E, qui regroupent les personnes non tenues de chercher un emploi (personnes en stage, formation, maladie, contrats aidés…), on atteint 6,2 millions de demandeurs d’emploi en janvier 2017 (6,6 millions pour la France entière).
A la fin de janvier, en France métropolitaine, le nombre de chômeurs tenus de rechercher un emploi et sans activité (catégorie A) était de 3,5 millions. C’est ce nombre que l’on convoque communément pour parler des « chiffres du chômage ».
Cette définition, très large, ne correspond pas à celle du « chômeur », au sens du Bureau international du travail (BIT), qui doit répondre à trois critères simultanément :
- être sans emploi, c’est-à-dire ne pas avoir travaillé au moins une heure durant une semaine de référence ;
- être disponible pour prendre un emploi dans les quinze jours ;
- avoir cherché activement un emploi dans le mois précédent ou en avoir trouvé un qui commence dans moins de trois mois.
C’est sur cette base que l’Insee estimait le nombre de « chômeurs » à 2,8 millions de personnes en France métropolitaine au troisième trimestre 2016.
Lire aussi : Chômage : pourquoi des chiffres différents entre l’Insee et Pôle emploi ?
L’erreur de Benoît Hamon sur les chiffres de l’immigration
POURQUOI C’EST TROMPEUR
Certes, on retrouve bien le chiffre d’un solde migratoire de +67 000, soit dans l’ordre de grandeur évoqué par Benoît Hamon, dans le bilan démoraphique 2016 de l’Insee. Sauf que ce chiffre ne concerne pas seulement les immigrés. Il mélange les arrivées et départs de personnes nées en France ou non, qu’elles soient de nationalité française ou non.
Or, comme le relève Libé Désintox, il y a eu en 2013 deux mouvements inverses, selon l’Insee :
- Une baisse de 120 000 du nombre de personnes nées en France dans le pays (197 000 sont parties, 77 000 sont revenues) ;
- Une hausse de 140 000 du nombre de personnes immigrées en France (235 000 arrivées, 95 000 départs).
Si l’on ne garde que les immigrés, comme le laisse entendre Benoît Hamon dans la première partie de sa phrase, le nombre d’arrivées dépasse de 140 000 celui des départs, et non pas « entre 50 000 et 70 000 » comme il le dit.
L’exagération d’Emmanuel Macron sur le niveau des écoliers
POURQUOI C’EST EXAGÉRÉ
Les statistiques du ministère de l’éducation nationale sur le niveau des élèves de CM2 montraient en 2013 que 79,8 % maîtrisaient les compétences attendues en lecture et 70,9 % celles en mathématiques. Des chiffres qui peuvent sembler correspondre à l’ordre de grandeur évoqué par le candidat, mais sa présentation est, en réalité, trompeuse.
Il est, en effet, faux d’affirmer que ceux qui ne maîtrisent pas les compétences du socle ne savent pas lire ou compter. Sur la compétence lire, il est notamment attendu de savoir « dégager le thème d’un texte, repérer dans un texte des informations explicites, inférer des informations nouvelles [implicites], repérer les effets de choix formels ».
Lire aussi : Les manipulations graphiques de Marine Le Pen sur l’euro
Lire aussi : Laurent Fabius et le « bon boulot » du Front Al-Nosra en Syrie, histoire d’une citation dévoyée
Mise à jour, le 21 mars à 18 h 30 : ajout de la citation de Benoît Hamon sur le solde migratoire.