[Communiqué] Envoi d'une mission interministérielle de haut niveau en Guyane
Source : https://www.franceinter.fr
Publié le vendredi 24 mars 2017 à 12h58, mis à jour il y a 1 jour(s)
Depuis le début de la semaine, un mouvement social de grande ampleur touche la Guyane. Les collectifs demandent que les négociations se tiennent dans le département et non à Paris.
Ce vendredi, le Premier ministre Bernard Cazeneuve annonce l'envoi dès demain d'"une mission interministérielle de haut niveau en Guyane". Il espère ainsi "entendre et analyser toutes les difficultés soulevées et poser les bases d'une négociation susceptible de déboucher sur des mesures opérationnelles et rapides"., précise le communiqué. C'est un ancien préfet de Guyane, Jean-François Cordet, qui est chargé de diriger cette mission.
Jeudi, la ministre des Outre-mer Ericka Bareigts a appelé à la levée des barrages qui paralysent une partie des circulations dans le département de la Guyane. L’impact le plus spectaculaire, c’est le report jusqu’à nouvel ordre du tir de la fusée Ariane 5, vitrine économique du territoire. Mais le mouvement commencé en début de semaine a bien d’autres implications en Guyane.
Pourquoi ce mouvement social ?
Cette grève de grande ampleur est en fait une agrégation de plusieurs conflits sociaux. L’un des premiers mouvements lancés était celui, lundi, des salariés de la société de transport Endel, une filiale d’Engie chargée en Guyane du transfert de la fusée Ariane vers son pas de lancement, à Kourou, pour demander une hausse des salaires.
La grève des salariés d’Endel était nationale mais a eu en Guyane une résonance particulière : la mobilisation s’est étendue et concerne désormais d’autres domaines : les salariés d’EDF se sont mis en grève, de même qu’une partie des agriculteurs du département, et que le personnel du centre médico-chirurgical de Kourou qui s’inquiètent de voir la Croix Rouge, gestionnaire du centre, s’en désengager.
La mobilisation concerne aussi des questions de sécurité : plusieurs collectifs, comme “Les 500 frères”, demandent à l’Etat de prendre ses responsabilités pour lutter contre la délinquance. L’implantation d’un commissariat à Kourou fait notamment partie des revendications.
A cela vient encore se greffer une mobilisation contre un projet d’extraction aurifère, rejeté par les associations de lutte contre l’orpaillage et contre les Amérindiens, qui dénoncent le “vol” de leur terre.
Quelle situation en Guyane ?
Le mouvement se traduit essentiellement par des blocages et des barrages, notamment à l’initiative du syndicat UTG-CGT (Union des travailleurs guyanais). Jeudi, plus d’une dizaine de barrages ont été érigées à l’entrée de plusieurs villes, dont le chef-lieu Cayenne. Devant ces barrages, essentiellement pacifiques, des chapiteaux ont été érigés. Le Grand Port de Cayenne, la préfecture et la Collectivité Territoriale (équivalent du conseil départemental et régional), sont aussi bloqués.
La semaine dernière déjà, la visite de Ségolène Royal en Guyane avait donné lieu à des barrages pour protester contre le retard de la signature du “Pacte pour l’avenir de la Guyane”, une promesse de François Hollande en 2013, jamais concrétisée, qui devait représenter 2 milliards d’euros.
Conséquences des barrages : le recteur a annoncé la fermeture des écoles, des collèges et des lycées “jusqu’à nouvel ordre”. Plusieurs stations-service commençaient également à subir des pénuries d’essence, et un Boeing 777 d’Air France qui devait se poser a dû rebrousser chemin, le personnel anti-incendie censé assurer la sécurité de l’atterrissage ayant été bloqué.
Problème : d’autres barrages ont vu le jour. Ces “barrages sauvages” montés par des personnes n’appartenant pas aux collectifs mobilisés ont été dénoncés jeudi par un communiqué du préfet, qui explique qu’il s’agit de blocages “sauvages” où des “rackets” ont lieu. “Seuls les barrages dressés par les collectifs seront maintenus”, déclare le préfet.
Vers une sortie de crise ?
Jeudi, la ministre Ericka Bareigts a appelé à la levée des barrages et a proposé la tenue de plusieurs réunions à Paris pour “traiter sans délai les problèmes immédiats”.
“La levée des blocages permettrait que ces discussions se déroulent dans un climat apaisé et constructif”.
La proposition a reçu une fin de non-recevoir collective : d’abord de la part des manifestants qui “ont fait part de leur refus d’une négociation à Paris”, mais aussi de la part des parlementaires guyanais qui ont jugé “inconcevable de demander aux manifestants de lever les blocages pour venir s’entretenir avec les cabinets ministériels dans les bureaux parisiens”.
Le président de la Collectivité territoriale de Guyane, Rodolphe Alexandre, appelle à l’envoi de membres du gouvernement en Guyane. La ministre, qui assure que “le dialogue entre les représentants des manifestants et les autorités publiques n’a jamais cessé”, souhaite aussi la “finalisation” du Pacte pour l’avenir de la Guyane.
Du côté du transporteur Endel, un accord entre la direction a été trouvé pour une revalorisation des salaires, mais le blocage du site de Kourou s'est poursuivi. Le directeur du centre spatial guyanais, Didier Faivre, a annoncé qu'il n'y "aurait pas de lancement tant que la situation sociale ne sera pas réglée".
Source : https://www.franceinter.fr
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