Le PSD affronte une nouvelle crise politique après avoir dû quitter le pouvoir fin 2015 sous la pression de la rue à la suite d'un dramatique incendie dans une boîte de nuit de Bucarest. L'exécutif dit vouloir désengorger les prisons et mettre en conformité le code pénal dont une soixantaine d'articles ont été invalidés par la Cour constitutionnelle.
Démarche inédite, les ambassades des Etats-Unis, du Canada, d'Allemagne, de France, des Pays-Bas et de Belgique ont exprimé, dans une déclaration commune, leur "profonde inquiétude" devant ce décret qui "sape" les progrès réalisés par le pays dans la lutte contre la corruption.
Dans ce pays pauvre de l'UE qui compte 20 millions d'habitants, le parquet anticorruption a obtenu ces dernières années la condamnation de nombreux élus et hommes d'affaires, lançant des investigations tous azimuts et s'attirant aussi des critiques sur son pouvoir supposé excessif.
Les rangs du PSD, au centre de la vie politique depuis la fin du communisme, ont été particulièrement touchés par ces enquêtes. Aux législatives de décembre, ce parti, qui compte une solide base électorale dans les campagnes, a cependant signé un retour en force au parlement et démarré une cohabitation tendue avec le président de centre droit Klaus Iohannis. Ce dernier a qualifié le décret de "jour de deuil pour l'Etat de droit".
Le texte dépénalise plusieurs infractions et rend l'abus de pouvoir, un chef d'inculpation fréquent, passible de peines de prison, uniquement s'il provoque un préjudice supérieur à 44 000 euros.
Il devrait notamment permettre au chef du PSD, Liviu Dragnea, d'échapper au principal chef d'accusation le visant dans un procès d'emplois fictifs qui s'est ouvert mardi. Liviu Dragnea convoitait le poste de Premier ministre, mais a dû renoncer en raison d'une condamnation pour fraude électorale.
Le gouvernement a par ailleurs soumis au parlement un projet de grâce visant environ 2500 détenus purgeant des peines allant jusqu'à cinq ans de prison, qui pourrait aussi bénéficier à des hommes politiques condamnés.