Source : http://www.marianne.net
Mercredi 01 Février 2017 à 13:25
A en croire l'affaire Penelope Fillon, le métier de collaborateur parlementaire en circonscription serait particulièrement lucratif... Or, ce n'est pas le cas. Loin des fantasmes, une assistante de députée dans un territoire rural a accepté de décrire son quotidien. Elle gagne 2.900 euros brut par mois et ne travaille pas de chez elle...
Voilà une semaine que ce métier suscite les fantasmes les plus fous. Depuis les révélations du Canard enchaîné sur Penelope Fillon, le grand public sait qu'une assistante parlementaire peut toucher jusqu'à, au plus fort, 10 153 euros brut par mois, de sucroît en travaillant de chez elle. Car François Fillon explique depuis une semaine que son épouse était son assistante en circonscription, dans la Sarthe, et opérait depuis leur domicile.
Selon l'avocat de François Fillon, ce n'est pas un souci : "Le travail de collaborateur parlementaire, c'est pas de fournir des notes à son député, c'est pas de lui envoyer des mémos, c'est pas de lui faire des documents de synthèse, c'est parfois quelque chose de moins tangible", a-t-il affirmé lundi 30 janvier sur BFMTV.
Il est vrai que le métier d'assistant parlementaire recouvre des réalités très diverses. Les collaborateurs basés à l'Assemblée nationale sont souvent spécialisés dans le travail législatif et la communication du député, quand les collaborateurs parlementaires en circonscription peuvent exercer des tâches très différentes. S'agit-il pour autant d'un travail intangible ? Julie*, 51 ans, n'est pas du tout de cet avis. Collaboratrice d'une députée élue dans une circonscription rurale en 2012, elle a accepté de détailler pour Marianne son quotidien. Elle ne travaille pas depuis son domicile mais à la permanence parlementaire, distante de 22 kilomètres. Ses émoluments pour un temps plein se chiffrent à "2.900 euros brut mensuels".
"D'abord, je sers beaucoup d'assistante sociale. Des gens arrivent à la permanence avec une demande personnelle, comme une demande d'emploi ou de logement. J'essaye de les aiguiller, de traiter ou de relayer leur dossier. C'est un travail diversifié et riche en contact.Je suis également en lien avec les communes, la presse, les administrations, les chambres consulaires, les syndicats et leurs demandes diverses... A ce titre, je gère l'agenda de la députée. Il y a aussi des lobbys qui tentent leur chance, sans succès, évidemment.Enfin, il y a toute une partie "veille" : il faut réaliser une synthèse de la presse locale. Je ne laisse rien filtrer. Il ne faut passer à côté d'aucun sujet : éducation, social, justice, sécurité, entreprises... Je lui relaye donc tous les faits politiques, les éventuelles difficultés des entreprises locales ou bien encore les manifestations sur le territoire."
Julie ne dispose pas de notes de frais mais perçoit une prime repas de 112 euros par mois, comme tous les assistants en circonscription. Ses déjeuners lui coûtent approximativement 120 euros par mois, à raison d'un plat surgelé par jour. "Il y a un micro-ondes dans la permanence, je mange sur place tous les midis", précise-t-elle.
Dans ses frais, la collaboratrice cite les frais d'essence ainsi que le crédit de sa maison, qu'elle paye seule, à hauteur de 500 euros depuis 14 ans. "J'en ai encore pour 6 ans de crédit donc il faut que la députée soit réélue", sourit-elle. A défaut, Julie se retrouvera au chômage.
Source : http://www.marianne.net
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