Source : https://www.mediapart.fr
Depuis que l’ancienne filiale de France Télécom a été rachetée, elle a reversé 5 milliards d’euros à ses actionnaires-créanciers. Mais c’est encore insuffisant, semble-t-il, pour les fonds. Après avoir épuisé toutes les réserves financières de l’entreprise, ils ont engagé une machination pour ruiner les actionnaires minoritaires. En attendant de s’attaquer aux salariés.
Les salariés de SoLocal (ex-Pages jaunes) espéraient en avoir fini avec la guerre financière qui mine leur entreprise depuis des mois. Ils sont en train de découvrir qu'elle se poursuit par d’autres moyens.
Ils pensaient pourtant que la société allait retrouver un rythme plus normal, après l’assemblée générale surréaliste du 16 décembre. La restructuration financière imposée par les créanciers et la direction avait fini par être adoptée grâce au soutien des salariés. Les actionnaires minoritaires, appelés à être totalement ruinés par l’opération, semblaient renoncer. La société spécialisée dans l’édition des annuaires et des annonces électroniques (Pages jaunes, Mappy) allait peut-être pouvoir repartir. Erreur.
Jean-Pierre Remy, directeur de SoLocal © DR
Dès le début de l’année, la direction s’est tournée vers les salariés pour leur demander, à leur tour, des efforts. Le plan « Conquérir » impose aux salariés de nouveaux objectifs de chiffre d’affaires toujours plus élevés, « intenables ». Les modes de calcul des frais techniques et des frais de démarchage ont été modifiés : les salariés, essentiellement des commerciaux, vont devoir travailler beaucoup plus pour espérer conserver la même rémunération. Les contrôles se sont accrus, la pression managériale se fait plus forte. La menace du licenciement plane partout.
« Voilà comment la direction remercie ses salariés commerciaux du terrain et de la télévente qui ont apporté leur soutien lors de la dernière AG de SoLocal pour la restructuration financière », tonne le syndicat FO de la société, dans une pétition qui circule depuis la fin de la semaine dernière. « Pour la direction, il fallait absolument que la restructuration financière passe. Elle a appelé les salariés à la soutenir, en incitant même certains à prendre des actions pour pouvoir voter à l’assemblée générale. Une fois qu’elle a obtenu ce qu’elle voulait, elle a cru avoir un blanc-seing auprès des salariés », raconte Frédéric Gallois, délégué syndical central FO chez SoLocal. « Mais là, ce n’est plus possible. Les gens sont épuisés et on nous demande toujours plus », dit-il.
Pourtant, l’ancienne filiale de France Télécom a versé 5 milliards d’euros à ses actionnaires et ses créanciers, sous forme de dividendes, de frais financiers et de remboursements de dettes depuis qu’elle s’est séparée de sa maison mère en 2006. Mais manifestement, ce n’est pas suffisant pour les fonds d’investissement devenus créanciers de l’entreprise. Appelés à devenir les principaux actionnaires avec la restructuration capitalistique, ils sont insatiables. SoLocal dégage une marge brute opérationnelle de 28 %, une marge nette de 6 %, mais ils réclament du rendement, jusqu’à épuisement...
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