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12 février 2017 7 12 /02 /février /2017 22:07

 

 

Source : https://www.franceinter.fr/emissions/l-enquete-de-secrets-d-info/l-enquete-de-secrets-d-info-10-fevrier-2017

 

 

L’enquête de Secrets d’info

vendredi 10 février 2017

 

Illustration pour "L'enquête de Secrets d'Info"
Enquête sur les nouveaux "Sans Bureau Fixe"

 

Après Google, les grands groupes français adoptent une stratégie étonnante : le « sans bureau fixe ». Pourquoi cette stratégie ? Quelles conséquences pour les employés ?

 

Marc Thiollier, Secrétaire général d'Accenture, dans une bulle de confidentialité

Marc Thiollier, Secrétaire général d'Accenture, dans une bulle de confidentialité © Radio France / Laetitia Saavedra

On connaissait les open-space classiques, ces plateaux sans cloison où chacun a son bureau. Voici les open space « dynamiques » et les « sans bureau fixe » : des espaces où les salariés n’ont plus de poste de travail attitré ni d’espace personnel. Ce qui n’était qu’une tendance dans les années 2000 se généralise. Désormais, la quasi-totalité des nouveaux sièges sociaux des grandes entreprises françaises sont conçus sur ce modèle. Danone, Axa, Bouygues Telecom ont franchi le pas, tout comme Sanofi dans son nouveau siège social, le Campus Sanofi-Val de Bièvre, basé à Gentilly près de Paris.

 

Plus de bureau attitré

Dans ce bâtiment luxueux et design, plus personne, ou presque, n'a de bureau attitré. Chaque jour devient une compétition pour trouver un poste de travail. François de Font-Réaulx, le Directeur des Ressources Humaines de Sanofi France, explique le principe :

C’est premier arrivé, premier servi.

 

"Vous arrivez le matin dans l’espace qui est celui de votre équipe, et vous vous mettez là où vous le souhaitez. Y compris les chefs."

L’optimisation des espaces de travail

Cette organisation permet aux entreprises de faire des économies. En moyenne, un bureau est occupé 60% du temps. Le fait de ne pas attribuer d'espace permanent aux employés optimise l'utilisation des différents lieux de travail. Cette configuration est également censée renforcer l'esprit d'équipe, la circulation des idées et la capacité d'adaptation des salariés. La conséquence de ces économies et de ce nouveau management, c'est que les entreprises prévoient systématiquement moins de postes de travail que de salariés. Au siège parisien du géant du consulting accenture, il y a seulement 1000 postes de travail pour 4000 collaborateurs. Chez Sanofi, c'est 8 postes pour 10 collaborateurs.

 

VIDÉO | Sans Bureau Fixe

Dix minutes pour trouver un bureau et s’installer

Pour les salariés, même si le cadre de travail est souvent moderne et très agréable, le quotidien n’est pas toujours facile. Cécile-le-Dez, représentante CFE-CGC chez Sanofi, souligne par exemple le temps perdu tous les matins :

On se ballade avec son ordinateur qu'on va chercher le matin dans une armoire, comme à la piscine. Il faut prévoir 10 minutes pour s'installer.

Chez accenture, il est arrivé que des consultants ne trouvent pas de poste de travail et soient obligés de rentrer chez eux. La direction considère que cela fait partie des aléas, comme l’explique Marc Thiollier, Secrétaire général de l'entreprise :

Ramené à la problématique de l'espace de travail, c'est un peu le même sujet.

"Ce sont des choses qui arrivent dans toute entreprise qui gère sa production : parfois elle est en rupture de stock, parfois en excédant."

Des salles de réunion squattées par la hiérarchie

Pour s’isoler, des salles de réunion sont mises à disposition des salariés. Les plus petites sont appelées « des bulles de confidentialité » et permettent de téléphoner sans être déranger. Il y a aussi des salles de réunions, mais il faut les réserver, or elles sont très convoitées. Certains employés contournent le système et "bloquent" des salles pour les retrouver à leur retour. Certains appartiennent à la hiérarchie, comme le souligne Jérôme Chemin, représentant CFDT chez accenture :

On est dans des stratégies où le moindre espace disponible va être occupé.

"On a vu des associés bloquer des salles. On pose un sac ou un manteau sur une table. On a l'impression d'être dans un western avec des luttes de territoire, ça peut créer des tensions."

Terrasse du siège social d'Accenture à Paris

Terrasse du siège social d'Accenture à Paris © Radio France / Laetitia Saavedra

 

Les salariés partagés

Les salariés sont partagés sur leurs conditions de travail. Si tous reconnaissent qu’ils travaillent dans des environnements agréables et modernes, la plupart se disent plus fatigués qu’avant. Les raisons de cette fatigue :

  • La difficulté à se concentrer dans des espaces qui peuvent accueillir jusqu'à 70 personnes
  • Les déménagements répétés

Les adeptes du « Sans Bureau Fixe » travaillent souvent à l’extérieur et sont plutôt jeunes. Partager un bureau ou en changer ne leur pose aucun problème. Delphine Olawaiye, une jeune salariée du pôle communication digitale chez Sanofi, est séduite par le brassage de population :

"Les relations hiérarchiques entre les personnes sont plus assouplies. C'est plus simple parce qu'on est tous au même bureau. Qu'on soit manager, stagiaire ou collaborateur, cadre, ce qui est intéressant c'est de trouver une aide insoupçonnée chez des collègues qui font partie d'une autre équipe".

Les salariés les plus critiques sont les sédentaires - rarement amenés à travailler à l’extérieur - et les plus âgés. Ils disent avoir perdu leurs repères et regrettent de ne plus pouvoir personnaliser leur bureau avec la photo de leurs enfants. Patrick Parisi, élu CGT de Sanofi, affirme, que ces espaces de travail isolent, « parce qu’on ne sait plus où trouver un collègue ». D’autres ont peur que la perte de leur bureau ne préfigure la perte de leur emploi.

Le travail devient une épreuve

Pour la sociologue du travail, Danièle Linhart, ce sentiment est le résultat d'une stratégie de management :

"Les gens sont mis dans une situation d'apprentissage permanent. Il y a cette idée que chaque journée est une épreuve. Il faut être au top de sa forme, confiant, serein, arriver en forme pour s'imposer."

L’alerte de l’inspection du travail

Ce risque de stress supplémentaire était déjà pointé dans une lettre de l’inspection du travail envoyée à Sanofi en 2014 avant la mise en place du système. Selon l’inspection du travail, ce changement permanent de bureau est contraire aux principes généraux de prévention du code du travail… Il fera subir en permanence aux salariés une "charge mentale additionnelle conséquente". Autrement dit, un stress supplémentaire, potentiellement grave pour la santé des salariés.

Aucune étude ne permet de connaître les conséquences de cette organisation pour le moment, faute de recul. Mais des chercheurs suédois ont constaté en 2013 qu’il y a plus d’arrêts maladies chez ceux qui travaillent en open-space que chez ceux qui ont un bureau fixe. En moyenne on passerait, selon ces scientifiques, de 5 à 8 jours d’arrêts par an.

D’autres bouleversements à venir

Les outils numériques permettent déjà de travailler de n'importe où, de chez soi en télétravail, d'un café ou d'un bureau partagé, ces lieux de "co-working" pour les travailleurs indépendants ou les salariés nomades. Un concept plus radical émerge aux Etats-Unis, "l'hôtel de travail", que précise Patrick Cingolani, professeur de sociologie à l’université Paris Diderot : "Ces hôtels peuvent proposer à la fois un lieu de vie, et la wifi, dans l'objectif de créer un espace de travail qui est aussi un espace d'habitat."

Le moment où une personne va prendre du loisir sera beaucoup plus incertain et flottant.

Cette tendance à vouloir effacer la frontière entre vie professionnelle et vie personnelle vient des géants de la Silicon Valley. Cette logique y est poussée à l’extrême. Elisabeth Pélegrin-Genel, architecte et psychologue du travail, en décrit les ressorts :

"Le mouvement de fond c'est d'enchanter le travail par un tour de passe-passe, de ne jamais le montrer. Dans ces entreprises, on ne voit jamais une personne travailler mais on voit des trottinettes, des vélos, des murs d'escalade, des piscines… On avait connu ça dans les corons du nord, mais là on se croirait dans un village de vacances."

Les travailleurs de demain seront-ils des salariés hyperflexibles ou des auto-entrepreneurs qui travailleront n'importe où et à toute heure dans les nouveaux corons connectés ? Les bases d'une telle société semblent posées.

 

►► Enquête intégrale samedi 11 février à 13h20 sur France Inter.

 

Références bibliographiques :

 

L'équipe

 

 

 

Source : https://www.franceinter.fr/emissions/l-enquete-de-secrets-d-info/l-enquete-de-secrets-d-info-10-fevrier-2017

 

 

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