Source : https://www.franceculture.fr
31.01.2017
Donald Trump a signé vendredi un décret qui limite l'immigration de sept pays. Pourtant, 98% des Américains ont un ancêtre immigré. La preuve en sept vagues d'immigrations, et autant de cartes.
Alors que l'immigration venue de sept pays est remise en question par un décret polémique du nouveau président des États-Unis, sept cartes permettent de comprendre comment la nation américaine s'est fondée sur de grandes vagues migratoires, depuis le XVIe siècle jusqu'à aujourd'hui.
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1) 1660 - 1790 : Européens en quête de liberté et esclaves africains
Les esclaves africains sont déportés sur les côtes du Nouveau monde à partir de 1619. Les Européens fuient les persécutions religieuses et le manque de terres cultivables : d'abord les Espagnols, qui s'installent à Saint Augustine dès la fin du XVIe siècle. Puis, à partir du début du XVIIe siècle, les Anglais s'installent en Nouvelle-Angleterre et en Virginie, suivis par les Allemands à New York et dans le New Jersey, et les Suédois dans le Delaware.
2) 1790-1820 : Les persécutés d'Europe en terre d'asile
Au moment de l'indépendance des États-Unis, le pays aime se représenter comme un asile pour tous les persécutés venus d'Europe, selon les mots du révolutionnaire Thomas Paine. En 1790, paraît le premier acte de naturalisation stipulant que "tout étranger, personne blanche et libre, peut être accepté en tant que citoyen américain". Aux premiers temps de la république et jusqu'à la paix avec l'Angleterre, l'immigration se limite à environ 6 000 personnes par an. A partir de 1814, une immigration massive venue d'Irlande, d'Angleterre et plus globalement de toute l'Europe de l'ouest construit les principales villes de la côte est : New York, Boston, Philadelphie.
3) 1820 - 1880 : Révolution industrielle et fin de l'esclavage
Trois millions d'Allemands et presque autant d'Irlandais, deux millions d'Anglais, et un million d'Austro-hongrois fuient le cauchemar de la misère et de la famine. Ils poursuivent le rêve de la ruée vers l'or, s'engagent dans l'armée, ou désirent une Amérique qui conquiert son espace de plus en plus vers l'ouest. Des milliers d'immigrés trouvent du travail sur les lignes de chemin de fer en construction. Conséquence logique, les premiers immigrés venus d'Asie arrivent sur la côte ouest : 230 000 Chinois arrivents en 60 ans.
4) 1880 - 1930 : La fuite des Européens vers le rêve américain
Les immigrants arrivent à raison de plus d'un million par an durant la première décennie du XXe siècle. Sous la conjonction du bateau à vapeur qui réduit le temps de voyage, des pogroms en Europe de l'Est et en Russie, du génocide arménien et de la révolution mexicaine, la porte est ouverte à d'immenses vagues de migrations. Durant la seule décennie de 1880, 9% de la population norvégienne a émigré aux États-Unis. 12 millions d'immigrés passent par le centre d'examen des immigrants d'Ellis Island entre 1880 et 1930. Les migrants venus d'Asie sont traités tout autrement : un Acte anti-migrants chinois est voté en 1882, le "Chinese Exclusion Act", étendu en 1907 aux migrants japonais et en 1917 à tous les pays asiatiques. En 1921, le Congrès instaure une politique de quotas par nationalité.
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5) 1930 - 1965 : le repli de la Grande Dépression, l'accueil des guerres mondiale et froide
Les politiques restrictives d'immigration des années 1920 se poursuivent dans les années 1930. La Grande Dépression ralentit les vagues d'arrivées. Après la guerre, à partir de 1948, le "Displaced Persons Act" offre l'asile à des milliers de réfugiés européens. Puis, en 1957-1958, la politique d'asile des réfugiés venus d'Europe de l'Est devient une arme dans le contexte de la Guerre froide : 38 000 Hongrois sont accueillis aux États-Unis. En 1965, avec le "Hart-Cellar Act", le président Johnson signe un tournant de la politique migratoire en ouvrant la porte des États-Unis non plus aux seuls migrants européens favorisés par les quotas, mais à ceux du monde entier.
6) 1965 - 2000 : L'ouverture aux mondes asiatique et hispanique, les clandestins dans le débat public
Les conséquences de ce changement de politique migratoire sont massifs et immédiats : les immigrés venus d'Asie quadruplent en cinq ans, alors que les réfugiés des crises d'Asie du Sud-Est s'ajoutent à ces chiffres impressionnants. La révolution cubaine conduit quant à elle 720 000 migrants sur les côtes du sud est des États-Unis. La Californie accueille notamment une nouvelle immigration choisie et qualifiée, venue d'Amérique latine et d'Asie, dont les effets se font sentir sur le dynamisme économique de la Silicon Valley. En 1978, le Congrès adopte un plafond mondial, sans distinction de race, autorisant 290 000 entrées par an : sont privilégiés le regroupement familial et l'asile politique aux réfugiés du bloc communiste. Dans les années 1980 - 1990, la question des immigrés clandestins s'impose dans le débat politique. En 1986, le gouvernement amnistie 3 millions d'étrangers vivant illégalement sur le sol américain.
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7) 2000 - 2015 : Une immigration de plus en plus diversifiée
En 2015, 46 630 000 personnes vivant aux États-Unis sont nées dans un pays étranger. Environ 675 000 visas sont accordés chaque année, limités à environ 20 000 par pays, pour des raisons prioritaires de regroupement familial ou la recherche de travail.
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A ÉCOUTER "Décret anti-immigration aux États-Unis : la Silicon Valley entre dans la contestation", Journal de 12h30, 29 janvier 2017
Sources : Ellis Island Foundation et Pew Research Center
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