Partout en France, des supermarchés coopératifs se préparent à ouvrir leurs portes. Réalisée avec les coopératives de Bordeaux, Toulouse et Bayonne, une carte les répertorie déjà. Entretien avec Céline Laporte, coordinatrice de la Chouette Coop à Toulouse.
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Céline Laporte, un des six coordinateurs de La Chouette Coop, à Toulouse
C’est quoi un supermarché coopératif ? Y a-t-il une ou des définitions ?
C’est tout simplement un supermarché où il n’y a pas de clients mais des coopérateurs. Chaque coopérateur achète et possède une part du magasin et donne 3 heures de son temps tous les mois pour le faire fonctionner. En retour, il accède à un supermarché où l’on trouve tous les produits du quotidien, de l’alimentaire au détergent, à des prix plus accessibles. Les coopérateurs sont également acteurs du supermarché puisqu’ils peuvent choisir les produits qui composent les rayons, et privilégier la qualité, les petits producteurs. En résumé, c’est donc payer moins cher et reprendre le contrôle sur son alimentation en échange d’un petit peu de travail.
Vous êtes coordinatrice pour La Chouette Coop, un supermarché coopératif qui va bientôt ouvrir à Toulouse. Comment cela va t-il se passer ?
Dans le supermarché coopératif historique de New York ils sont 17 000 car ils existent depuis 1960 ! Nous sommes en train de rassembler 1500 coopérateurs et nous comptons proposer 3 000 à 4 000 références de produits. Nous cherchons actuellement un grand local d’environ 1 500 mètres carrés, à proximité du Centre de Toulouse, pour une ouverture prévue début 2018.
En résumé, c’est donc payer moins cher et reprendre le contrôle sur son alimentation en échange d’un petit peu de travail.
Ce mouvement est-il global ?
En France la mentalité citoyenne et sociale favorise le déploiement de telles initiatives pour reprendre le pouvoir sur sa consommation. Des supermarchés coopératifs vont ainsi ouvrir à Paris, à Grasse, à Nantes, à Lyon, dans le Pays Basque… Pour l’instant, cela concerne un public déjà averti, qui fait attention à sa consommation, favorise le local, le vrac ou le biologique. Mais qui a aussi envie d’accéder à des prix plus intéressants.
Quels sont les règles à mettre en place pour faire fonctionner un supermarché coopératif ?
Juridiquement, cela peut fonctionner en association ou en SAS coopérative. Il faut savoir que le magasin ne peut pas être ouvert au public. Il doit fonctionner en vase clos avec ses coopérateurs pour être autorisés. Au moment de rentrer une carte est donc demandée. Chaque coopérateur doit faire un peu de bénévolat tous les mois. Il y a des salariés fixes pour les tâches les plus complexes comme la comptabilité. Pour le reste, une courte formation permet à tout un chacun de passer derrière la caisse, réceptionner les marchandises ou de s’occuper de la mise en rayon.
À l’heure où les machines remplacent les caissières, il y a là l’occasion de créer au contraire des emplois.
Y a t-il encore du travail pour tout le monde lorsqu’on est un millier de coopérateurs ?
Oui car chacun ne travaille que quelques heures par mois. À New-York, ils ont par ailleurs inventé de nouvelles tâches, comme accompagner les clients avec les courses jusqu’au métro, amener les produits périmés au compost, garder les enfants des coopérateurs qui travaillent… À l’heure où les machines remplacent les caissières, il y a là l’occasion de créer au contraire des emplois.
Ces supermarchés coopératifs ne sont pas encore ouverts en France. Qu’est ce qu’on peut faire en attendant ?
On peut déjà les rejoindre en tant que coopérateur. Dans beaucoup des structures référencées sur cette carte, on a déjà faire des groupements d’achats plusieurs fois par mois avec d’autres coopérateurs. On peut également soutenir les campagnes de crowdfunding en cours comme la notre, celle de SuperCoop, à Bordeaux, ou OtsoKop, à Bayonne.
NB : cette carte a été réalisé par les coopératives de Toulouse, Bordeaux et Bayonne.