Toulouse, envoyée spéciale.- La lumière d’octobre se réverbère sur les bâtiments rutilants de l’hôpital de Purpan, joyau du CHU de Toulouse, l’un des plus importants et réputés de France. Pourtant, personne, dans les couloirs, n'y a une mine tout à fait réjouie. Quelques jours plus tôt, une nouvelle tentative de suicide a eu lieu sur le site voisin, à Rangueil. C'est le dernier en date d'une série noire pour le CHU de Toulouse. En juin dernier, quatre agents se sont donné la mort en dix-huit jours. Deux d’entre eux étaient reconnus travailleurs handicapés.
Ce mardi, une journée de mobilisation nationale et de grève a été lancée par la Coordination nationale infirmière, rejointe par les fédérations FO, CGT et SUD des secteurs de la santé. A Toulouse, la ronde macabre a commencé le lundi 13 juin, lorsque J. E., infirmier en réanimation cardiaque sur le site de Rangueil, « est retrouvé enfermé, allongé et inanimé dans son local de travail de “mesure ambulatoire de pression artérielle”, une voie intraveineuse à l’avant-bras gauche ». Il venait de se tuer en s’injectant du curare et de l’anesthésiant. Reclassé sur un poste qu’il estime peu valorisant après un problème de santé, puis délocalisé dans une salle exiguë, sans climatisation ni salle d’attente suite à une restructuration, l'infirmier avait signalé ses problèmes à sa direction quelques mois avant de se suicider. Un nouveau déménagement de son service était prévu la semaine suivante. Le 20 juin, une élève de l’école d’infirmière se tue, suivie, le 21 juin, d’un autre infirmier, du site de Purpan cette fois-ci. Puis, le 1er juillet, une aide-soignante de l’hôpital des enfants se suicide. Sa fragilité psychologique était connue de la direction : elle avait déjà fait une tentative de suicide en 2012 et demandait, en vain, à changer de poste, arguant que le sien n'était pas adapté à ses restrictions médicales.