Si les faits se confirment, il s’agira d’un crime d’État unique en son genre. Dans des notes posthumes obtenues par Mediapart, l’ancien premier ministre de Libye Choukri Ghanem rapporte que deux hauts responsables du renseignement libyen ont eux-mêmes inoculé, en 1998, le virus du VIH à des centaines d’enfants hospitalisés à Benghazi. Une « opération spéciale » d’empoisonnement qui aurait été avouée devant témoins par le chef du renseignement militaire, Abdallah Senoussi, en 2007, au lendemain de la libération des infirmières bulgares et d’un médecin palestinien accusés à tort.
Abdallah Senoussi et le patron des services spéciaux libyens, Moussa Koussa, se seraient « procuré les fioles de virus contagieux ». Quatre fioles pour Senoussi, vingt-sept pour Moussa Koussa. Et les deux espions auraient coordonné la contamination de 232 enfants à l’hôpital de Benghazi. Leur objectif étant de fabriquer de toutes pièces une tragédie dont ils accuseraient l’Occident. Abdallah Senoussi était déjà mis en cause dans l’attentat contre le DC-10 d’UTA qui avait fait 170 victimes, dont 54 Français, le 19 septembre 1989. La contamination avait fait, en 2006, 52 morts parmi les enfants.
Le manuscrit posthume de Choukri Ghanem, retrouvé par la justice hollandaise en 2013, est désormais entre les mains de magistrats français. Ancien chef du gouvernement (2003-2006) puis ministre du pétrole (2006-2011), Ghanem revient en détail sur le dossier de cinq infirmières bulgares et d’un médecin palestinien, cibles d’un complot judiciaire qui les a jetés en prison pendant huit ans, entre 1999 et 2007.
Son carnet contenait déjà des révélations sur des versements en faveur de Nicolas Sarkozy, dont Mediapart a fait état. Après avoir fait défection, l’ancien dignitaire a été retrouvé noyé dans le Danube, à Vienne (Autriche), en avril 2012. Retrouvé par la police hollandaise dans le coffre-fort de son gendre aux Pays-Bas, le document a depuis été authentifié...
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Source : https://www.mediapart.fr