Tribune initialisée par Nuit Debout "pas de CETA chez nous"
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Source : http://www.marianne.net
commission démocratie Nuit Debout, commission écologie Nuit Debout, commission économie politique Nuit Debout
Nous, personnalités publiques et citoyen-ne-s, nous opposons par cette tribune à la signature, la ratification et la mise en application de l’accord économique et commercial global (AECG ou CETA) entre l'Union Européenne et le Canada. Nous appelons les chefs d’Etats des 28 pays membres de l’Union Européenne et notre gouvernement à ne pas signer cet accord, et appelons à la mobilisation citoyenne.
Le Comprehensive Economic Trade Agreement ou CETA est un traité commercial de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada engageant l’ensemble des pays de l’Union et des provinces canadiennes. Cet accord contesté doit être signé le 27 octobre, lors de la venue du Premier ministre canadien Justin Trudeau à Bruxelles, si les ministres des Finances européens l'approuvent lors du conseil du 18 octobre. Il passera ensuite par une ratification du Parlement européen fin 2016 ou début 2017, puis par celles des Parlements nationaux.
Négocié depuis 2009 dans une atonie médiatique, le CETA est en réalité le prototype du plus célèbre TTIP (ou TAFTA), traité similaire entre l’Union européenne et les Etats-Unis. Comme toute convention internationale, une fois ratifié, il primera sur les lois nationales (et européennes) des deux côtés de l'Atlantique.
Ce traité entraînera notamment :
- La perte de souveraineté de la sphère judiciaire, via l’abandon du pouvoir des tribunaux des Etats et de l’UE, dans le jugement des litiges opposant les Etats membres aux entreprises et investisseurs privé, au profit d'arbitrages privés à travers la mise en place d'une Cour de justice des Investissements sur le modèle ultra-controversé de l'ISDS, notoirement détourné par des multinationales pour s'attaquer aux choix politiques des Etats.
- L’uniformisation par le bas des normes environnementales, sanitaires et sociales, en termes de santé et de droits sociaux notamment.
- L’ouverture à une concurrence plus grande entre les pays membres de l’UE et les provinces du Canada.
Si l'accord national de chacun des 28 états membres n’est pas acquis pour l'heure, l'accord décisionnel à venir du Conseil européen semble déjà joué, malgré la résistance de certains gouvernements. Ce traité sera partiellement effectif pendant trois ans dès sa ratification par les Parlement européen et canadien, et ce avant même les ratifications par les Etats membres, court-circuitant de facto la faculté d’opposition des Parlements nationaux ou des provinces canadiennes. Les Etats se verraient donc potentiellement contraints d'appliquer des accords que leurs représentants ont rejetés.
Moins d’un an après les accords de Paris lors de la COP21, alors que la question climatique et la transition énergétique sont des enjeux contemporains majeurs, cet accord propose un nivellement par le bas des normes environnementales.
Au moment où l’Europe voit son modèle social menacé par la dérégulation, à travers les différentes lois « Travail », une nouvelle vague de libéralisation s'apprête à aggraver la course à la compétitivité dans un processus de mondialisation non contrôlée.
À l'heure où la représentation démocratique traverse une crise de légitimité, cet accord consacre explicitement la perte d’influence de la sphère législative au profit de grands groupes multinationaux dans les domaines clés de la politique économique.
Les scandales concernant les lobbies industriels et financiers se succèdent et s'accélèrent : Luxleaks, Panama Papers, constructeurs automobiles ne respectant pas les normes environnementales, etc. Cet accord œuvre contre l'intérêt général en offrant une forme juridique plus conforme aux intérêts de grands groupes, ce qui convertira les infractions commises aujourd'hui en actes légaux demain.
Sur la forme, les négociations du CETA, comme celles du TTIP, ont été d’une opacité sans précédent : les citoyens européens n’ont pas eu l’occasion d'exprimer leurs avis sur ces questions ni même l'opportunité de s'en forger un, seules les institutions industrielles privées ont eu accès aux salles de négociation. Les parlementaires eux-mêmes sont mis devant le fait accompli. Dépouillés de leurs prérogatives, ils devront prendre une décision en quelques semaines sur un sujet dont les implications restent floues. Nos représentants devront ainsi engager l'État à long terme, sans avoir le temps du débat nécessaire à une prise de décision éclairée, ce qui constitue un détournement puissant de la démocratie représentative.
Sur le fond, ce traité est une étape de plus dans la mise en concurrence entre les peuples. Sous couvert de libre-échange, il se traduira en pratique par une baisse successive des droits sociaux et des normes environnementales. En laissant libre cours à la gouvernance du marché et en instituant une justice ad hoc, cette convention favorise le moins disant social et environnemental, faisant ainsi obstacle à la liberté des peuples à disposer d'eux-mêmes.
Nous refusons de mettre en compétition nos acquis sociaux, nos systèmes de santé, nos systèmes éducatifs et l’ensemble des services et biens communs.
Notre démarche est citoyenne et transcende ici les clivages politiques. Nous avons des raisons différentes de nous opposer à ce traité : écologiques, sociales, économiques, politiques ou démocratiques.
Par-delà nos divergences, ce qui nous guide est la volonté de préserver nos biens communs.
Nous appelons donc notre gouvernement et les chefs des Etats membres de l’Union Européenne à ne pas accepter la ratification de ce traité lors du Conseil européen du 18 octobre 2016.
Premiers signataires
Commission démocratie Nuit Debout
Commission écologie Nuit Debout
Commission économie politique Nuit Debout
Signataires
Laurence Abeille, députée Europe Ecologie Les Verts
Marina Albiol, députée européenne European United Left - Nordic Green Left
Brigitte Allain, députée Europe Ecologie les Verts
Pouria Amirshahi, député
Martina Anderson, députée européenne European United Left - Nordic Green Left
Jean-Noël Aqua, conseiller de Paris Front de Fauche
François Asensi, député
Isabelle Attard, députée
Clémentine Autain, porte-parole d’Ensemble-Front de Gauche, conseillère régionale Ile-de-France
Guillaume Balas, député européen PS
Julien Bayou, Porte parole Europe Ecologie les Verts
Judith Bernard, journaliste
Michel Billout, sénateur Front de Fauche
Jean-Pierre Blazy, député PS
Frédéric Boccara, économiste, membre du Conseil Economique social et environnemental
Christophe Bonneuil, historien
Michèle Bonneton, députée Europe Ecologie les Verts
Benoit Borrits, journaliste
Lynn Boylan, députée européenne European United Left - Nordic Green Left
Jean-Jacques Candelier, député Front de Gauche
Matt Carthy, député européen European United Left - Nordic Green Left
André Chassaigne, député Front de Fauche
Jean Hugues Chezlemas, Directeur de CES
Eric Coquerel, conseiller régional d'Île-de-France Parti de Gauche
Sergio Coronado, député Europe Ecologie les Verts
C215, street artiste
Caroline De Haas, militante féministe
Karima Delli, députée européenne EELV, candidate à la primaire des Verts
Fabio De Masi, député européen European United Left - Nordic Green Left
Cecile Duflot, députée Europe Ecologie les Verts, candidate à la primaire des Verts
Pascal Durand, député européen Europe Ecologie les Verts
Enercoop, Société Coopérative d’Intérêt Collectif
Ethiquable, Entreprise Coopérative, Citoyenne et Solidaire
Gerard Filoche, candidat à la primaire PS
Eleonora Forenza, députée européenne European United Left - Nordic Green Left
Nicolas Framont, sociologue
Jacqueline Fraysse, députée Front de Fauche
Susan Georges, essayiste
Benoit Hamon, député PS, candidat à la primaire PS
Srećko Horvat, philosophe
Yannick Jadot, député européen les Verts
Romain Joron, député PS
Jerome Lambert, député PS
Jean Lassalle, député, candidat à l’élection présidentielle
Marc Lavoie, Professeur d’économie Université d’Ottawa et Université Paris 13
Patrick Le Hyaric, député européen Front de Gauche
Marie Noëlle Lienemann, sénatrice PS, candidate à la primaire PS
Ligue des Droits de l’Homme 34
Paloma Lopez Bermejo, députée européenne European United Left - Nordic Green Left
Sabine Lösing, députée européenne European United Left - Nordic Green Left
Noël Mamère, député écologiste
Dominique Meda, sociologue
Jean Luc Melenchon, député européen, candidat Parti de Gauche aux élections présidentielles
Anne-Marie Mineur, députée européenne European United Left - Nordic Green Left
Luke Ming Flanagan, député européenne European United Left - Nordic Green Left
Mouvement des Jeunes Socialistes
Liadh Ní Riada, députée européenne European United Left - Nordic Green Left
Philippe Nogues, député
Osons Causer, youtubeurs
Dominique Plihon, porte-parole d’ATTAC France
Thomas Porcher, économiste
Christophe Premat, député PS
Raphaëlle Primet, conseillère de Paris Front de Fauche
Christophe Ramaux, économiste
Henri Sterdyniak, économiste
Bernard Stiegler, philosophe
Marie Christine Vergiat, députée européenne Front de Gauche
Sébastien Villemot, économiste
Monique Rabin, députée PS
Laura Raim, journaliste
Michèle Rivasi, Députée européenne Européen Ecologie les Verts
Jean Louis Roumegas, député Europe Ecologie les Verts
François Ruffin, journaliste
Nicolas Sansu, député Front de Gauche
Eva Sas, députée Europe Ecologie Les Verts
Catherine Sinet, journaliste
Sortir du silence, Association
Sud Commerces et Services
Isabelle Thomas, députée européenne PS
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