12 octobre 2016 / par
Mardi 11 octobre, sept membres du collectif anti-pub les Déboulonneurs étaient convoqués au tribunal. Ils sont accusés d’avoir inscrit des messages anti-pub sur des panneaux publicitaires numériques. Ils ont plaidé la liberté d’expression et l’état de nécessité face aux dangers de la publicité.
« Nous dénonçons l’emprise de la publicité dans l’espace public. » Henri, 28 ans, à la barre de la 10e chambre du Tribunal correctionnel de Paris, mardi 11 octobre, est bien décidé à défendre le sens de son action. La présidente du tribunal, visiblement excédée et fatiguée après déjà plus de quatre heures d’audience (il fallait traiter d’autres affaires avant), ne lui en laissera pas l’occasion : « Non, çà c’est le mobile. Pour vous exprimer, il y a les médias, les tribunes. Le tribunal n’est pas là pour s’exprimer. Que faisiez-vous ce jour-là ? »
Ce jour-là, c’est le 2 mai 2015. Les membres du collectif des Déboulonneurs se retrouvent place d’Aligre, dans le XIIe arrondissement de Paris. Le mégaphone, les affichettes, les tracts et les bombes de peinture, tout est prêt. Arrivé Gare de Lyon vers 15 h 30, le petit groupe file directement vers le hall 2. Là, cinq d’entre eux inscrivent des messages anti-pub - « Attention à la pub en descendant du train », « Liberté de réception » ou encore « La pub pollue nos rêves » - sur huit panneaux publicitaires numériques situés à proximité des voies 17 et 19.
Apparus en 2008 dans les gares et les métros parisiens (ils restent pour l’heure interdits en surface), ces écrans cristallisent l’opposition du collectif anti-pub qui réclame leur interdiction. « Impossible d’y échapper, leur reproche Raphaël, un des prévenus. Des chercheurs en neurosciences ont mis en évidence le fait que nous avons le réflexe de tourner les yeux vers ce qui bouge, ce qui est lumineux. On est obligé de regarder et de réceptionner le message publicitaire, ce qui constitue une atteinte à nos libertés démocratiques. »
Sans compter les risques pour la santé publique : « L’omniprésence agressive de publicité provoque des sollicitations et des interruptions attentionnelles régulières, sinon constantes, alerte le psychiatre Christophe André, qui a envoyé une lettre de soutien aux Déboulonneurs. Parmi les impacts de ces vols d’attention figurent l’affaiblissement des capacités de continuité attentionnelle (la concentration), la dérégulation de l’autocontrôle (difficulté à contrôler ses impulsions à acheter, boire, manger, etc.) et la réduction des temps de repos cérébraux. » Isabelle Darnis, diététicienne-nutritionniste convoquée comme experte au procès, renchérit : « Les publicités incitent à manger des produits mauvais pour la santé, favorisent l’obésité infantile – un enfant sur quatre dans certaines zones - et provoquent des troubles du schéma corporel chez les jeunes filles. »
Alertées par l’attroupement qui se forme autour des membres du collectif, la police et la sûreté ferroviaire sont intervenues rapidement, ce 15 mai. Elles ont embarqué les cinq « barbouilleurs » d’écran, ainsi qu’un porteur du mégaphone et un distributeur de tracts. Menottés, les sept amis ont d’abord été conduits au commissariat de la gare, puis à celui du XXe arrondissement....
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Source : https://reporterre.net
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