C’est un mariage redouté par les militants écologistes qui vient d’être officialisé. Le 14 septembre, le groupe chimique et pharmaceutique allemand Bayer a annoncé la signature d’un accord de fusion définitif avec la multinationale américaine Monsanto pour 66 milliards de dollars (59 milliards d’euros) [1]. Soit l’acquisition la plus chère jamais payée par un groupe allemand. La fusion de ces deux mastodontes – d’un côté Bayer, fabricant des très décriés néonicotinoïdes, de l’autre Monsanto, spécialiste des semences génétiquement modifiées et fabricant de l’herbicide RoundUp – consolide leur main mise sur l’agriculture. Cette opération fait de Bayer le numéro un mondial des semences et des pesticides, contrôlant respectivement 30 % et 24 % de chacun de ces secteurs [2].
D’autre fusions sont en cours dans le secteur de l’agrochimie. La multinationale chinoise ChemChina projette de racheter pour 43 milliards de dollars l’entreprise suisse Syngenta. Les groupes américains Dow et DuPont ont également entrepris de fusionner leurs activités. La concentration sans précédent du marché des semences dans les mains d’une dizaine de firmes se resserre en conséquence autour de trois conglomérats. L’enjeu : accompagner la vente des semences de blé, de maïs, de riz ou de soja par des herbicides, insecticides et autres fongicides adaptés. Ces firmes se lancent aussi dans les prévisions météo pour les récoltes ainsi que dans les polices d’assurance spécialisées en cas de sécheresse ou d’inondation... [3]
L’approbation de cet accord de fusion entre Bayer et Monsanto doit encore être soumis aux actionnaires de la multinationale américaine, et au feu vert des autorités de la concurrence américaine et européenne. Signe de sa confiance, Bayer précise dans un communiqué qu’il s’engage à verser deux milliards de dollars à Monsanto s’il n’obtient pas toutes les autorisations réglementaires nécessaires. L’échéance est fixée à fin 2017.
Dessin : © Rodho