28 juillet 2016 / Barnabé Binctin (Reporterre)
Anne-Laure Fondeur, après deux années passées au cabinet de Stéphane Le Foll, où elle a notamment cherché à promouvoir les « nouveaux OGM », rejoint le Groupement national interprofessionnel des semences (Gnis). Un organisme chargé de défendre « les intérêts de la filière semences ».
Après Philippe Mauguin, l’ex-directeur de cabinet de Stéphane Le Foll devenu président de l’Inra mardi 19 juillet, c’est au tour d’une autre conseillère du ministre de l’Agriculture de la quitter. Chargée de la sécurité sanitaire et du cheval (sic), Anne-Laure Fondeur officiait depuis deux ans dans le cabinet ministériel.
Elle rejoint le Gnis, le Groupement national interprofessionnel des semences, où elle prend la direction du Soc, le Service officiel de contrôle et de certification, pour un mandat de 5 ans, sur nomination du ministère de l’Agriculture. Le Gnis, créé en 1941 sous le régime de Vichy, est une structure hybride, publique et privée : placé sous tutelle du ministère de l’Agriculture, le groupement est officiellement chargé « d’organiser la production et la commercialisation des semences et plants ».
Mais s’il est qualifié « d’entité indépendante », le Gnis a pour objectif de « défendre les intérêts de la filière semences ». De quoi engendrer une situation de « conflit d’intérêts ». Contacté par Reporterre, le Gnis se présente comme une « structure tout à fait privée avec délégation de service public ».
Or Anne-Laure Fondeur était, au sein du cabinet de M. Le Foll, chargée des nouvelles techniques de modification génétique, que d’aucuns qualifient de « nouveaux OGM » ou d’« OGM cachés ». Au prétexte qu’elles ne sont pas issues de la transgénèse, ces « nouvelles techniques de modification génétiques » échapperaient donc à la législation OGM : un point de vue que contestent plusieurs scientifiques et associations.
- Anne-Laure Fondeur.
« C’est Anne-Laure Fondeur qui a porté cette position au ministère, parfois contre le ministère de l’Environnement. Elle quitte donc un exécutif qui a fait avancer le dossier pour rejoindre l’un des plus importants lobbyistes de ces mêmes positions », observe un connaisseur privilégié de ces dossiers, qui décrit « une serviteur zélée des entreprises, quelqu’un qui ne défend absolument pas l’intérêt des agriculteurs »....
Statutairement, le SOC, dont la fonction première est le contrôle de la qualité et de la certification des semences, reste pourtant une mission régalienne de l’État. « C’est une fonctionnaire qui est nommée par le ministère de l’Agriculture, où est le problème ? » interroge Delphine Guey, responsable des affaires publiques du Gnis. La Confédération paysanne évoque cependant un phénomène de « porte-tambour » — terme désignant des politiques quittant leur fonction de régulation pour rejoindre des postes dans une industrie affectée par ces mêmes régulations. Avec le risque d’« allocation de privilèges au détriment de l’intérêt de la nation », selon la définition donnée par Wikipedia.
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Source : https://reporterre.net
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