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7 juillet 2016 4 07 /07 /juillet /2016 16:11

 

Source : http://leplus.nouvelobs.com

 

 

Mise au placard, tentative de suicide... Comment France Télécom a détruit ma vie
 
 

LE PLUS. Après quatre ans d'enquête, le parquet de Paris a requis le renvoi en correctionnelle de France Télécom (désormais Orange), de son ex-PDG Didier Lombard et de six autres ex-hauts responsables pour harcèlement moral. Francis Le Bras a travaillé dans l'entreprise de télécommunications pendant plus de 30 ans. Après une mise au placard, un accident du travail et une tentative de suicide, il se bat pour faire reconnaître la responsabilité de son ex-employeur. Témoignage.

Édité et parrainé par Rozenn Le Carboulec

 

 Didier Lombard lors d'une conférence sur les résultats annuels de France Télécom à Paris, le 6/02/2008 (MEIGNEUX/SIPA)

 

Je vais demander à être partie civile dans le procès pour harcèlement moral de France Télécom et de son ex-patron Didier Lombard. Mais c’est depuis plusieurs mois sur un autre terrain juridique que je me bats, pour que soit enfin reconnue la faute inexcusable de l’entreprise à mon encontre et le harcèlement moral dont j’ai été victime durant des années. Les deux procédures peuvent s’alimenter.

 

Tout a changé à l'arrivée de Lombard

 

Mon histoire à France Télécom, qui est finalement celle de nombreux autres employés, a débuté en 1982. Je travaillais dans l’équipe qui dirigeait le Minitel en tant que salarié d’une société de service.

 

Embauché en 1989 comme salarié de droit privé par Intelmatique, une filiale de France Télécom qui développait le Minitel à l’international, j'ai développé cet outil pour les entreprises. Avec ces deux projets, je leur ai fait gagner des centaines de millions d’euros.

 

En 2004, mon ancien chef m’a fait embaucher à France Télécom à Paris Montparnasse dans le cadre du projet "Top", où je travaillais sur la monétique et le "sans contact".

 

Puis est arrivé 2006 et Didier Lombard. Et le plan "Top" a laissé place au plan "Next", visant à faire augmenter la productivité de 15% en trois ans et prévoyant de supprimer 22.000 emplois sans plan social.  

 

C’est à ce moment que j’ai commencé à être visé par la direction, comme beaucoup d’autres personnes ayant un certain âge et un certain niveau de salaire.

 

On nous faisait refaire nos CV pour nous inciter à partir

 

À partir de 2007, j’étais convoqué toutes les deux semaines à "l’espace développement". J’ai appris plus tard que c’était une façon de prévenir les salariés qu’ils n’étaient plus utiles à l’entreprise et qu’ils devaient partir.

 

Là-bas, par groupes de 30 environ, on nous faisait refaire nos CV et on nous incitait à trouver du travail ailleurs. On m’a proposé de l’argent pour ouvrir une agence immobilière et on m’a même versé une prime pour chercher un emploi. Mon supérieur, lui, recevait des primes pour nous pousser vers la sortie.

 

J'ai peu à peu perdu le sommeil et j’ai commencé à boire de l’alcool pour m’endormir. J’ai aussi énormément grossi en l’espace de quelques mois.

 

On a supprimé mon poste... et je l'ai appris 3 mois plus tard

 

Le 1er janvier 2008, on a supprimé mon poste sans me le dire. C’est lors d’un entretien avec mon responsable des ressources humaines (RH), trois mois plus tard, que j’en ai été informé. Il m’a lancé :

 

"Tu sais, ton poste a été supprimé. Je vais te faire trois propositions de postes, il faudra que tu en prennes un sinon la prochaine fois ce sera pire…"

 

Après ce rendez-vous, j’ai enchaîné les arrêts maladie et j’ai refusé de revoir le responsable RH.

 

Un médecin de travail a demandé que mon poste soit aménagé. On m’a installé dans un espace réservé aux secrétaires… Non seulement je n’avais plus de poste, mais j’étais également privé des relations avec mes collègues. Au final, je n’ai obtenu que l’autorisation de faire un peu de télétravail à mi-temps.

 

J'ai cumulé les arrêts maladie alors que j'étais au placard

 

En juillet 2009, la Caisse primaire d’assurance maladie (CPAM) s’en est mêlée en me stipulant que j’étais trop souvent en arrêts maladie et qu’elle ne les prendrait plus à sa charge.

 

Deux jours après, France Télécom m’a envoyé un médecin afin qu’il vérifie que mes arrêts de travail étaient bien justifiés. Il a attesté qu’ils l’étaient.

 

Délégué du personnel, je me suis risqué par la suite à vouloir expliquer ma situation en réunion, mais je n’ai pas réussi à terminer mes phrases. Le DRH, qui était présent, m’a amené à l’infirmerie, où l’on m’a demandé : "Savez-vous que vous faites de l’arythmie cardiaque ?". Puis le DRH a appelé un taxi pour me raccompagner chez moi.

 

J’ai continué à accumuler les arrêts maladie et j’ai contesté la décision de la CPAM.

 

Suite à cet épisode, le DRH m’a proposé un emploi temporaire de six mois qui consistait à reprendre le travail que j’avais en 2003. C’était une rétrogradation, mais qui me convenait au regard de ma situation à ce moment-là. J’ai en fait réalisé après l’avoir accepté qu’il ne s’agissait pas d’un travail, mais d’un simple poste sans mission. Personne ne regardait ce que je produisais.

 

En 2009, Stéphanie s'est suicidée sous mes yeux

 

Le 11 septembre 2009, j’ai assisté au suicide de Stéphanie, rue Médéric à Paris. Elle a sauté du quatrième étage du bâtiment situé en face du mien. J’ai aperçu quelque chose qui tombait, en pensant dans un premier temps qu’il s’agissait d’un oiseau mort… Elle est décédée une heure après, en laissant un mot affirmant que son geste était dû au travail.

 

Un mois plus tard, j’ai fait une importante arythmie cardiaque sur mon lieu de travail. J’ai été transporté à l’hôpital Bichat, où ils ont fait état d’un accident du travail.

 

Trois semaines après, j’ai fait une tentative de suicide. Puis j’ai refait une grave crise cardiaque quelques semaines plus tard.

 

Malgré tous ces éléments, la CPAM a refusé de prendre en charge mon accident au titre du travail. Mon arythmie cardiaque, selon eux, n’avaient rien à voir avec mon travail.

 

Condamné à rester à ce poste... ou à démissionner

 

Je n’ai pas pu bénéficier d’un licenciement, l’entreprise ne voulant pas mettre en place de plan social pour les milliers de salariés de droit privé que nous représentions. Je ne pouvais pas non plus exercer ailleurs à cause d’une clause de non concurrence.

 

Les postes internes à France Télécom étaient quant à eux cachés, il était impossible d’y accéder.

 

Ils attendaient donc que les employés partent un par un en leur mettant la tête sous l’eau.

 

Je continuerai à me battre pour faire payer les responsables

 

À partir de mai 2013, j’ai été en arrêt longue maladie. Et ce n’est qu’en mars 2015 que le tribunal de la sécurité sociale a finalement reconnu mon accident du travail. Ils ont évalué mon taux d’invalidité et j’ai pu être mis en retraite anticipée le 1er février 2016 pour inaptitude. Bien qu’inapte à plus de 50%, je n’ai obtenu qu’une faible  reconnaissance du rôle qu’a joué mon travail dans tout ça.

 

J’ai mis longtemps à me reconstruire. Après quatre sevrages, un suivi psychologique et un gros traitement médicamenteux, j’ai enfin trouvé la paix avec moi-même. Entre mes 54 et mes 63 ans, France Télécom m’a fait perdre des années durant lesquelles j’étais exécrable avec ma famille.

 

Depuis lors, je me bats toujours pour faire reconnaître la faute inexcusable de France Télécom et sa responsabilité dans mon accident. Pour moi, mais aussi pour tous ceux qui m’ont accompagné dans cette descente aux enfers et espéraient que je me reprenne. Tout cela est la conséquence d’actions volontaires de l’entreprise pour mettre les gens à la porte… ou, dans les pires cas, les faire sauter par la fenêtre. Mon jugement aura lieu en septembre.

 

Mon dossier est déjà très solide, mais je ne suis qu’un cas parmi tant d’autres. Je continuerai à me battre dans la procédure contre Didier Lombard, qui risque d’être très longue.

 

Mais ce ne sont pas que sept dirigeants qui doivent être interpellés. Ces derniers ont formé des milliers d’autres chefs au harcèlement des salariés. Je préfère être à ma place aujourd’hui qu’à la leur…

 

Propos recueillis par Rozenn Le Carboulec.

 

 

Source : http://leplus.nouvelobs.com

 

 

 

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Source : https://www.mediapart.fr

 

Procès pour harcèlement moral demandé pour France Télécom
7 juillet 2016 | Par Agence Reuters
 
 
 
Le parquet de Paris a requis le renvoi en correctionnelle de France Télécom, rebaptisé Orange, et de son ex-patron Didier Lombard, pour harcèlement moral, dans l'enquête liée à une "vague" de suicides de salariés en 2008-2009, a-t-on appris jeudi de sources proches du dossier et judiciaire.

par Chine Labbé

PARIS (Reuters) - Le parquet de Paris a requis le renvoi en correctionnelle de France Télécom, rebaptisé Orange, et de son ex-patron Didier Lombard, pour harcèlement moral, dans l'enquête liée à une "vague" de suicides de salariés en 2008-2009, a-t-on appris jeudi de sources proches du dossier et judiciaire.

Le parquet a aussi requis le renvoi en correctionnelle de six autres ex-dirigeants de l'entreprise, pour harcèlement moral ou complicité de ce délit, a-t-on précisé, confirmant une information de France Inter.

Trois d'entre eux travaillent toujours chez Orange, apprend-on de source proche du dossier.

Ce réquisitoire, qui date du 22 juin, vient d'être notifié aux parties. Il appartiendra désormais aux juges d'instruction de décider s'ils renvoient l'entreprise et ses anciens dirigeants en procès, ou s'ils prononcent un non-lieu.

"Cet acte ne présume pas de la décision des juges", souligne un porte-parole d'Orange, se refusant à tout commentaire sur le fond du dossier.

L'avocat de Didier Lombard, Me Jean Veil, a dit ne pas souhaiter faire de commentaire en l'état, jugeant simplement le réquisitoire "d'une exceptionnelle innovation au plan juridique". Durant l'enquête, son client, qui a dirigé France Télécom de février 2005 à mars 2010, avant d'être remplacé par Stéphane Richard, a contesté les faits qui lui sont reprochés.

Didier Lombard, 74 ans, est actuellement présent au conseil d'administration de plusieurs sociétés françaises. S'il était poursuivi pour harcèlement moral, il encourrait un an de prison et 15.000 euros d'amende.

L'une des parties civiles, le syndicat CFE-CGC, a de son côté déploré des réquisitions "très réductrices".

"On est bien au-delà du harcèlement moral", a déclaré à Reuters son avocat, Me Frédéric Benoist, précisant qu'il demanderait la requalification des faits, pour y inclure la mise en danger de la vie d'autrui et l'homicide involontaire.

 

"AGISSEMENTS RÉPÉTÉS"

Ce sont les méthodes de gestion de l'entreprise, lors de sa réorganisation, au travers des plans NExT et ACT, qui sont visées par l'enquête des juges. Ces plans visaient à la suppression de 22.000 emplois, à la mobilité de 10.000 agents et au recrutement de 6.000 autres, d'après un rapport de l'Inspection du travail versé au dossier.

France Télécom est soupçonnée d'avoir mis en place "une politique d'entreprise visant à déstabiliser les salariés et agents, à créer un climat professionnel anxiogène", notamment via des "incitations répétées au départ", des "mobilités géographiques forcées", et un contrôle excessif et intrusif", indique une source proche du dossier.

"Les mis en examen ont commis des agissements répétés ayant pour effet une dégradation dangereuse des conditions de travail", ajoute-t-elle.

Plusieurs des victimes présumées du harcèlement reproché à France Télécom se sont suicidées ou ont tenté de se suicider. D'autres ont eu des arrêts maladie ou ont fait une dépression, dit une source proche du dossier. "Mais ces suicides, tentatives de suicide et problèmes de santé sont sans influence sur l'existence du harcèlement moral" tel que défini par le parquet, rapporte-t-elle.

D'après l'enquête des juges, la direction du groupe a été alertée "à plusieurs reprises" de l'existence de "risques psychosociaux", notamment par la médecine du travail, ajoute cette source.

Le syndicat Sud PTT a porté plainte dès 2009 contre la direction du groupe, dénonçant des "méthodes de gestion d'une extraordinaire brutalité", et évoquant une "épidémie" de suicides.

Une information judiciaire contre X a été ouverte le 8 avril 2010 sur cette affaire, puis des perquisitions ont été menées en 2012 au siège de France Télécom.

 

(édité par Yves Clarisse)

 

 

 

Source : https://www.mediapart.fr

 

 

 

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