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11 mai 2016 3 11 /05 /mai /2016 21:12

 

Source : https://www.mediapart.fr

 

 

Le Parlement muselé, le mouvement social redémarre aussitôt
11 mai 2016 | Par Mathilde Goanec et Rachida El Azzouzi
 
 
 

L'usage du 49-3 par le pouvoir va-t-il remobiliser la rue? Une journée d'action est annoncée jeudi, jour du vote de la motion de censure au Parlement. Deux journées de grèves et de manifestations sont aussi prévues la semaine prochaine.

Alors que l’Assemblée nationale se met « en pause », sous le coup du 49-3, le mouvement social fourbit ses armes. Dès 18 heures à Paris, mardi soir, un rassemblement a eu lieu sur le pont de la Concorde, à quelques mètres de l’Assemblée, à l’appel notamment de la commission de Nuit debout Paris, également relayé par les organisateurs de la pétition contre la loi sur le travail. « Plusieurs commissions de Nuit debout Paris dénoncent cette volonté de passage en force. Si Manuel Valls persiste dans cette voie, nous répondrons par tous les moyens légitimes en proportion au mépris affiché », ont ainsi prévenu sur leur site les militants des places.

Parmi le millier de personnes présentes à Paris, quelques drapeaux de la CGT, ou de Sud-Solidaires, du PCF, du NPA, d’Ensemble, de simples Nuit deboutistes, délocalisés de République pour l’occasion, ou encore des membres du mouvement Convergence des luttes comme François Ruffin, rédacteur en chef du journal Fakir.

 

À Paris, un tweet de Christophe Gueugneau, journaliste à Mediapart. À Paris, un tweet de Christophe Gueugneau, journaliste à Mediapart.

 

Cet assemblage hétéroclite s’est reproduit dans des cortèges spontanés à Rennes, Montpellier, Nantes, Strasbourg ou encore Orléans. Des incidents ont éclaté avec les forces de l’ordre, notamment à Rennes avec deux nouveaux jeunes blessés, à Montpellier où les manifestants ont été dispersés à coups de lacrymogènes après l’attaque d’une permanence parlementaire, ou encore à Nantes. À Paris, malgré un début de soirée plutôt bon enfant, le cortège a finalement été dispersé vers 22 heures sous les lacrymogènes sur le quai Anatole-France, entre le musée d’Orsay et l’Assemblée nationale. D’autres rassemblements pourraient avoir lieu dès demain à Paris.

 

Dispersion du rassemblement devant l'Assemblée nationale. © Karl Laske Dispersion du rassemblement devant l'Assemblée nationale. © Karl Laske

 

Mardi soir également, s'est réunie l’intersyndicale professionnelle, rassemblant toujours, vaille que vaille, la CGT, FO, la FSU, Solidaires, l’Unef, l’UNL et la FIDL. Les syndicats et organisations de jeunesse ont décidé d’amplifier le mouvement pour le 12 mai, jour du vote de la motion de censure déposée par la droite à l’Assemblée. Deux autres journées de grèves et de manifestations sont également au programme, les 17 et 19 mai prochains.

« Le 49.3 ne nous arrête pas du tout, ce n’est pas un coup fatal porté au mouvement, mais le début d’une nouvelle séquence, prophétise Philippe Martinez, leader de la CGT. On a déjà fait bouger les choses et emporté des batailles, sur les intermittents notamment. Après, nous savons qu’il faut amplifier, mais je peux vous dire que plusieurs professions parlent désormais de la grève reconductible, les cheminots, les routiers, Air France, Aéroports de Paris, les portuaires, les marins, même si rien n’est encore vraiment défini. »

Sur la même ligne, le syndicat Solidaires, qui se félicite de cet appel commun à deux « journées proches », les 17 et 19 mai. « C’est un vrai point d’appui pour la grève reconductible », selon Éric Beynel, l’un des deux porte-parole. « Sud PTT a d’ores et déjà appelé à une grève reconductible le 18 mai, et il y a des discussions dans la chimie et dans l’énergie. » A contrario, tout en s’associant aux manifestations, la FSU reste en retrait, en butte à la faible mobilisation de la fonction publique, tout comme Force ouvrière, assez peu motivée par les slogans de grève générale. Jean-Claude Mailly s’en tient à son idée de « référendum » sur la loi El Khomri.  

William Martinet, à l’Unef, est d'humeur plus réaliste : « Au vu du calendrier universitaire, les étudiants sont en partiels en ce moment, il est indispensable de s’appuyer sur les salariés. Il faut que les personnes mobilisées ne baissent pas les bras pour obtenir ce qu’on réclame depuis le début, à savoir le retrait de cette loi. » Le 49-3 n’entame en rien en revanche la détermination de la coordination nationale étudiante, réellement à la manœuvre opérationnelle dans les facultés depuis le début du mouvement, qui estime que ce recours est une preuve « que ce gouvernement est plus que jamais affaibli ». L’une des porte-parole explique à son tour que cela ne signifie en rien la mort du mouvement : « Les AG se déportent à la Nuit debout ou à la Bourse du travail, on essaie de faire la convergence avec les travailleurs lors des actions. »

Semaine décisive

La colère gronde aussi dans les rangs de certains syndicats partisans de la réforme, même si la locomotive CFDT reste muette. « Nous n’avons pas demandé le 49-3. Nous avons au contraire fait le pari du débat parlementaire afin de respecter la démocratie représentative », a réagi Carole Couvert, la présidente de la CFE-CGC. Les volte-face incessantes du gouvernement sur le texte ont fini par entamer la légendaire indulgence du syndicat des cadres, qui n’est cependant pas au bout de ses peines.

On ne sait pas en effet quel sera l’état exact du texte adopté via le 49-3, puisque le gouvernement est désormais libre de piocher les amendements qu’il veut pour le modifier à loisir. Ainsi, on apprenait mardi que Manuel Valls souhaitait finalement revenir sur la surtaxation des CDD, promise mi-mars, pour satisfaire le Medef, mais également réexaminer l’épineuse question du périmètre national dans le cas d’un licenciement économique, afin de séduire in extremis l’aile gauche du parti socialiste… Reste que le référendum d’entreprise, l’affaiblissement de la médecine du travail ou encore l’inversion de la hiérarchie des normes sont des lignes rouges pour Carole Couvert.

Côté patronal, Patrick Liebus, le président de la Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb), fustige lui aussi « un déni de démocratie » : « On musèle ainsi les parlementaires, on les empêche de faire leur travail. Cela va créer encore plus de difficultés et d’inquiétudes. » S’interrogeant sur « qui dirige la France ? » Patrick Liebus n’en revient pas : « Quel message sommes-nous en train d’envoyer aux Français, aux jeunes qui manifestent et dont je ne partage pas les positions ? Ils ne doivent plus rien comprendre à la politique, au monde. Et maintenant, la motion de censure ! »

Au-delà du front traditionnel, les réponses au coup de force du gouvernement sont, comme il y a deux mois, tout aussi désordonnées qu’imprévisibles. Nouvelle pétition, déposée mardi soir sur change.org, appelant les socialistes à soutenir la motion de censure déposée par la droite. Elle avait recueilli, hier soir à minuit et en quelques heures seulement, 150 000 signatures.

 

 

Pétition pour soutenir la censure contre la loi sur le travail. Pétition pour soutenir la censure contre la loi sur le travail.

 

La militante féministe Caroline De Haas est néanmoins sérieusement désabusée. « Jusqu’au bout, malgré les rumeurs insistantes ces derniers jours, je n’ai pas voulu y croire, raconte la fondatrice d’Osez le féminisme, passée par le cabinet de Najat Vallaud-Belkacem quand cette dernière était aux droits des femmes et initiatrice de la pétition #loitravailnonmerci. C’est un choc, un déni de tout, de démocratie, de convictions. La politique souffre d’une image désastreuse et avec ce passage en force, Hollande valide le dégoût de la vie politique. Comment peut-on se lamenter à longueur de journée contre le vote FN, la montée de l’extrême droite, de l’abstention et valider cela ? Que veut Hollande ? Marine Le Pen au pouvoir ? »

Le collectif à l’origine de la pétition virale a également monté dans la journée le site http://49-3.fr/, un outil pour interpeller, via les réseaux sociaux, le président François Hollande et lui rafraîchir la mémoire, quand en 2006, au moment où le gouvernement Villepin faisait passer en force le CPE, il tonnait : « Le 49-3 est une brutalité, un déni de démocratie […] le signe du pouvoir des faibles » (revoir ici la vidéo).

Attac, autre organisation militante au carrefour des syndicats et de Nuit debout, très actif ces dernières semaines, assure aussi qu’il « s’agit désormais de harceler les députés socialistes dans leur circonscription, dans leur permanence et devant chez eux pour qu’ils votent la censure », explique l’un de ses porte-parole, Thomas Coutrot. « On s’est fait voler notre vote en 2012. La question aujourd’hui, c’est comment on fait pour ne pas que cela se reproduise à l’avenir ? » poursuit Caroline De Haas.

La conjonction entre tous les différents mouvements, virtuels, physiques, syndicaux, politiques ou associatifs, avait donné lieu à une très grosse journée de mobilisation le premier jour du mouvement contre la loi sur le travail, le 9 mars dernier. « Au départ, une journée lancée sur Facebook », comme le rappelait Éric Beynel de Solidaires dans un entretien à  Mediapart… Comment réitérer ? Pour Théo Roumier, l’un des dix organisateurs de l’appel « On bloque tout ! » qui rassemble désormais 1 500 syndicalistes de plusieurs horizons (CGT, SUD/Solidaires, FSU, CNT, CNT-SO, LAB) et 70 structures syndicales, « il faut sans cesse avoir un coup d’avance, trouver les bons ingrédients ».

Pour le militant, « l’objectif du blocage de l’économie reste un vrai outil de pression dans le rapport de force ». « Si on ne bosse plus, ça s’arrête. Après, il faut continuer à mettre cet objectif en perspective : est-ce que ça se construit avec une grève reconductible, une massification des Nuits debout, des blocages à des points spécifiques ? Est-ce que Nuit debout peut remplir le rôle des assemblées interprofessionnelles des mouvements de 2003 ou de 2010 ? Partons à la recherche de ça, sans rien oublier de l’histoire passée, sans rien calquer. »

La possibilité d’un noyau dur, moteur du mouvement, pourrait finir par s’imposer. La grève dans les transports, qui débute le 16 mai, va être déterminante. Pour les cheminots, qui ont également manifesté en nombre le 10 mai contre la réforme de leur statut, tout est encore ouvert : une réunion avec le gouvernement devait avoir lieu mardi soir, et de cette réunion, ainsi que de l'intersyndicale qui va suivre mercredi, dépendra sûrement un durcissement à partir du 17 mai, tout comme la fameuse jonction, pour le moment théorique, entre la mobilisation cheminote et le mouvement interprofessionnel contre la loi sur le travail.

La semaine prochaine s’annonce donc bien comme un moment de bascule, à moins d’un coup de théâtre parlementaire dès jeudi, jour du vote de la motion de censure contre le gouvernement.

 

 

Source : https://www.mediapart.fr

 

 

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