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29 avril 2016 5 29 /04 /avril /2016 01:11

 

Source : http://reporterre.net

 

 

Cantine, infirmerie, bibliothèque… Nuit debout partage les communs

28 avril 2016 / Isaline Bernard (Reporterre)
 


 

En un mois d’occupation de la place de la République, Nuit debout a spontanément mis au point une organisation. Tous les jours, les bénévoles font vivre les biens communs pour que vive le mouvement.

- À Paris, reportage

Depuis le jeudi 31 mars, Nuit debout se tient place de la République. Chaque jour, des centaines de personnes s’y retrouvent pour discuter des possibilités de remplacer le système social et économique actuel. L’organisation est devenue un outil majeur du bon déroulement du mouvement. Au fur et à mesure, différents pôles se sont installés : infirmerie, cantine, accueil… Pour chacun d’eux, matériel et savoirs sont mis en commun par les occupants de la place. Des ressources autant nécessaires qu’éphémères car chaque jour, la police démonte des stands remontés le soir-même.

 

La cantine : « C’est bien d’avoir quelque chose dans le ventre pour réfléchir »

 

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Les bénévoles de la cantine préparent les sandwiches sur la place.

Vendredi 22 avril, à 14 h, quatre bénévoles se retrouvent au marché de Belleville, dans le quartier de Ménilmontant. Delphine, Paolo, Cécile et Nicolas occupent la place de la République depuis déjà plusieurs semaines. Certains en reconversion professionnelle, d’autres étudiants, ils ont décidé de donner de leur temps pour défendre les valeurs du mouvement Nuit debout, qui vont « bien au-delà du mécontentement du projet de loi travail El Khomri », dit Delphine, jeune restauratrice.

Équipés de plusieurs grands sacs, ils déambulent entre les étalages presque vides de fin de marché. Tout en distribuant des tracts pour informer les passants sur la Nuit debout, les quatre volontaires demandent aux commerçants de leur donner les invendus du jour. La plupart acceptent, comme Saïd, 43 ans, qui ne connaît pas vraiment le mouvement, mais « donne pour faire plaisir ». Une demi-heure plus tard, six sacs ont été remplis de melons, pommes, poires, poivrons, courgettes, etc. Deux autres bénévoles, Noémie et Stéphane, rejoignent le groupe pour donner un coup de main.

 

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Une bénévole en quête des invendus au marché de Belleville.

La prochaine étape se déroule dans l’appartement de Delphine. C’est l’heure de faire les comptes et de penser aux menus du soir. Ça sera riz aux légumes et salade de fruits. Tout le monde s’attelle à la fastidieuse tâche d’éplucher et de couper les fruits et les légumes. Pendant ce temps, une autre équipe va chercher des réserves de nourriture dans un squat du quartier, où les surplus sont stockés pour être cuisinés les jours suivants.

« Au début, on n’était pas très bien organisés, on a installé la cantine un peu dans l’urgence, explique Delphine, bénévole à la cantine Nuit debout presque chaque jour. Maintenant, on fait plus attention à l’aspect écologique de la cantine. On a installé depuis peu le système d’auto-wash  ; chacun fait sa vaisselle après avoir utilisé les couverts communs, cela évite le plastique. »

 

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Des volontaires de la cantine occupés à préparer légumes et fruits.

En fin d’après-midi, une nouvelle équipe de volontaires vient acheminer les préparations jusqu’à la place de la République à l’aide d’un véhicule. Ce n’est qu’une fois sur la place que les volontaires confectionnent sandwichs, salades, etc. « Dans un avenir proche, on souhaite ne plus faire de sandwichs mais des plats un peu plus élaborés », espère Delphine. Le restaurant Freegan Pony, qui cuisine les invendus de Rungis pour un prix libre, partage de temps à autre son hangar pour aider la Nuit debout. Cela permet à la cantine de disposer de plus de matériel pour les plats chauds.

À 18 h, sur la place de la République, la cantine s’installe tranquillement. Un barnum et quelques tables sont posés. Les bénévoles distribuent à manger à tous ceux qui le souhaitent pour un prix libre : « Il y a des gens qui viennent ici parce qu’ils n’ont pas à manger, et puis il y a surtout beaucoup de gens du mouvement qui passent et qui donnent ce qu’ils veulent. C’est bien d’avoir quelque chose dans le ventre pour réfléchir », affirme Roxanne, une volontaire habituée du pôle cantine. « On est une vingtaine de bénévoles à peu près, et des gens viennent nous donner un coup de main, il y a un roulement qui se fait. » Les aliments proviennent des invendus mais aussi de dons. Mickael, cuisinier pour la Nuit debout comme dans la vie professionnelle, explique : « On avertit les gens en fonction de nos besoins et les gens nous donnent. »

 

 

Ici, chacun paye ce qu’il veut après s’être servi. Bouba, un chômeur de 43 ans, vient se restaurer après avoir suivi plusieurs commissions en fin d’après-midi : « La caisse commune est une très bonne idée, si la société fonctionnait comme ça, elle serait plus juste. Cela permet à tout le monde de manger. » En bout de table, une boîte est mise à disposition pour récupérer la monnaie. Toutes les trois heures, un responsable récupère son contenu pour mettre l’argent à l’abri. « On nous pose beaucoup de questions sur le devenir de l’argent. Mais nous voulons être totalement transparents. On récupère environ 300 à 400 euros par jour et on les réinvestit pour les jours suivants, dans de la vaisselle ou de la nourriture », affirme Mickael.

Située au cœur du mouvement, la cantine est l’une des cibles préférées des forces de l’ordre, qui tentent de désorganiser le rassemblement. Le lundi 11 avril, plusieurs agents ont ainsi jeté la soupe dans le caniveau, sous l’œil de sans-abri. Depuis, des barrières humaines viennent de temps en temps entourer l’espace cantine afin de protéger les stocks. Mickael explique : « Les policiers savent très bien que, s’ils nous coupent nous, la cantine, ils affaiblissent le mouvement. » Tous les jours délogée, la cantine se réinstalle, encore et encore.

L’accueil : « Tous les jours, on nous déloge, tous les jours, on revient quand même, c’est pas grave »...

 

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Source : http://reporterre.net

 

 

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