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4 avril 2016 1 04 /04 /avril /2016 16:01

 

Grenoble : " Pas de matraque, juste un film!"

 

 

 
 
Le 31 mars quelques centaines de personnes étaient rassemblées dans le parc Mistral pour voir Merci patron!, le film de François Ruffin. Interdiction de la préfecture, matraquage du public et mise en scène d'une émeute urbaine. 20 interpellations et dix blessés. Témoignage et reportage filmé sur les événements.

Après Paris, Strasbourg, Nantes et Caen (voir ici et ), je poursuis mon travail de documentation des violences policières depuis le début du mouvement de contestation de la "loi Travail". Ce qui s'est passé à Grenoble le 31 mars est particulièrement grave. Je publie la synthèse rédigée par une collègue de l'Université de Grenoble qui a participé aux événements. Le remarquable documentaire réalisé par Stéphane Trouille vient attester de la violence de la répression policière.

Nous manquons encore d'un site national, citoyen et militant, qui collecte l'ensemble des documents et témoignages. Des centaines d'interpellations, des dizaines de blessés, parfois graves, des violences sur enfants, lycéens et étudiants, des campus universitaires investis par la police, des syndicalistes matraqués et arrêtés, des charges violences de CRS dans les rues des villes avec des violences sur des passants, plusieurs enquêtes ouvertes par l'IGPN : tout ceci doit être méthodiquement recensé.

 

Rassemblement citoyen du 31 mars à Grenoble © Stéphane Trouille 

 

A Grenoble (et ailleurs ?), plutôt que ceux qui cherchaient la police,

c’est ce que la police cherchait qui devrait nous intéresser.

 

Comme dans de nombreuses villes de France, la manifestation du 31 mars (25 000 personnes) devait se poursuivre avec des débats, des concerts et par la projection en plein air de Merci Patron ! de François Ruffin. Le préfet, qui avait d’abord autorisé le rassemblement prévu parc Paul Mistral – ce même parc occupé pendant l’hiver 2003-2004 pour défendre les arbres contre l’implantation de l’actuel et toujours controversé stade des Alpes (témoignages et documents : https://www.infokiosques.net/imprimersans2.php?id_article=230) –, est revenu sur sa décision dans le cours de la journée. La mairie lui a emboîté le pas, en arguant les débordements de la manifestation – je n’épiloguerai pas sur ce navrant épisode : un texte que Solidaires Isère a sorti au soir du 31 mars exige très justement que le maire, Éric Piolle (EELV), et les élus répondent de leur choix.

Vers 18H00, les forces de police (police, C.R.S., gendarmerie mobile) ont commencé de prendre ostensiblement position autour du parc. Pas tout à fait une souricière, cependant, puisqu’un côté a été laissé libre, qui a permis aux personnes rassemblées dans le parc, comme à celles qui venaient s’y promener, de sortir, sous les tirs nourris et multidirectionnels de lacrymo (pour plus d’informations : http://particite.fr/les-violences-acceptees/). On pourrait en déduire une certaine bienveillance des forces de l’ordre, malgré la violence de l’agression. Mais alors, pourquoi ne pas laisser ouverte la sortie vers les bords de l’Isère ? Pourquoi choisir la voie menant d’abord à la mairie, puis au cœur du centre-ville ? S’agissait-il de piéger les rebelles dans le quadrilatère de la mairie ? ou de chasser les sauvages pour affoler la ville ?

Le soir du 31 mars, on se demande encore comment le pire a été évité : jets de lacrymo à travers les principales places du centre historique, où les passants faisaient leurs dernières courses, prenaient l’apéritif en terrasse, entre amis, avec les enfants ; courses poursuites dans les ruelles de la ville, éparpillements, nouveaux rassemblements, quittés par les uns, rejoints par d’autres. Pour finir, des affrontements d’une rare violence devant l’Hôtel de police (voir les documentaires de Stéphane Trouille : https://vimeo.com/161179296 et https://vimeo.com/161364764 – en profiter pour voir aussi les autres vidéos du même réalisateur).

Dix blessés sérieux, une vingtaine d’interpellations, douze personnes en gardes à vue (mandat de dépôt requis pour huit d’entre elles, déférées devant le juge des libertés pour manifestation illégale et violences sur personnes dépositaires de l'autorité publique, selon Le Dauphiné libéré : voir le fil de l’actualité à l’adresse http://www.ledauphine.com/isere-sud/2016/03/31/manifestation-contre-la-loi-travail-importante-mobilisation-a-grenoble), mais aussi plusieurs plaintes déposées pour violences policières.

Tout cela pour voir un film…

Contre des manifestants que réunit l’aspiration à une autre société, soucieuse du collectif et du partage, le mode d’intervention policière a donc mis en scène une émeute urbaine. La volonté de déconsidérer et de dénaturer ce mouvement vaut-elle de tels risques ? Ce travail de sape réussira-t-il ? En tout cas, entre les moments d’affrontement, les manifestants, rejoints par des centaines de passants, continuaient de mettre en pratique, du parc Mistral à la place Victor Hugo, la réappropriation partagée des espaces publics.

 

Un rassemblement contre la répression policière s’est tenu le lendemain, 1er avril, entre 18H et 19H30, sous la menace de canons à eau. Comme il s’agit de continuer le temps qu’il faudra, le rassemblement s’est dissout dans le calme à l’heure dite.

Isabelle Krzywkowski
Professeur de littérature comparée 
Université Grenoble Alpes 

Membre du SNESUP-FSU

 

 

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