Violences lors des manifs contre la loi sur le travail
FranceDes milliers d'étudiants et de salariés manifestaient jeudi lors de défilés parfois émaillés d'incidents violents. Une vidéo montrant un policier frappant un jeune fait le buzz.
Sur une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, on peut voir un policier frappant un jeune. La scène se déroule devant le lycée parisien Henri-Bergson, dans le 19e arrondissement de Paris.
Les manifestations en France contre le projet de loi travail, présenté en Conseil des ministres, ont rassemblé jeudi plusieurs milliers de jeunes et salariés. Elles ont dégénéré en violences notamment à Nantes et à Paris, où plus de vingt personnes ont été interpellées.
De nouveaux défilés contre le texte de Myriam El Khomri, jugé trop favorable au patronat, ont eu lieu à Paris, Lyon, Bordeaux, Toulouse, Grenoble ou encore Besançon, à l'appel de sept syndicats et organisations de jeunes (CGT, FO, FSU, Solidaires, Unef, UNL et Fidl). Toutefois, la mobilisation semblait moins importante que la semaine dernière.
A Paris, la manifestation d'un milliers de personnes a dégénéré, avec deux voitures incendiées et quinze personnes interpellées en marge du cortège, a-t-on appris de source policière. Deux policiers ont également été blessés.
Une vidéo choc
Par ailleurs, la «police des polices», a ouvert une enquête jeudi après la diffusion sur les réseaux sociaux d'une vidéo montrant un policier frappant un jeune, a-t-on appris auprès de la préfecture de police de Paris.
La vidéo montre un jeune à terre, relevé par un policier qui crie «lève toi !». Alors qu'il est en train de se relever, tenu par deux policiers, un des fonctionnaires lui assène un coup de poing violent.
Vive opposition
Pour la ministre du Travail, Myriam El Khomri, ce projet est «un nouvel élan pour la démocratie sociale». Le premier ministre Manuel Valls, lui, vante une réforme «intelligente, audacieuse et nécessaire», qui doit répondre au chômage de masse (3,5 millions de personnes sans emploi). Mais, même modifié, ce texte continue de susciter une vive opposition.
A Nantes, des incidents ont opposé les forces de l'ordre à des manifestants cagoulés lors d'un défilé de plusieurs milliers de personnes. Au moins neuf personnes ont été interpellées. Des incidents ont également eu lieu à Rouen. A Marseille, sur les banderoles, les lycéens avaient écrit: «Un grand bond en avant vers le 19e siècle».
Olivier Besancenot (NPA), Jean-Claude Mailly (FO) et Bernadette Groison (FSU) faisaient partie du cortège. «Quand je vois les sondages qui disent qu'une majorité de Français sont opposés à cette loi, on ne peut parler d'un essoufflement du mouvement», a affirmé Mme Groison.
Moyens syndicaux accrus
Des grèves et manifestations sont prévues le 31 mars et les sept syndicats promettent une «grosse mobilisation», plus importante que celle du 9 mars. Elle avait rassemblé entre 200'000 et 450'000 personnes dans l'Hexagone.
Le projet El Khomri «visant à instituer de nouvelles libertés et de nouvelles protections pour les entreprises et les actifs» comprend de nouveaux droits, dont le compte personnel d'activité (CPA), des moyens syndicaux accrus ou l'extension de la garantie jeunes.
Il met également en place le référendum en entreprise, fait évoluer les règles de la représentativité patronale, du licenciement économique, de la médecine du travail. Il réécrit intégralement la partie du code du travail relative au temps de travail, donnant plus de place à l'accord d'entreprise.
Contre-réforme
Cette réforme, vraisemblablement la dernière du quinquennat, a été partiellement remaniée après la bronca politique, syndicale et de jeunes, qui y ont vu un texte trop libéral et peu sécurisant pour le salarié. Grèves, manifestations, pétition record, tribune incendiaire de Martine Aubry, réunions PS électriques ont jalonné son parcours.
Désormais, il n'est plus question de plafonner les indemnités prud'homales pour les licenciements abusifs, au grand dam du patronat, ni d'autoriser des décisions unilatérales de l'employeur sans accord dans les entreprises de moins de 50 salariés pour le forfait-jour ou les astreintes.
Ces modifications ont permis à l'exécutif d'obtenir les soutiens précieux des syndicats dits «réformistes» (CFDT, CFE-CGC, CFTC, Unsa), ainsi que de la majorité. Mais les «réformistes» escomptent des améliorations, notamment concernant les licenciements économiques.
Et les frondeurs, qui promettent «une bataille parlementaire extrêmement ferme», viennent de présenter une «contre-réforme». Le texte sera examiné en commission des Affaires sociales de l'Assemblée nationale à partir du 5 avril, puis dans l'hémicycle fin avril-début mai. (ats/nxp)
Plusieurs vidéos montrent un jeune homme se faire violemment frapper par des forces de l'ordre en marge des manifestations contre la réforme du travail.
Manifestation: un lycéen tabassé par des policiers
La scène se passe dans le XIXe arrondissement de Paris, devant le restaurant la Table d’Hugo Desnoyer, avenue Secrétan, à quelques centaines de mètres du lycée Henri Bergson.
Une autre vidéo montre le garçon à terre, maîtrisé par un policier pendant que d'autres montent la garde. On croit voir du sang sur la chaussée.
Selon plusieurs personnes ayant réagi sur les réseaux sociaux et contactées par Libération, l’adolescent aurait 15 ans et serait en seconde au lycée Bergson.
Selon nos informations, le préfet de police et la direction générale de police nationale ont d'ores et déjà saisi l'inspection générale de la police nationale (IGPN).
Un lycéen a été violemment frappé ce jeudi matin par un policier en marge de la mobilisation contre la loi Travail. Plus tard dans la journée, des jeunes casseurs ont pris à partie une faction de CRS, à coup de bouteilles en verre et autres projectiles.
Nicolas Rinaldi
En marge de la nouvelle mobilisation lycéenne et étudiante contre la loi El Khomri, des violences ont éclaté entre forces de l'ordre et manifestants ce jeudi. Un jeune homme a été violemment frappé par un policier ce matin. Elève au lycée Bergson, dans le 19ième arrondissement, il a été agressé aux abords de l'établissement, bloqué toute la matinée. La FIDL, principal syndicat lycéen, a appelé à un rassemblement cet après-midi devant le lycée Bergson, "en soutien au lycéen frappé par les policiers". L'IGPN, la police des polices, a été saisie pour violences policières.
D'autres actes de violence ont également émaillé cette troisième journée nationale de mobilisation contre la loi Travail. Vers 12h, un groupe de jeunes casseurs a pris à partie une unité de policiers à l'entrée sud du boulevard Port Royal, qui ont reçu de nombreux projectiles, avant de répliquer par des gaz lacrymogènes.
Parmi les auteurs des jets de projectiles se trouvaient des lycéens participant à la marche contre la loi Travail, débutée plus tôt place d'Italie et qui s'est achevée devant la gare Montparnasse, en début d'après-midi. C'est donc vers 12h, à l'entrée du boulevard Port Royal, que le cortège – d'abord festif – a commencé à se disperser. Des mouvements de foule initiés par des jeunes encapuchés ont amené les forces de l'ordre à protéger la devanture des magasins. Une faction arrêtée devant une terrasse a alors été victime d'un jet nourri de projectiles. Bouteilles en verre, bouts de bois, cailloux, tout y est passé… s'écrasant sur les boucliers de la dizaine de policiers. Acculés, les CRS ont alors entrepris de lancer des gaz lacrymogènes, faisant se disperser la foule.
Des actes "purement gratuits"Située juste à côté des agents de l'ordre public lors des projections, l'épicerie océane "La petite chaloupe" a été victime des débordements. La vitrine de l'établissement a été brisée par divers objets. Le gérant de l'établissement dénonce des actes "purement gratuits", mais aussi de n'avoir "été averti qu'une heure avant l'arrivée des manifestants". Conscient qu'il s'agissait "d'une minorité de casseurs", il regrette que ces agissements "desservent la mobilisation" contre la loi Travail.
Les actes commis sur les policiers ne sont pas du goût de tous les lycéens présents dans le cortège. Karim et Leïla, du lycée Hélène Boucher, dénoncent l'action "inutile d'une minorité". Katya, elle, estime que les forces de l'ordre "n'avaient pas à bloquer les manifestants"…
Violences et interpellations lors des manifestations contre la loi travail
Par AFP , publié le , mis à jour à
Des étudiants manifestent contre le projet de loi travail à Strasbourg le 24 mars 2016
afp.com/FREDERICK FLORIN
Paris, 24 mars 2016 - Les manifestations contre le projet de loi travail, présenté en Conseil des ministres, ont rassemblé jeudi plusieurs milliers de jeunes et salariés en France, dégénérant en violences notamment à Nantes et à Paris, où plus de vingt personnes ont été interpellées.
Contre le texte de Myriam El Khomri, jugé trop favorable au patronat, de nouveaux défilés avaient lieu à Paris, Lyon, Bordeaux, Toulouse, Grenoble ou encore Besançon, à l'appel de sept syndicats et organisations de jeunes (CGT, FO, FSU, Solidaires, Unef, UNL et Fidl). Toutefois, la mobilisation semblait moins importante que la semaine dernière.
A Paris, la manifestation a dégénéré, avec deux voitures incendiées et 15 personnes interpellées en marge du cortège, a-t-on appris de source policière. Deux policiers ont également été blessés.
Par ailleurs, l'inspection générale de la police nationale (IGPN), la "police des polices", a ouvert une enquête après la diffusion sur les réseaux sociaux d'une vidéo montrant un policier frappant un jeune.
Pour la ministre du Travail, Myriam El Khomri, ce projet est "un nouvel élan pour la démocratie sociale". Le Premier ministre Manuel Valls, lui, vante une réforme "intelligente, audacieuse et nécessaire", qui doit répondre au chômage de masse (3,5 millions de personnes sans emploi).
Mais même modifié, ce texte continue de susciter une vive opposition.
A Nantes, des incidents ont opposé les forces de l'ordre à des manifestants cagoulés lors d'un défilé de plusieurs milliers de personnes. Au moins neuf personnes ont été interpellées. Des incidents ont également eu lieu à Rouen.
A Marseille, sur les banderoles, les lycéens avaient écrit: "Un grand bond en avant vers le 19e siècle".
Dans la capitale, le principal bâtiment de Sciences Po était bloqué, comme plusieurs lycées. Une manifestation à Paris a réuni des milliers de personnes. "Je suis là pour dénoncer le symptôme d'une évolution néolibéraliste de la société", a expliqué Mathieu, 27 ans. "C'est une orientation de la société que je refuse".
Olivier Besancenot (NPA), Jean-Claude Mailly (FO) et Bernadette Groison (FSU) faisaient partie du cortège. "Quand je vois les sondages qui disent qu'une majorité de Français sont opposés à cette loi, on ne peut parler d'un essoufflement du mouvement", a affirmé Mme Groison.
- 'Grosse mobilisation' le 31 mars -
Des grèves et manifestations sont prévues le 31 mars et les sept syndicats promettent une "grosse mobilisation", plus importante que celle du 9 mars, qui avait rassemblé entre 200.000 et 450.000 personnes dans l'Hexagone.
Le projet El Khomri "visant à instituer de nouvelles libertés et de nouvelles protections pour les entreprises et les actifs" comprend de nouveaux droits, dont le compte personnel d'activité (CPA), des moyens syndicaux accrus ou l'extension de la garantie jeunes.
Il met également en place le référendum en entreprise, fait évoluer les règles de la représentativité patronale, du licenciement économique, de la médecine du travail. Il réécrit intégralement la partie du code du travail relative au temps de travail, donnant plus de place à l'accord d'entreprise.
Cette réforme, vraisemblablement la dernière du quinquennat, a été partiellement remaniée après la bronca politique, syndicale et de jeunes, qui y ont vu un texte trop libéral et peu sécurisant pour le salarié : grèves, manifestations, pétition record, tribune incendiaire de Martine Aubry, réunions PS électriques ont jalonné son parcours.
Désormais, il n'est plus question de plafonner les indemnités prud'homales pour les licenciements abusifs, au grand dam du patronat, ni d'autoriser des décisions unilatérales de l'employeur sans accord dans les entreprises de moins de 50 salariés pour le forfait-jour ou les astreintes.
Ces modifications ont permis à l'exécutif d'obtenir les soutiens précieux des syndicats dits "réformistes" (CFDT, CFE-CGC, CFTC, Unsa), ainsi que de la majorité. Mais les "réformistes" escomptent des améliorations, notamment concernant les licenciements économiques.
Et les frondeurs, qui promettent "une bataille parlementaire extrêmement ferme", viennent de présenter une "contre-réforme".
Pour compliquer la tâche de l'exécutif, si le patronat semblait acquis à la version initiale, il critique vertement la nouvelle : sept organisations, dont le Medef, la CGPME et la FNSEA, ont lancé mardi un "appel solennel" au Premier ministre afin que le texte "retrouve son objectif d'origine: créer de l'emploi".
Le texte sera examiné en commission des Affaires sociales de l'Assemblée nationale à partir du 5 avril, puis dans l'hémicycle fin avril-début mai.
La manifestation des lycéens et étudiants contre le projet de loi sur le travail a dégénéré, ce 24 mars, à Paris et à Nantes, où a été prise cette photo de jeunes en train de brûler des poubelles. Le point en images.
AFP PHOTO / LOIC VENANCE
A Paris, l'entrée du lycée Jacques Decour, dans le 9e arrondissement, a été incendiée, comme en témoigne cette photo postée par Stéphane Moret sur Twitter.
(@stephanemoret sur Twitter)
Ici, affrontements entre forces de l'ordre et manifestants, à Paris, où deux voitures ont été incendiées et 15 personnes interpellées, rapporte l'AFP.
Francois Mori / AP / SIPA
Des jeunes jettent des projectiles sur les forces de l'ordre, à Paris.
Francois Mori / AP / SIPA
Paris : le drapeau anarchiste est brandi dans le cortège alors que celui-ci passe devant les Invalides.
AFP / Eric FEFERBERG
Paris : des jeunes fuient la police, au pied de la tour Eiffel, lors de heurts en marge de la manifestation.
Thibault Camus / AP / SIPA
Des CRS sous la tour Eiffel pendant la manifestation parisienne.
AFP / Eric FEFERBERG
Des CRS poursuivent un groupe d'étudiants lors d'affrontements en marge du cortège, à Paris.
Thibault Camus / AP / SIPA
"La nuit c'est fait pour baiser. Pas pour travailler", dit cette pancarte brandie dans le cortège parisien.
AFP / DOMINIQUE FAGET
A Paris.
Thibault Camus / AP / SIPA
A Paris.
Thibault Camus / AP / SIPA
Direction Nantes, où des manifestants se protègent tandis que la police lance du gaz lacrymogène pour les disperser. Au total, 18 interpellations ont eu lieu entre les heurts durant la manifestation et ceux qui ont eu lieu en marge, selon la préfecture de la Loire-Atlantique.
AFP PHOTO / LOIC VENANCE
A Nantes. La manifestation s'est dispersée en début d'après-midi, rapporte l'AFP, mais des incidents ont ensuite opposé une cinquantaine de jeunes aux forces de l'ordre devant la faculté de Nantes pendant plus d'une heure.
AFP PHOTO / LOIC VENANCE
Les forces de l'ordre à Nantes.
AFP PHOTO / LOIC VENANCE
Un manifestant lance une grenade de gaz lacrymogène précédemment tirée par les forces de l'ordre, à Nantes.
AFP PHOTO / LOIC VENANCE
Des gendarmes mobiles entravent un manifestant, à Nantes.
AFP PHOTO / LOIC VENANCE
De nombreuses manifestations étaient organisées partout en France, comme ici, à Rennes, où plus de 2.000 personnes ont défilé. Par ailleurs, de nombreux lycées ont été bloqués sur l'ensemble du territoire. Sur les quelque 2.500 établissements publics que compte la France, 57 ont ainsi fait l'objet d'un blocage total ou filtrant, selon les chiffres communiqués par l'Education nationale.