« Libérer la planète de la publicité. » C’est avec cet objectif clair que l’association française Résistance à l’agression publicitaire (RAP) a déclaré le 25 mars journée mondiale de lutte contre la publicité. D’autres organisations ou collectifs à l’étranger ont également rejoint la mobilisation. « Nous voulons une diminution significative de la publicité dans l’espace public et privé, un encadrement strict des méthodes et un équilibrage entre celles qui ont une vocation commerciale et celles qui n’en ont pas, comme pour les organisations à but non lucratif », expose Khaled Gaiji, président de l’association.
La date du 25 mars n’a pas été choisie au hasard. Ce même jour en 2013, six membres du collectif « Les déboulonneurs » avaient été relaxés par la justice française après avoir barbouillé des panneaux publicitaires. « Le tribunal a reconnu l’état de nécessité [lorsqu’une personne, pour défendre un intérêt supérieur, n’a d’autre ressource que d’accomplir un acte défendu par la loi pénale] et la liberté d’expression. Nous voulons promouvoir cette jurisprudence », poursuit Khaled Gaiji.
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Pollution visuelle
Chaque jour, nous recevons environ 15 000 stimuli commerciaux, selon la RAP. Dans les transports, sur les enseignes, les panneaux, les prospectus, à la télé, sur Internet… la publicité nous arrive en continu sur tous les types de supports.
Principal combat de l’association : laisser aux citoyens le droit de la regarder ou pas. Son président rappelle :
« On se bat notamment pour diminuer la taille des panneaux à 50 x 70 cm. Si les gens ont besoin de s’approcher pour lire, alors ils sont libres de choisir. Nous souhaitons qu’ils retrouvent un espace de réflexion sans dimension commerciale »
L’association Paysages de France, spécialisée dans la lutte contre la pollution visuelle, soutient cette journée de lutte. « Nous défendons la qualité du paysage. Les bâches avec des publicités qui recouvrent les bâtiments lors de ravalement de façades sont choquantes. Par exemple, Paris est une ville magnifique, avec de très beaux immeubles historiques, ce n’est pas le lieu où mettre ce genre de choses », regrette Jean-Pierre Boudry, vice-président de l’association. « Les panneaux numériques sont un support agressif pour le paysage, ils se voient de très loin », ajoute-t-il.
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« Chacun est libre d’exprimer son désaccord. Mais la réglementation sur la publicité extérieure est très développée, précise et contraignante. Elle est dans la grande majorité respectée, et quand ce n’est pas le cas, nous écrivons au préfet pour que l’infraction soit sanctionnée », répond Stéphane Dottelonde, président de l’Union pour la publicité extérieure. Jean-Pierre Boudry estime toutefois que la réglementation n’est pas respectée dans 30 % des cas : « Nous dénonçons ce qui est illégal auprès du maire ou du préfet pour demander la mise en conformité de l’affichage. Cela peut concerner la surface, la dimension, la hauteur ou le lieu d’installation. Lorsque l’on a du mal à être entendu, nous saisissons le tribunal administratif. »
Recouvrements et détournements
Pour faire entendre leur voix, les ONG organisent différentes actions – recouvrements et détournements participatifs de panneaux, pétitions ou manifestations – dans une quinzaine de villes en France. Des initiatives aux Etats-Unis (New York), en Allemagne (Berlin), en Argentine et en Angleterre (Manchester et Londres) viennent s’ajouter à celles de la France.
L’association Résistance à l’agression publicitaire invite également les citoyens à publier sur son site des photos d’eux grimaçant devant des publicités qu’ils souhaitent dénoncer. Une manifestation satirique est, enfin, prévue vendredi 25 mars à 18 h 30 devant Radio France pour dénoncer l’arrivée de la publicité commerciale sur les ondes de la radio publique.
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