Le patron de la FNSEA et agrobusinessman menace d’envoyer ses gros bras « déloger » les Zad. Alors que de nouvelles solidarités naissent dans les campagnes, Xavier Beulin, estime l’auteur de cette tribune, a en fait abandonné la défense des paysans pour celle des industriels.
Gaspard D’Allens est coauteur, avec Lucile Leclair, du livre à paraître au Seuil en partenariat avec Reporterre, Les Néo-paysans.
« Face à toute nouvelle tentative de Zad, on n’attendra pas les forces de l’ordre, on ira nous-mêmes les déloger », a déclaré Xavier Beulin, président du groupe agro-industriel Avril et président de la FNSEA (Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles).
On connaissait Xavier Beulin en homme d’affaires, les cheveux gominés et la cravate serrée, nous le découvrons milicien. Prêt à devancer le tournant répressif du pouvoir et ouvrant agressivement la voie vers le fascisme.
Alors que le monde agricole se débat dans la crise, étranglé par les dettes et soumis aux impasses du productivisme, l’agrobusinessman ne trouve rien de mieux que de criminaliser le mouvement social qui naît dans les Zad contre la bétonisation de notre monde.
Nous ne nous laisserons pas instrumentaliser. Opposer les uns aux autres, les paysans aux écologistes, aux anars, aux zadistes. La loi des puissants a toujours été de diviser pour mieux régner. Xavier Beulin, vos gros bras ne nous cacheront pas votre impuissance et vos mensonges. Vous n’êtes plus du côté des agriculteurs, vous êtes, pieds et mains liés, avec les industriels.
Bientôt, les agriculteurs ne seront plus dupes. Comment pourrait-on se sentir représenté par son propre fossoyeur ? Xavier Beulin est à la tête de l’empire agroalimentaire Avril, plus proche du grand patronat que de l’agriculture. Il a négocié cet été un plan qui signe la disparition annoncée des petits éleveurs et joue sur sa double casquette de syndicaliste et d’industriel pour capter les aides.
Les centaines de tracteurs et les mobilisations du collectif d’agriculteurs Copain
À l’inverse du corporatisme fermé de la FNSEA, une nouvelle force émerge partout dans nos campagnes, où paysans, militants, occupants, s’unissent pour réinventer une existence digne hors de l’aménagement capitaliste du territoire et de la métropolisation. Ils ne demandent pas des primes, ils s’approprient directement les terres et font pousser avec espoir, fougue et joie leur révolte.
À Notre-Dame-des-Landes, tandis que 1.650 hectares sont menacés par le projet d’aéroport, les occupants ont avec les paysans historiques tissé des liens forts, cultivé en commun des légumes, des céréales, des pommes de terre, pour mieux résister contre les aérocrates. Au contact du monde agricole, les occupants se sont peu à peu empaysannés et les frontières sont devenues poreuses. Si la FNSEA veut déloger la Zad, elle devra faire face à des centaines de tracteurs et aux mobilisations du collectif d’agriculteurs Copain – un mouvement transversal d’organismes agricoles opposés à l’aéroport.
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À Agen, c’est un paysan, Joseph Bonotto, qui a appelé les « zadistes » à la rescousse. Ils se sont installés sur ses terres et luttent ensemble contre un projet de technopole de 220 ha et le passage de LGV. Joseph Bonotto se dit « moins seul, heureux, soulagé ». À Saint-Victor-et-Melvieu, dans l’Aveyron, la cabane de l’Amassada, s’est, elle aussi, construite sur une parcelle prêtée par un agriculteur opposé à un projet de transformateur électrique.
« Le monstre, Monsieur Xavier Beulin, c’est vous »
À Bure, le 15 novembre 2015, les opposants à la poubelle nucléaire ont, avec des paysans, semé de l’orge, de l’avoine, de la moutarde et planté des arbres fruitiers sur les terres du laboratoire de l’Andra. À travers la charge symbolique du geste agricole, ils ont voulu faire converger les luttes et se réapproprier le territoire.
Alors que les terres agricoles se font de plus en plus rares, de nouvelles alliances apparaissent, à l’avant garde d’une ruralité vivante, choisie, heureuse. Et face à ces forces progressistes, le syndicat majoritaire, la FNSEA, joue les caïds, attise les haines, en préférant laisser le bitume et l’asphalte avaler nos terres nourricières...
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Source : http://reporterre.net