La mobilisation est la plus massive depuis l'arrivée du Premier ministre Alexis Tsipras, qui soutient la réforme de la dette voulue par les créanciers UE-FMI.
Source AFP
Jeudi, une journée de grève générale a mobilisé plus de 50 000 personnes qui ont manifesté en Grèce contre la réforme des retraites. La journée a été émaillée de quelques incidents et a paralysé le pays. Avec des cortèges de quelque 40 000 manifestants à Athènes et 14 000 à Thessalonique, deuxième ville du pays, selon la police, cette mobilisation est la plus massive depuis l'arrivée au pouvoir, il y a un an, du Premier ministre de la gauche radicale Alexis Tsipras, qui soutient cette réforme voulue par les créanciers UE-FMI.
« Ils ont massacré ma génération, on ne peut pas se marier, on ne peut pas avoir d'enfants », a déploré à l'Agence France-Presse Dina, 32 ans, qui a pour la première fois fermé son magasin de lingerie pour manifester. Un nombre record de corporations est descendu dans la rue, au-delà des traditionnels salariés du secteur d'État : assureurs, vétérinaires, avocats, agriculteurs ou médecins ont défilé aux côtés des fonctionnaires et de nombreux employés du privé.
À Athènes, des incidents ont eu lieu en marge des manifestations : des groupes de jeunes ont lancé des cocktails Molotov avant d'être rapidement dispersés par des tirs de gaz lacrymogènes. C'est la troisième fois que le Premier ministre Alexis Tsipras, élu sur la promesse d'en finir avec les plans de rigueur des créanciers (UE et FMI), affronte une grève générale. Il a dû accepter lui-même en juillet l'un de ces programmes, contre 86 milliards d'euros de prêts.
Les manifestants répartis dans trois cortèges, ceux du PAME proche du Parti communiste - le plus important en nombre -, des grands syndicats du public et du privé Adedy-GSEE et de la gauche radicale, étaient deux fois plus nombreux qu'en novembre et près de trois fois plus qu'en décembre. La capitale était également plongée dans un calme inhabituel par l'absence des milliers de taxis de la ville. Les transports urbains, ferroviaires, aéroportuaires et maritimes étaient également perturbés.
De nombreux commerces étaient fermés pour dénoncer une réforme qui frappe de plein fouet les travailleurs indépendants, ainsi que les agriculteurs. Ces derniers campent depuis le 22 janvier sur les grands axes routiers, et bloquent depuis lundi les postes-frontières avec la Bulgarie et la Turquie. Réclamée par les créanciers, la réforme vise à dégager 1,8 milliard d'euros d'économies pour l'État (environ 1 % du PIB). Selon le ministère de l'Emploi, 17,5 % du PIB est consacré aux retraites, contre 11,5 % en moyenne en Europe.
Le projet du gouvernement prévoit notamment de relever les cotisations sociales et d'abaisser le plafond des retraites les plus élevées, de 2 700 à 2 300 euros. Il met en place une retraite minimum de 384 euros et unifie les régimes jusque-là très disparates. Dina, elle, « n'en peut plus » : « On paye plus de charges qu'on ne gagne, on ne travaille que pour l'État, on ne peut même plus dégager de salaire », assure-t-elle à l'Agence France-Presse.
« Il faut que l'Europe nous entende, parce que nous avons besoin d'un répit pour repartir », plaide Thomas Karachristos, avocat d'affaires. Il admet que le système de cotisations actuel est assez injuste. Mais, pour lui, la réforme prévue « ne peut pas rendre le système viable ». Il a calculé qu'entre impôts et cotisations il allait devoir céder 88 % de ses gains l'an prochain, au risque de devoir licencier parmi ses quatre collaborateurs.
Alexis Tsipras, accusé par beaucoup de Grecs de les avoir « trahis », défend cette réforme pour éviter que « le système ne s'écroule », tout en promettant de tout faire pour épargner les plus faibles. Il souhaite ainsi obtenir le feu vert des créanciers permettant d'ouvrir de nouvelles négociations tant espérées sur un allègement de la dette grecque (près de 200 % du PIB).
Mais les négociations avec les représentants des créanciers, arrivés à Athènes lundi, « sont difficiles », « toutes les questions restent ouvertes », a avoué jeudi Georges Katrougalos, ministre de l'Emploi, à l'issue d'une rencontre avec eux. Les créanciers contestent l'augmentation des cotisations pour les employeurs et veulent abaisser le montant de la retraite minimum de 384 euros par mois, selon la presse.
Source : http://www.lepoint.fr
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