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14 février 2016 7 14 /02 /février /2016 19:42

 

Source : http://leplus.nouvelobs.com

 

 

Gaspillage alimentaire : boulanger, je donne mes invendus. C'est la moindre des choses

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LE PLUS. "La France deviendra le pays le plus volontariste d’Europe". C’est en ces termes qu’a été annoncée la création d’un cadre légal contre le gaspillage alimentaire. Une merveilleuse avancée que n’a pas attendu José Louiset, propriétaire de deux boulangeries à Quimper qui fait don de ses invendus depuis 2005 déjà. Etudiants, jeunes actifs en difficultés ou quadra qui ont du mal à boucler les fins de mois, ils sont nombreux à se presser devant ses commerces tous les soirs. Témoignage.

Édité par Barbara Krief 

Du pain, image d'illustration. (Stuart Forster/REX/REX/SIPA)

 

Tout a commencé grâce à une réflexion, plus que pertinente, de ma femme.

 

Un soir, alors que nous fermions notre boulangerie, elle a vu des personnes fouiller nos poubelles à la recherche d’invendus pour se nourrir.

Elle m’a alors fait remarquer que l’on pourrait tout simplement séparer notre nourriture non vendue de nos déchets, afin qu’eux n’ait pas à le faire. C’était finalement la moindre des choses.  

 

Nous nous sommes donc mis à distribuer sandwichs, viennoiseries et pains frais à ceux que l’on appelle aujourd’hui "nos habitués".

 

 

Je donne mes invendus tous les soirs

 

Tant que tout le monde ne mangera pas à sa faim, je ne jetterai plus de nourriture propre à la consommation et je condamnerai tous ceux qui le font. Comme le disait si bien Coluche : "Aujourd' hui, on n'a plus le droit, ni d'avoir faim, ni d'avoir froid".

 

Même avant d’avoir mon affaire à Quimper, je donnais déjà aux "petites soeurs des pauvres" en Normandie, où j’avais une boulangerie. C’était il y a vingt ans. Je ne peux donc que saluer la décision des députés, même si j’aurais aimé que la France n’ait pas attendu si longtemps pour régler le problème.

 

Depuis 2005 donc, je récupère tous mes invendus de la journée et je les réparti le plus équitablement possible dans des petits sacs que je donne ensuite le soir.

 

 

Les sandwichs sont favoris

 

L’ordre de préférence est assez claire : d’abord les sandwichs, ensuite les viennoiseries et enfin les baguettes. Le sandwich offre un repas complet, tandis que le reste fait davantage office de dépannage.

 

Malgré tous mes efforts pour donner à tous, il arrive que les denrées préférées partent en premier et que nos habitués aillent jusqu’à se chamailler entre eux. Je n’ose pas encore trop m’en mêler mais je fais de plus en plus attention à ce qu’il y en ait pour tout le monde. Ce qui n’est pas toujours évident.

 

En 2012, j’ai accepté avec plaisir de parler de ma démarche à la presse locale afin d’encourager mes voisins commerçants à en faire autant.

Cette médiatisation soudaine nous a apporté un peu plus de monde que ce dont nous avions l’habitude. Un soir, j’ai compté jusqu’à 60 personnes en tout et je me suis dit "oulala mais dans quoi je me suis embarqué ?".

 

 

Tous les boulangers ont des invendus

 

Depuis, l’engouement s’est un peu calmé et nous avons environ une trentaine de personnes tous les soirs. Ce qui, mine-de-rien, est déjà un nombre important. Il m’arrive donc dans l’après-midi de refaire quelques sandwichs, tout en sachant qu’ils ne seront pas tous vendus mais en ayant la certitude qu’ils ne seront pas perdus.

 

Bien sûr, je ne dois pas perdre de vu que j’ai une entreprise à gérer. Je ne produis simplement pas moins ni plus qu’avant. Aujourd’hui, les bénéficiaires de mes invendus ne peuvent pas être des clients, j’espère qu’ils le pourront un jour.

  

Les invendus sont courants et ils sont aussi le résultat d’une production fraîche et quotidienne. Je préfère faire deux pains de trop que de devoir dire à un client venu après le travail à 18h qu’il ne reste qu’une baguette froide. Tous les boulangers vous le diront, il est impossible de finir sa journée en ayant absolument tout vendu et de ne pas avoir ne serait-ce qu’une baguette "en trop".

 

 

Félicitations et lettres de remerciement

 

Le mot a vite circulé à Quimper et les étudiants en art se sont rajoutés aux jeunes actifs aux fins de mois difficiles. Je trouve que c’est une bonne chose. Après tout, quand on est étudiant on ne croule pas sous l’or et c’est plutôt malin d’essayer de trouver les bonnes combines pour gagner un repas gratuit.

 

Nous n’avons pas réellement connu d’abus. Quelques voisins qui ne sont pas dans le besoin sont venus une fois mais ils n’ont pas recommencé. Ils ont rapidement compris l’idée derrière notre démarche. Nous ne sommes pas les restos du cœur mais tant qu’à faire, autant donner en priorité à ceux qui en ont besoin. D’autant plus qu’ils nous le rendent très bien.

 

Donner nous apporte énormément. Non seulement nous nous sentons plus utiles sur terre mais en plus nous avons obtenu en retour des témoignages d’affection et de reconnaissance extrêmement touchants.

 

Certains nous écrivent même des lettres pour nous remercier et nous encourager à continuer. Celle-ci, par exemple, nous a beaucoup touché :

 

"Monsieur, Je suis étudiante en stage et j'habite donc sur Quimper pour un an. Il y a un mois j'ai découvert que votre boulangerie donnait des choses le soir à 19h30. J'ai un peu honte de le dire mais ce samedi là j'avais faim et cette découverte a été comme un soulagement. J'ai 22 ans, je suis en école de commerce, je travaille toute la semaine, mais mon salaire de stagiaire ne me permet pas de vivre correctement. Voilà pourquoi j'ai honte. Pour ne pas avoir l'impression de demander l'aumône, j'ai proposé à la jeune fille qui travaille le samedi de l'aider à ranger. Je voyais ça comme "aide contre nourriture". Si vous refusez j'attendrai sagement dehors parce que je ne veux plus avoir faim, mais ça me fera mal quand même niveau estime de soi. Merci."

 

 

Un acte de solidarité qui ne coûte pas tant

 

Notre initiative nous a également rendus sympathiques auprès des clients et des habitants du quartier et l’on ne peut pas dire qu’une bonne image soit mauvaise pour le business.

 

Nous ne vendons pas plus qu’avant et nous n’avons pas plus de clients, mais notre relation avec eux a changé. Pour le mieux. Ils nous félicitent, nous encouragent et se demandent même comment eux pourraient en faire autant.

 

Même à l’autre bout du monde, notre fille nous envoie les articles de presse sur nous qu’elle trouve sur internet. Elle est fière de ses parents et ça nous fait chaud au cœur de pouvoir lui montrer l’exemple avec cet acte de solidarité qui ne coûte finalement pas tant que ça.

 

Mon seul souhait aujourd’hui, c’est de voir tous les commerçants français nous imiter. Après tout, c’est la moindre des choses. 

 

Propos recueillis par Barbara Krief

 

 

Source : http://leplus.nouvelobs.com

 

 

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