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19 janvier 2016 2 19 /01 /janvier /2016 17:46

 

Source : http://rue89.nouvelobs.com

 

 

Paris-Lyon en car : « Le wifi est gratuit, les WC sont hors-service »

 

 

 

7 euros suffisent aujourd’hui pour relier Paris à Lyon en autocar. Voyage et premier bilan à bord, cinq mois après la « libéralisation » de l’activité en France.

 

Il faut aller au fond du parc de Bercy, à Paris, contourner les jeunes gens emmitouflés dans des doudounes à fourrure qui font jouer leurs gros molosses, puis suivre les indications des feuilles de papier plastifiées agrafées sur des arbres par l’entreprise britannique d’autocars Megabus pour trouver la gare routière de Bercy. 

Elle est bien cachée, les GPS ne la reconnaissent pas et les novices des autocars de la capitale sont nombreux à s’y perdre.

 

Une indication affichée par Megabus à la gare de Bercy, le 18 janvier 2016

Une indication affichée par Megabus à la gare de Bercy, le 18 janvier 2016 - Robin Prudent/Rue89
 

Il est 16h15 ce lundi, quand Abdel (les prénoms ont été modifiés), le chauffeur, allume le moteur. La carlingue tremble un peu. Le bus démarre pile à l’heure. Arrivée prévue à Lyon 5 heures et 55 minutes plus tard.

 

Un passage devant Bercy

A peine en route, le chauffeur, chemise blanche et cravate bleue rayée jaune – les couleurs de Megabus – prend le micro.

« Madame, monsieur, bonsoir. [...] Le wifi est gratuit, les WC sont hors service. »

On dirait un slogan, symbole des priorités d’aujourd’hui.

L’autocar sort de la sombre gare routière, face à lui, le ministère de l’Economie surplombe le quai de Bercy. Certains y verraient un hommage à leur « libérateur », Emmanuel Macron.

 

Un autocar passe devant le ministère de l'Economie à Paris, le 18 janvier 2016

Un autocar passe devant le ministère de l’Economie à Paris, le 18 janvier 2016 - Robin Prudent/Rue89
 

Cela fait maintenant cinq mois que les autocars peuvent desservir n’importe quelle ville française, grâce à la loi Macron

Le ministère de l’Economie, tout fier de pouvoir prendre une mesure enfin visible et palpable pour le commun des mortels, n’en finit plus de s’autocongratuler. Il dressait un premier bilan tout rose en décembre dernier.

En quatre mois, au moins 500 000 passagers ont été transportés, et 146 villes et aéroports sont désormais desservis. Impressionnant ? Une goutte d’eau par rapport au réseau ferroviaire, qui comptait plus de 3 000 gares et plus de 126 millions de voyageurs en TGV (ou équivalent) en 2013.

 

Moins cher que le covoiturage

Dans le bus, l’ambiance est calme. La luminosité a bien diminué, et chacun des dix-neuf passagers peut s’étendre sur le siège inoccupé de son voisin. Au fond de l’autocar, une grand-mère et son petit-fils sont assis côte à côte.

Deux étudiantes italiennes, tout juste 20 ans, discutent de leur escapade dans la capitale française. Elles reviennent à Lyon, où leurs cours de droit reprennent le lendemain.

« On prend toujours le bus pour voyager. Quand je rentre à Milan aussi, c’est vraiment moins cher. »

Leur italien résonne dans le fond du bus, mêlé à quelques phrases d’arabe et de portugais venant d’autres sièges. Une étudiante algérienne revient d’un court séjour chez une partie de sa famille qui habite la région parisienne.

« Avant, je prenais des covoiturages, mais ça faisait vite mal aux genoux, on a moins de place. Et puis le bus, c’est encore moins cher. »

 

Prix imbattable

Le prix. L’argument revient en premier et sans aucune hésitation dans la bouche de tous les passagers interrogés. Il serait imbattable. Pourtant, tout le monde n’a pas payé le même dans le bus.

Comme pour les billets d’avion ou de TGV, Megabus fait varier les prix selon la demande et le moment de la réservation. Acheté la veille du départ, mon billet m’a coûté 7 euros. Pour certains, le prix est descendu en dessous de 5 euros.

 

Prix moyen d'un billet Paris-Lyon, acheté la veille en semaine

Prix moyen d’un billet Paris-Lyon, acheté la veille en semaine - Robin Prudent/Rue89
 

Bientôt 19 heures, premier arrêt sur une minuscule aire d’autoroute. Pause pipi, « vous avez cinq minutes » prévient le chauffeur. Restés à proximité du bus, François et Antonio, deux grands bruns, la trentaine, se partagent une cigarette. Le premier est français, réceptionniste dans un hôtel à Turin, le second, italien, est en master de sociologie. François prend l’autocar pour la première fois, d’habitude c’est plutôt le train.

« J’ai fait ce choix uniquement pour le prix, je paye moins de la moitié par rapport au train. C’est vrai que c’est plus long, mais c’est assez confortable et le chauffeur est serviable. »

 

« Un sujet culturel »

Antonio, lui, est un habitué des voyages en bus. Il faut dire que nos voisins européens n’ont pas le même rapport aux autocars que les Français. En Espagne, le marché des cars est quatre fois plus important que celui du train. Au Royaume-Uni, les liaisons par autocars ont été libéralisées depuis 1985, et les Italiens sont aussi des grands utilisateurs. « L’usage de l’autocar est un sujet culturel », soulignait en 2013 Maria Harti, la directrice générale d’iDBUS (ancien nom de Ouibus, les autocars de la SNCF).

Pronostic confirmé dans le bus, les étrangers sont nombreux. Cinq mois de libéralisation n’ont pas encore suffi pour que la culture du train ne s’efface chez les Français.

 

Un car Megabus, le 18 janvier 2016

Un car Megabus, le 18 janvier 2016 - Robin Prudent/Rue89
 

A travers les fenêtres de l’autocar, on aperçoit les grandes maisons viticoles de Bourgogne. Peu après Beaune, le bus s’arrête à une station-service. L’occasion de se remémorer que ce grand autocar, avec seulement dix-neuf passagers à son bord, consomme beaucoup de carburant. Alors que le TGV, électrique, fait le même trajet en trois fois moins de temps.

 

Une empreinte carbone qui explose

Empreinte carbone par voyageur selon le mode de transport

Empreinte carbone par voyageur selon le mode de transport - Source : ADEME

 

Il est 20h30, l’aire d’autoroute est entièrement recouverte d’une fine pellicule de neige. Les passagers s’engouffrent dans la petite boutique, où les mini-paquets de chips se payent avec des billets.

Une étudiante brésilienne, arrivée en France en septembre, grelotte malgré son manteau et une large écharpe. Pour elle, prendre le bus était une évidence.

« Le train en France, c’est cher ! Et le bus, c’est tranquille. Je l’ai pris pour visiter Paris, Marseille, Strasbourg et Barcelone. »

 

Abdel découche douze fois par mois

A côté de la porte du bus, Abdel, le chauffeur, a enlevé sa parka de travail pour mettre sa doudoune. L’air d’autoroute n’a pas été choisie au hasard, c’est là qu’il doit passer le volant à un autre chauffeur.

« On ne peut pas conduire plus de 4h30 d’affilée, mais les bus, eux, tournent tout le temps. »

 

Une aire d'autoroute près de Beaune, le 18 janvier 2016

Une aire d’autoroute près de Beaune, le 18 janvier 2016 - Robin Prudent/Rue89
 

La trentaine, une jolie montre qui brille au poignet, Abdel est chauffeur pour Megabus depuis deux mois seulement. Les nouveaux entrants comme lui ne conduisent que sur les lignes nationales, mais doivent avoir au moins deux ans d’expérience. Avant, il conduisait des bus scolaires dans la région lyonnaise.

« Ici, c’est plus intéressant pour la paye, je gagne presque deux fois plus. Par contre, je découche douze fois par mois, alors qu’avant, je rentrais tous les soirs chez moi, c’était pépère. »

« Ça cartonne »

La semaine prochaine, direction Le Mans. Il y a quelques semaines, il était à Clermont-Ferrand, où il a discuté avec « un gars qui travaille pour Macron à Bercy ». Avant que le bus ne redémarre, Abdel insiste :

« Vraiment, la démocratisation des lignes grandes distances, c’est top. Ça cartonne. Il y a toutes les couches de la société, les étudiants, les mères de famille et même les riches qui ne veulent pas payer. »

Selon sa jeune expertise, c’est la ligne Paris-Lille qui fonctionne le mieux. Les lignes secondaires, elles, ne sont pas très remplies pour le moment.

 

Du retard, et alors ?

L’autocar reprend la route. La neige s’est transformée en pluie, l’attente en ennui.

 

Un autocar Megabus à Lyon, le 18 janvier 2016

Un autocar Megabus à Lyon, le 18 janvier 2016 - Robin Prudent/Rue89
 

Il est 22h41 quand le bus arrive enfin sur le parking de la gare Part-Dieu de Lyon. Trente bonnes minutes de retard, de quoi faire désespérer des voyageurs en train. Rien de plus banal pour les passagers du bus qui se dispersent rapidement dans la nuit.

 

 

Source : http://rue89.nouvelobs.com

 

 

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